Un «sport» pratiqué au vu et au su de tout le monde En soudoyant leurs victimes, un agent de gardiennage ou un planton peuvent facilement régler des affaires difficiles à faire traiter par des chefs de service diplomés de l'ENA. La corruption, qui est vraisemblablement devenue un sport national, pratiquée au vu et au su de tout le monde, s'est généralisée durant ces dix dernières années dans la wilaya d'Oran. En moins de dix ans, la capitale de l'Ouest a enregistré plusieurs dizaines d'affaires toutes liées à la corruption. La plus célèbre, qui a défrayé la chronique, aussi bien locale, que nationale, a été montée de toutes pièces par la Banque commerciale et industrielle d'Algérie, Bcia. Cette dernière, par le biais de commerçants fantoches, a pu, sur la base d'un simple papier vendu dans les kiosques, soustraire la coquette somme de 13,20 milliards de dinars (1320 milliards de centimes) de la Banque extérieure d'Algérie, BEA. Dans cette affaire, 43 personnes, accusées de dilapidation des deniers publics, corruption, abus de confiance, abus de pouvoir, ont été jugées et condamnées par le tribunal criminel près la cour d'Oran, à des peines allant de 03 à 20 ans de réclusion criminelle. Le procès de la Bcia a duré près d'un mois. Une autre affaire a été recensée l'été dernier. Cette dernière a provoqué un scandale à grande échelle qui a ébranlé le port d'Oran. De nombreux douaniers, des transitaires et des déclarants en douane impliqués dans des affaires de corruption et de faux ont été appréhendés à l'issue d'une enquête approfondie menée pendant plusieurs mois, diligentée par les éléments de la Section de recherches de la Gendarmerie nationale du groupement d'Oran. L'enquête a été déclenchée suite à un renseignement précis qui faisait état de l'implication des douaniers dans des affaires louches et de dessous de table. Les investigations planifiées rigoureusement, ont donné lieu à l'arrestation d'une trentaine de personnes impliquées. Au total, 29 personnes, composées de quatre officiers de contrôle des Douanes des sexe féminin, en activité au port d'Oran, 24 transitaires et déclarants en douane et un importateur connu dans la région, ont été présentées devant le procureur de la République près le pôle judiciaire spécialisé d'Oran pour association de malfaiteurs, exonération et franchise illégale, réception de présent, abus d'autorité, faux et usage de faux, atteinte aux systèmes du traitement automatisé des données, coalition de fonctionnaires, complicité et dilapidation de deniers publics. Trois d'entre elles, dont deux officiers des Douanes ont été écrouées, quatorze, dont une douanière, ont été placées sous contrôle judiciaire alors que les douze restantes ont été remises en liberté provisoire. A l'origine de l'enquête, une plainte déposée contre des officiers des Douanes et certains transitaires, par le receveur principal des Douanes du port d'Oran. Ce dernier, a, lors de la comptabilité annuelle de 2011, constaté un trou de caisse évalué à 118.878.293,00DA. Les investigations qui ont été opérées ont abouti à la saisie de sept titres falsifiés de versement de taxes douanières et à la découverte de l'enregistrement reproduit de titres d'acquittement des droits douaniers sur la base de données informatisées. Le tout a été accompli avec de faux renseignements enregistrés. Au cours de l'enquête, il a été relevé le non-versement, par les transitaires et un importateur, à la Recette des Douanes de la somme de 74.615.433,00 DA. Ce n'est pas tout, les investigations ont révélé le détournement, par les personnes impliquées, d'une autre somme estimée à plus de 12 millions de dinars algériens. L'administration locale n'est pas en reste. En monnayant leurs services contre quelques centaines de dinars, un agent de gardiennage ou encore un simple planton peuvent, en un laps de temps, régler des affaires difficiles à traiter par des chefs de service diplômé de l'Ecole nationale d'administration.