La Libye, explique-t-on côté français, est à une «étape décisive de sa transition» afin de construire un Etat inexistant sous Mouamar El Gueddafi. Une réunion ministérielle pour renforcer la sécurité en Libye dans un contexte régional très troublé se tient demain à Paris, à la demande des autorités libyennes, en présence d'une quinzaine de pays et d'organisations internationales. Présidée par le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et son homologue libyen (Coopération internationale) Mohamed Abdelaziz, la réunion sera suivie mercredi par une visite du Premier ministre libyen Ali Zeidan qui s'entretiendra avec le président François Hollande de sécurité régionale, ainsi qu'avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Parallèlement, des ministres libyens (Economie, Pétrole, Télécommunications, Santé) rencontreront dès ce soir quelque 80 chefs d'entreprises français de tous secteurs, ainsi que la ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq pour faire le point sur la coopération économique franco-libyenne. La Libye, explique-t-on côté français, est à une «étape décisive de sa transition» afin de construire un Etat, inexistant sous Mouamar El Gueddafi. «La mauvaise nouvelle, c'est qu'il y a de véritables risques pour la sécurité en Libye, la bonne nouvelle c'est que les Libyens ne sont pas dans le déni. Ils souhaitent qu'on leur propose des solutions, tout en restant maîtres de leurs affaires», dit une source diplomatique. Lors de la visite de Laurent Fabius en Libye en novembre, les autorités lui avaient demandé de «co-organiser» une telle conférence avec les pays partenaires les plus impliqués, ceux qui avaient participé à la coalition internationale intervenue militairement en 2011 pour chasser Mouamar El Gueddafi. Depuis la chute de ce dernier, mort en octobre 2011, l'insécurité est persistante dans le pays, particulièrement dans la région de Benghazi, dans l'Est, affectée par une série d'attentats et d'assassinats qui ont conduit les pays occidentaux à évacuer leurs ressortissants de cette ville, fin janvier. Ces violences sont souvent imputées à des islamistes radicaux, pourchassés sous El Gueddafi et qui règlent leurs comptes. La sécurité demeure l'apanage de milices dans un nombre de secteurs importants, qu'il faut intégrer dans l'armée ou la police. La question de la dissémination des armes n'est également pas réglée. A cela s'ajoute un contexte régional marqué par des troubles en Tunisie et le conflit au Mali. «Nos inquiétudes à Benghazi sont justifiées, de même qu'à Tripoli. On a donné à nos ressortissants des consignes de grande prudence», souligne un diplomate français qui observe encore que la bande armée qui a pris des otages, en début janvier, sur le site gazier algérien d'In Amenas, «est remontée par la frontière de Libye». «Il est extrêmement difficile de contrôler l'ensemble des frontières mais il y a quand même des technologies qui permettent de se prémunir», ajoute-t-il. A Paris, il sera donc question de fourniture d'équipements de surveillance, de formation de policiers, de magistrats. En matière de formation, des projets avec la France sont en cours de montage et doivent être finalisés. Un appel doit aussi être lancé pour l'accélération du déploiement d'une mission européenne pour la surveillance des frontières terrestres et maritimes, si possible début juin. Elle comptera entre 50 et 70 formateurs chargés notamment de la formation de garde-côtes libyens. «Il s'agit d'écouter les demande des Libyens, de leur faire des propositions et de nous coordonner entre partenaires», indique-t-on au Quai d'Orsay. Seront présents demain les ministres des Affaires étrangères britannique, italien, danois, turc et maltais. L'Allemagne, l'Espagne, les Etats-Unis, le Qatar et les Emirats arabes unis ont aussi confirmé leur participation ainsi que la Ligue arabe, l'Union du Maghreb arabe, le Conseil de coopération du Golfe, l'ONU, l'Union européenne et l'Union africaine.