«Ce sont ceux qui ont glorifié hier le ministre de l'Intérieur qui demandent aujourd'hui son départ.» Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Nourdine Yazid Zerhouni, aurait opposé une fin de non-recevoir à la quête des onze initiateurs qui exigent le départ de l'actuel gouvernement, condition sine qua non pour garantir la transparence de la prochaine échéance électorale. Le gouvernement d'Ahmed Ouyahia est qualifié par les uns d'«état-major de la fraude» et par les autres de «comité de soutien au président-candidat». Pour Nourdine Yazid Zerhouni dont le départ est exigé par les onze et qualifié par le mouvement El-Islah de «directeur de campagne de Bouteflika», il n'est pas question de changement de gouvernement du fait que «ce sont ceux qui, hier, glorifiaient le ministère de l'Intérieur qui demandent aujourd'hui, son départ». Une initiative que le mouvement El-Islah, même s'il n'a pas pris part aux concertations, partage largement dans le sens où il exige non pas le départ du gouvernement en totalité, mais celui du ministre de «l'Intérieur, Nour-dine Yazid Zerhouni, et de la Justice, Tayeb Belaïz dont l'institution joue un rôle prépondérant dans le décompte final». En outre et même s'il n'a pas participé à la réunion des «onze» le mouvement El-Islah ne reste pas les bras croisés. Le mouvement attend que les choses s'éclaircissent pour pouvoir prendre les décisions adéquates. Concernant l'initiative des «onze», le député Ahmed Benabdeslam déclare: «Certes toute initiative pouvant garantir un essor démocratique au pays est la bienvenue, mais on ne peut, à l'heure actuelle, se prononcer tant que le Conseil constitutionnel n'a pas validé la moindre candidature.» Un avis partagé par le Parti des travailleurs qui exige dans un premier temps le règlement de plusieurs problèmes socio-économiques avant de penser à organiser une élection. «Tant que le problème des sinistrés du séisme du 21 mai 2003 n'est pas réglé, ce sont plusieurs milliers d'électeurs qui s'évaporent», a souligné le porte-parole du parti. Au sujet du départ de l'actuel gouvernement tel qu'exigé par la plate-forme des «onze», le parti de Louisa Hanoune estime que «ce gouvernement doit être remplacé par une commission regroupant les représentants des candidats pour contrôler le scrutin». D'ailleurs, le même son de cloche est répercuté du côté du FFS. En effet, selon Karim Tabbou, chargé de communication au parti, «nous encourageons toute initiative devant élever le débat politique, mais cette initiative reste insuffisante par rapport à la situation qui règne dans le pays». Selon le porte-parole du plus vieux parti de l'opposition, «ce n'est pas à travers une élection que la crise sera résolue». D'ailleurs, il remet en question l'initiative des «onze» qui conditionnent leur participation par la neutralité de l'administration: «Ce groupe comporte des personnalités de différentes générations et au moins 4 anciens Chefs de gouvernement qui sont les mieux placés pour savoir qu'aussi bien en amont qu'en aval l'administration a toujours été dominée par l'Exécutif» avant d'ajouter: «C'est par leur incapacité à insuffler une dynamique démocratique qu'ils exigent la révocation de l'actuel gouvernement.» Tandis que pour le Rassemblement national démocratique, sa position reste inchangée du fait que ce parti avait décidé de soutenir la candidature de Abdelaziz Bouteflika. En outre, il ne peut demander le départ de l'actuel gouvernement présidé par son secrétaire général, Ahmed Ouyahia. Et dans un tel cas de figure il est fort possible que le scénario de 1999 se reproduise avec le retrait à la dernière minute des candidats, ce qui laisserait le champ libre au président de la République de remporter un second mandat sans la moindre difficulté.