Rachid Adjaoud «Les générations à venir doivent connaitre l'histoire de leur pays, afin d'éviter de répéter les erreurs du passé.» Cinquante ans après l'Indépendance nationale, le 5 Juillet 1962, Rachid Adjaoud, ancien moudjahid et un des secrétaires du chef de la wilaya III historique, le colonel Amirouche, a eu le mérite de relater ses mémoires tant bien que mal. «Je n'ai jamais pensé écrire un jour un livre sur l'histoire de la guerre de Libération nationale. Je croyais que l'écriture de l'histoire, incombe aux ministères des Moudjahidine et de la Culture», dit-il, lors d'une vente-dédicace de son premier livre à Alger qu'il a intitulé Le dernier témoin. Rachid Adjaoud va droit au but. «Nous oublions souvent le sacrifice des martyrs pour l'indépendance du pays», en déplorant d'autre part, involontairement, que «nous avons fait l'impasse sur la mémoire de nombreux moudjahidine de la vallée de la Soummam, notamment ceux de Seddouk et de toute la région dans la wilaya de Béjaïa», déplore-t-il. Il y a un nombre indéterminé de martyrs de la région de Seddouk, Béni Maouche, Amalou, Bouhamza et autres qui ont partagé des moments très douloureux pour la cause nationale, rappelle-t-il. «C'est impossible de les oublier» dit-il en rappelant quelques noms de moudjahidine qui sont très connus et autres de grande valeur, tels que Mohand Akli Naït Kaâbache de Seddouk, Arezki l'Aurès, Si H'mimi Fadel, (Béni Maouche), H'ssen Oumalou, Abderrahmane Oumira, Aïssa Boundaoui, Amar Aït Cheikh à l'ex-Michelet (Tizi Ouzou) et tant d'autres noms de martyrs inoubliables de la wilaya III qui ont connu des souffrances et vu le sang couler pour la même cause... «Les générations à venir doivent connaître l'histoire de leur pays, de leurs parents et grands-parents qui ont sacrifié leur vie et biens pour eux», conseille-t-il, afin de lutter contre l'oubli et la fuite en avant. Une condition sine qua non pour éviter de répéter les mêmes erreurs qui ont été commises à tort ou à travers dans le passé. Illustrant les textes de son premier ouvrage par des photos en noir et blanc, Rachid Adjaoud semble joindre l'utile à l'agréable en démontrant à quel point les photos peuvent servir comme archives pour de très longues périodes au profit des générations post-indépendance. Enfant, Da Rachid fréquentait déjà d'autres futurs moudjahidine engagés pour la liberté et la dignité des Algériens qui avaient adopté à l'époque la voie des justes conduits par des acteurs politiques de dimension universelle et autres aile militaire conduite par l'Armée de libération nationale (ALN). Relatant les grands événements du 8 Mai 1945 de Kherrata, Sétif, Guelma, l'affaire de Melouza, l'Oiseau Bleu, l'opération Jumelles et plus, Rachid Adjaoud fait appel à sa mémoire et à celles de nombreux témoins qui ont vécu au cours de la Révolution armée. Intransigeant sur le plan de l'écriture de l'histoire, l'un des anciens secrétaires du défunt colonel Amirouche lance: «On ne peut pas faire un bon travail, lorsqu'on agit et réagit dans la précipitation» avant d'ajouter que «la guerre de Libération nationale, n'est pas tombée du ciel. Il y a eu beaucoup de travail à préparer bien avant le déclenchement de la Révolution algérienne en 1954.» Pour rappel, un nombre inconnu de jeunes martyrs qui sont tombés au champ d'honneur, à l'image de Lahlah Youcef du village Tawrirth Aguemoune, qui avait quitté le domicile familial en 1959, à l'age de 16 ans et combien étaient-ils à faire de même que le défunt inoubliable Youcef? La mémoire des moudjahidine n'est pas défaillante malgré leur âge avancé, d'où le devoir et la nécessité de se rapprocher d'eux pour recueillir le maximum de témoignages sur l'histoire de la guerre de libération. Par ailleurs, un deuxième livre intitulé La guerre de libération 1954-1962. Récit et témoignages sera bientôt édité par le même auteur. Le prochain livre relate les différentes étapes douloureuses qu'il a vécues depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu'au déclenchement de la guerre de libération 1954. «J'ai rapporté ce que j'ai vu, entendu et vécu durant toute la période en tant que témoin oculaire», a-t-il ajouté. Auteur: Rachid Adjaoud. Titre du livre: Le Dernier témoin. 278 pages. Prix 850 DA Casbah éditions.