Dans sa première sortie en tant que chef du Département d'Etat, M. Kerry a assuré: «Nous regardons quelles mesures, notamment diplomatiques, pourraient être prises pour s'efforcer de réduire cette violence.» Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a promis vendredi soir une nouvelle initiative «diplomatique» pour tenter de stopper la guerre en Syrie, mais les Etats-Unis excluent toujours d'armer les rebelles, l'idée ayant divisé en 2012 jusqu'au plus haut niveau à Washington. Dans le même temps, le régime syrien s'est pour la première fois dit officiellement disposé à dialoguer avec ses adversaires mais sans «conditions préalables», répondant à l'offre de négociations du chef de l'opposition. Pour sa première conférence de presse en tant que patron de la diplomatie américaine, M.Kerry a assuré que «tout le monde au gouvernement et ailleurs dans le monde (était) profondément ébranlé par la violence qui se poursuit en Syrie». «Nous regardons quelles mesures, notamment diplomatiques, pourraient être prises pour s'efforcer de réduire cette violence», a déclaré M.Kerry aux côtés de son homologue canadien John Baird. Mais après 22 mois de conflit, plus de 60.000 morts et face à une communauté internationale paralysée, de hauts dirigeants américains viennent d'étaler au grand jour des désaccords nés l'été dernier entre la Maison Blanche et le département d'Etat sur l'éventualité d'armer la rébellion. Le patron du Pentagone Leon Panetta et le n°1 des forces armées, le général Martin Dempsey, ont reconnu jeudi avoir soutenu la secrétaire d'Etat de l'époque, Hillary Clinton, et celui qui était chef de la CIA, David Petraeus, qui avaient proposé en juillet de fournir des armes et d'entraîner les opposants syriens. Le projet de Mme Clinton, révélé le 2 février par le New York Times, avait été rejeté par le président Barack Obama. Il avait refusé pour protéger les civils syriens et Israël et assurer la sécurité des Etats-Unis, a expliqué le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney. M.Obama, un sceptique de l'interventionnisme militaire, redoutait une aggravation du conflit en Syrie et un embrasement de la région. M.Kerry ne s'est pas laissé entraîner dans la polémique. «Je ne sais pas quelles étaient les discussions à la Maison-Blanche et qui disait quoi et je ne vais pas revenir en arrière. C'est un nouveau gouvernement, un second mandat pour le président, je suis le nouveau secrétaire d'Etat et nous allons avancer à partir de là», a-t-il coupé court. Washington s'en tient depuis près de deux ans à une aide humanitaire à la Syrie et aux réfugiés dans les pays voisins, ainsi qu'à une assistance dite «non létale» pour les rebelles (équipements de communication, formation...). La porte-parole du département d'Etat, Victoria Nuland, n'a pas non plus commenté les «débats internes» au sein du gouvernement, répétant que «le choix de fournir une assistance non létale n'avait pas changé». Elle a quand même reconnu que la position américaine à l'égard de la Syrie était «constamment évaluée et actualisée». Washington admet aussi depuis longtemps qu'il coordonne l'aide militaire de pays du Golfe afin que leurs armes «ne tombent pas entre de mauvaises mains», c'est-à-dire dans celles de jihadistes. Suivant la ligne américaine, le président français François Hollande a écarté une levée par l'Union européenne de l'embargo sur les armes à destination des opposants syriens tant qu'un dialogue politique était encore possible.