Militant de tendance marxiste et panarabe, l'opposant tunisien Chokri Belaïd était un farouche opposant aux islamistes au pouvoir. Coordinateur général du Parti des patriotes démocrates (PPD), légalisé en mars 2011, ce tribun hors pair, à la voix rugueuse et au franc-parler a souvent défié de front les islamistes du parti Ennahda. Grosse moustache noire et sourire en coin, il était devenu une figure fort médiatisée de l'alliance des mouvements de gauche (Front populaire) qu'il a constituée en octobre 2012 avec une dizaine de groupuscules d'extrême gauche et de nationalistes arabes. Né le 26 novembre 1964 à Djebel Jelloud, banlieue au sud de Tunis, Chokri Belaïd était un avocat défenseur des droits de l'homme et avait souvent plaidé dans les procès politiques sous le régime déchu de Zine Al Abidine Ben Ali. L'avocat a connu la prison sous les régimes de Ben Ali et Habib Bourguiba. Il a aussi fait partie d'un collectif de défense de l'ancien président irakien Saddam Hussein et était actif dans le comité de lutte contre la normalisation avec Israël. Belaïd a pris la tête des manifestations sociales en novembre à Siliana (Centre-Ouest) s'attirant les critiques du ministre de l'Intérieur Ali Larayedh qui l'a accusé de manipuler les foules pour fomenter des troubles. Le 2 février, Belaïd a accusé «des mercenaires» d'Ennahda d'avoir attaqué un rassemblement de ses partisans. Et la veille de sa mort, il a dénoncé des «tentatives de démantèlement de l'Etat et de création de milices pour terroriser les citoyens et entraîner le pays dans une spirale de violence».