Tous les intervenants ont soutenu la version rapportée par Saïd Sadi dans son livre Amirouche : une vie, deux morts et un testament, à savoir que le chef de la Wilaya III a été donné aux Français par le Malg. Il y avait foule, jeudi, à Tassaft, 35 km au sud-est de Tizi Ouzou, à l'occasion de la commémoration du 52e anniversaire de la mort des colonels Amirouche et Si El-Houes. L'activité organisée par le comité de village et l'association culturelle Amar-Ould-Hamouda, en collaboration avec l'Association des fils de chahid de la Wilaya III, a été l'occasion, pour des compagnons du chef de l'ex-Wilaya III, d'évoquer le parcours et le combat d'Amirouche, devant un parterre d'invités de marque. Outre des anciens maquisards, il y avait dans la salle le Dr Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), ainsi que des parlementaires et des élus locaux du même parti. Des jeunes et des femmes sont venus, nombreux, assister aux témoignages des anciens. Professeur à l'université de Santiago, aux USA, Hamou Amirouche, ancien secrétaire particulier du colonel de la Wilaya III, a fait un témoignage poignant qui a retenu l'attention de l'assistance. “Amirouche était un géant”, tranche d'emblée l'orateur venu spécialement du pays de l'Oncle Sam pour la circonstance. Ayant passé une année au PC de la Wilaya III en tant que secrétaire particulier du colonel Amirouche, l'ancien moussebel de Béjaïa, envoyé à Tunis pour poursuivre ses études, a reconnu que le chef de la Wilaya III était le seul à avoir pensé à l'après-indépendance en créant l'école de Tunis pour les étudiants algériens. Fin 1958, l'opération jumelle a failli décimer les maquis de la Révolution alors que les convois d'armement se sont interrompus en direction de la Wilaya III. C'est de là que “le colonel Amirouche a pris l'initiative de réunir les chefs de wilaya de l'intérieur pour interpeller l'état-major de l'Armée des frontières qui ne foutait absolument rien”, affirme l'intervenant, qui a déclaré qu'Amirouche était délégué par ses pairs pour aller à Tunis pour “une explication franche” avec la délégation du GPRA. Mais sa mission ne sera pas accomplie, Amirouche et Si El-Houes, le successeur du colonel Ali Mellah à la tête de la Wilaya VI, trouveront la mort dans une sanglante embuscade à Boussaâda un certain 29 mars 1959. Hamou Amirouche plaide à distinguer entre l'homme et le symbole que représente la figure emblématique du chef de la Wilaya III qui reconnut les erreurs de l'Armée de Libération nationale (ALN). “Tout en faisant face à la pénurie de munitions et à la permanence des ratissages, Amirouche trouvait toujours le temps d'écrire à sa mère. C'est grâce à lui que je suis devenu ce que je suis aujourd'hui”, dit-il, comme pour mettre en avant les qualités de l'homme visionnaire qu'était Amirouche. Rachid Adjaoud, un autre secrétaire d'Amirouche depuis le Congrès de la Soummam, qui a abordé l'affaire dite de la Bleuite, s'est interrogé pourquoi on n'évoque pas souvent l'opération Oiseau bleu qui a été une grande réussite pour la Révolution algérienne en lui permettant de récupérer quelque 1 500 armes, ainsi qu'une somme importante d'argent. Ouali Aït Ahmed, de l'ONM de Tizi Ouzou, a dénoncé, lui, la falsification “atroce” de l'histoire qui a fait qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de faux moudjahidine. Tous les intervenants ont soutenu la version rapportée par Saïd Sadi dans son livre Amirouche : une vie, deux morts et un testament, à savoir que le chef de la Wilaya III a été donné aux Français par le Malg. Modérant les débats, Nordine Aït Hamouda, fils du colonel Amirouche et député du RCD, a soutenu que l'antikabylisme a toujours été le ciment du pouvoir algérien depuis l'assassinat de Abane Ramdane. “L'antikabylisme est nourri à ce jour ; sinon, pourquoi des Algériens refusent à d'autres Algériens de marcher à Alger en leur suggérant de rentrer dans leurs douars”, fulmine-t-il dans une allusion aux baltaguia mobilisés par le pouvoir contre l'opposition démocratique qui milite pour le changement. Il convient de souligner que le comité de village a dénoncé l'APC qui aurait refusé de mettre à la disposition des organisateurs des drapeaux pour embellir le Carré des martyrs, sous prétexte que la date officielle de la commémoration est prévue le 29 mars. “Or, nous avons décalé la commémoration pour pouvoir nous déplacer à Djebel Tamurt mardi prochain. Et puis, chaque année, on nous crée des problèmes. Pourquoi ? Nous, on ne veut pourtant pas politiser l'événement”, nous dira M. Messaoudi du comité de village de Tassaft. Pour sa part, l'APC d'Iboudrarène prévoit une commémoration au sanctuaire des Martyrs pour le 29 mars avec la participation de l'ONM et l'Onec.