Après les Tunisiens et les Egyptiens, les Libyens faisaient leur «Révolution» le 17 février 2011 Tripoli a mis ses services de sécurité en état d'alerte afin d'empêcher tout débordement à l'occasion des festivités commémorant l'anniversaire de «la révolution du 17 février». Deux ans après la «révolution» qui a renversé le guide libyen Mouamar El Gueddafi, les autorités libyennes sont critiquées pour leur incapacité à mener des réformes, et les appels à manifester le 15 février se multiplient, certains allant jusqu'à réclamer une «deuxième révolution». Les autorités ont mis leurs services de sécurité en état d'alerte afin d'empêcher tout débordement à l'occasion des festivités commémorant l'anniversaire de «la révolution du 17 février». Les revendications vont du «bannissement des responsables de l'ancien régime» à «la chute du (nouveau) régime», en passant par la dissolution des milices armées, ou la réforme de l'enseignement supérieur. Un tract circulant à Tripoli appelle ainsi à un «soulèvement populaire» et à la «désobéissance civile», pour «faire tomber le régime», encourageant les Libyens à faire des réserves de nourriture et de carburant, en prévision d'une paralysie du pays à partir du 15 février. Partis de Benghazi (est), ces appels ont été relayés sur les réseaux sociaux et dans les médias par plusieurs groupes libyens, dont les partisans du fédéralisme dans l'est du pays et des organisations de la société civile. «Les appels à manifester sont justifiés par une accumulation de problèmes», a déclaré Mohamed al-Mufti ancien prisonnier politique invoquant l'inflation, le coût de la vie et le chômage élevé chez les jeunes. «Ce mouvement a aussi des motivations politiques avec des revendications portant sur le fédéralisme et la contestation des décisions et des choix de l'Assemblée et du gouvernement», a-t-il ajouté. Pour Zahia Attia, militante politique, «il s'agira de sit-in et de marches de protestation pacifiques pour dénoncer l'échec de l'Assemblée nationale à réaliser des avancées dans des dossiers tels que la réconciliation nationale, la répartition des ressources, (...) et la rédaction d'une Constitution». Craignant des débordements similaires à ceux qui ont touché l'Egypte voisine à l'occasion du deuxième anniversaire de «la révolution égyptienne du 25 janvier», les autorités ont tenu plusieurs réunions pour organiser les festivités prévues le 17 février, et surtout pour se préparer sur le plan sécuritaire aux manifestations du 15 février. Le ministre de l'Intérieur libyen, Ashour Shwayel, a exprimé ses «craintes de voir les mouvements de protestation du 15 février perdre leur caractère pacifique», tout en soulignant «le droit de chaque citoyen (...) à exprimer son opinion politique». Amor Bouchaala, membre de la Coordination des organisations de la société civile, a exigé que les manifestations restent pacifiques pour que son organisation y participe. «Les revendications doivent porter sur la correction du processus de la révolution et non sur la contestation ni de l'Assemblée nationale, ni du gouvernement, qui sont des institutions légitimes», élues par le peuple, a-t-il ajouté.