En Algérie, dans la région côtière de Skikda, une marée noire s'étend à perte de vue, à quelques kilomètres de la plage. Il y a une semaine, une fissure dans une canalisation a permis au pétrole de s'échapper dans la Méditerranée. Les pêcheurs affirment que la fuite continue et que la marée noire s'aggrave. De leur côté, les autorités algériennes minimisent les conséquences de l'incident. Reportage. L'Algérie est-elle prête à lutter contre les marées noires? C'est la question que soulève ce nouvel accident lié aux hydrocarbures, dans la région côtière de Skikda, véritable menace pour la faune et la flore. Un bateau vient de rentrer au port. Sur le pont, pas de poisson mais un énorme baril rempli de pétrole. «Tous les bateaux sont rentrés. On ne peut pas pêcher. La nappe est très grande; elle s'étend à perte de vue. A 10 km de la plage, il y a du mazout sur 150 m de large. On sent une forte odeur», affirme un pêcheur. Les marins ont rapporté du pétrole avec eux pour le montrer aux autorités et demander des explications. Car depuis une semaine, le pétrole continue de fuir alors que les responsables assurent que l'incident est maîtrisé. Hocine Bellout, président du comité national des marins pêcheurs, s'insurge. A l'origine de cette atteinte à l'écosystème marin de la région de Skikda, une fuite dans les installations de la plateforme pétrochimique, plus exactement à hauteur des stations de pompages des sea-lines qui ne sont pas en service depuis un an. Selon des informations concordantes, les dernières intempéries ont secoué les installations, une fissure a fini par apparaître et le pétrole se serait écoulé dans la mer, provoquant une marée noire. Les travailleurs de la mer sont unanimes à dire que leur activité est compromise par les déversements de fuel: «La nappe est très grande, elle fait environ 150 mètres de large», indique le patron d'un sardinier. Emmitouflé dans un anorak bleu marine, bonnet vissé sur la tête, un marin est exaspéré: «On ne peut rien pêcher. Avec ce pétrole, nos sondeurs ne peuvent pas repérer les bancs de poissons. Et même si on lançait les filets, tout ce que je pourrais remonter sera imbibé de brut». Les pêcheurs réfutent donc la version officielle qui décrit un tableau plutôt serein et écarte tout danger écologique. Les quantités de fuel qui se sont déversées du flexible qui relie le sea-line à un bras de chargement du port pétrolier ne dépassent pas «les 100 litres», a en effet affirmé M.Belguidoum, directeur de l'environnement de la wilaya de Skikda. «Nous avons constaté sur place que la quantité de fuel qui s'échappait du flexible était très minime et ne représente en fait que des restes d'hydrocarbures qui se trouvaient contenus dans le flexible du sea-line, à l'arrêt depuis deux années déjà».