Un artiste qui n'a pas la langue dans sa poche «La France, un pays de vendeurs d'armes et en même temps des droits de l'homme» dira avec ironie notre humoriste, jeudi, dans son spectacle «Foxtrot». Est-ce que ce monde est sérieux? Pas si sûr... Dans ce cas, vaut mieux en rigoler! En rire, notre dieu de l'humour vache, Dieudonné en a fait son sacerdoce, le décryptant avec sarcasme et avec un trait profondément cynique, sa marque de fabrique. C'était jeudi soir, au chapiteau du Hilton où il s'est produit sur initiative de «Broshing Event», à guichets fermés et ce, pour la deuxième fois, après avoir subjugué le public il y a deux ans avec son spectacle «Mahmoud». Tout consiste à mettre le doigt sur ce qui fait mal, et ce qui n'est pas normal, le tout avec une dose d'humour tout autant tyrannique que sont les injustices dans le monde. Une formule qui marche et trouve écho chez de nombreux fans à l'étranger et surtout en Algérie et au Maghreb où Dieudonné compte des admirateurs par milliers. Jeudi, l'artiste choisit la tribune algérienne pour dire tout haut ce qu'il pense de ses détracteurs et régler notamment ses comptes avec l'Occident qui «nous ment», mais aussi avec Patrick Timsit qui ne cautionne pas ses délires scéniques ni ses sketchs sur la Shoah et cette chanson polémique qui a fait scandale en France, «shohah-ananas». Cela pourrait être de mauvais goût n'était que Dieudonné ne s'en servait pas juste pour choquer mais pour répondre à une élite juive - représentée par certains intellectuels effarouchés - qui s'est autoproclamée comme porte-parole de la souffrance universelle, ignorant ou minimisant celles des autres comme s'il faille établir une échelle et des degrés de souffrance. Aberrant! C'est à cette absurdité que tend à répondre Dieudonné dans son nouveau spectacle «Foxtrot» qui, en anglais veut dire «Pas de renard». C'est en fait une danse des années vingt, qui illustre à merveille, l'époque du «rêve américain». Une époque où chacun avait la chance de devenir riche et prospère! Enfin, chacun. Les Blancs surtout car pour les autres, notamment les Indiens et les Africains c'était plutôt le cauchemar car ce rêve américain était plus basé sur «la possession de l'autre», comme fera remarquer à juste titre notre humoriste camerounais. Pour Dieudonné, la danse est un formidable objet d'analyse sociale, qui lui permet de décrypter avec amusement, la désinvolture morale du monde dans lequel nous vivons. D'ailleurs, dans ce spectacle, l'artiste fera un va-et-vient systémique de ses sketchs à la danse pour affirmer de façon dialectique ce rapport métaphorique qui existe entre la danse et le comportement tyrannique des serial killers dans le monde, comme ce mouvement circulaire entre le bien et le mal. Les USA étant le pays des serial killers par excellence, «Dieuedo» révélera avec dérision qu'il est obligé de réadapter son spectacle toutes les semaines. Il évoquera pour commencer l'arrestation «dégueulasse» d'El Gueddafi et le meurtre surréaliste de ses deux enfants de bas âge, le tueur sadique de Montréal (Luka Rocco Magnotta, soupçonné d'avoir tué et démembré un homme à Montréal, avant d'envoyer des parties de son corps par courrier et de poster sur Internet une vidéo de l'assassinat.), mais aussi, l'auteur de la tuerie d'Oslo (77 morts) qui a défrayé la chronique l'été dernier mais également l'affaire Merad qui reste encore un mystère.. «On nous ment au nom des droits de l'homme, en France, tout ce qui nous reste c'est de rigoler. Pourquoi ils partent au Mali car c'est à leur niveau.. l'homicide légal c'est bien l'armée, regardez l'Otan et l'exemple de la Libye, encore au nom des droits de l'homme...», soulignera Dieudonné qui, en plus de ses paroles censées tentera une certaine incursion réussie dans l'imitation des accents (japonais, africain et canadien) avec des mimiques de visage à vous tordre de rire.. Et de revenir à la danse avec cette ironie implacable qui lui est propre: «Elle contribue à créer des sociétés plutôt pacifistes. On danse trop en Afrique, sur le plan militaire, on n'a pas le niveau, regardez le Mali...» Le monde politique aura pour son grade avec notre irrévérencieux Dieudonné. Le public du chapiteau du Hilton s'esclaffera à gorge déployée à chaque fois que le nom de Henri-Bernard Levy est mentionné et le juif épinglé. «On dit que je raconte n'importe quoi, pas plus que les autres! Les humoristes sont partout à la télé. En France, c'est le règne de la religion laïque, même le pape a dit je me barre! Ce n'est plus par Allah Ouakbar mais le mariage gay Akbar!» Et de dénoncer avec l'air de rien: «Les caricatures anti-Islam qu'on laisse au nom de la liberté d'expression et moi, on m'attaque pour une chanson...» Dans un cynisme indécrottable, Dieudo lâche: «non, pas de racisme, pas d'homophobie encore moins de compétition victimaire!». Un des moments les plus succulents de la soirée, c'est quand il mettra en scène justement les autres communautés (indienne, noire, aborigène d'Australie et juive d'Israël) dans un concours télé pour le meilleur champion de la pleurnicherie de la souffrance. Dieudonné au summum de son art et de sa forme rendra la monnaie de la pièce à tous ses détracteurs avec subtilité et intelligence, prouvant si besoin est, tout son talent d'humoriste engagé et impénitent, irrévérencieux qu'il est. Chapeau l'artiste!