Le président aurait indiqué, sans grande conviction, n'avoir rien à voir avec le mouvement de redressement. Comme annoncé par nous en exclusivité dans notre édition de jeudi, Louisa Hanoune a été reçue mercredi, à sa demande, par le président Bouteflika sur demande instante de son parti. Fidèle à ses habitudes de transparence, la porte-parole du PT a rendu public hier un long communiqué dans lequel elle est revenue en détail sur l'entretien qu'elle a eu avec le chef de l'Etat. Porteuse d'un mandat de la part de son parti, Louisa Hanoune a ainsi commencé par alerter le président sur «le climat politique et social» devant impérativement être assaini afin de faire en sorte que «le prochain scrutin ne soit pas un facteur déclencheur de l'irrémédiable, c'est-à-dire de dislocation du pays».Egale à elle-même, loin de chercher à mâcher ses mots, elle ajoute avoir placé le président devant ses responsabilités historiques en sa qualité de premier magistrat du pays auquel est échu le pouvoir de «réunir les conditions du libre débat (afin) d'épargner à notre pays d'autres malheurs pour qu'il ne sombre pas dans la tourmente, comme cela a été le cas pour plusieurs pays, dont la Géorgie, Madagascar et la Côte d'Ivoire». Ces scénarios, est-il besoin de le préciser, ont déjà été évoqués par de nombreux leaders de l'opposition politique. Louisa Hanoune, pour y remédier, tant qu'il en est encore temps, propose d'introduire «le respect et la consécration de la liberté de candidature et d'opinion, de l'égalité des chances, du libre arbitre comme conditions à même de permettre la confrontation des idées, et donc de stopper l'engrenage qui s'est enclenché». Entendre par là, la démarche initiée par le fameux groupe des Onze et le manifeste qui en a résulté. Louisa Hanoune est donc repartie avec les fermes assurances du président sur le fait qu'il «veillera personnellement à ce que le prochain rendez-vous électoral se déroule dans des conditions garantissant la transparence (...) quelle que soit l'issue du scrutin et donc l'identité du prochain président». Bouteflika, contre toutes les apparences, donne l'air d'accepter le jeu démocratique, l'alternance au pouvoir et l'éventualité de devoir céder sa place à quelqu'un via les urnes, quitte, ce faisant, à quitter l'histoire par la petite porte. Mieux, il a promis à Louisa Hanoune des «mesures politiques adéquates». Impossible de savoir lesquelles puisque le communiqué n'en parle pas. Non plus les quelques indiscrétions que nous avons pu récolter par ailleurs. Il ne saurait, toutefois, être question du départ du gouvernement. Le PT lui-même assimile cette demande à «un coup de force politique». Nous apprenons, en revanche, que le président, interpellé sur la question de la crise qui secoue le FLN, aurait indiqué ne pas avoir partie liée avec cela. Difficile de le croire toutefois lorsque l'on sait que beaucoup de ministres, et non des moindres, sont membres du mouvement de redressement et en assument même la direction, alors que Zerhouni s'était constitué partie civile dans la plainte déposée contre Benflis et la direction issue du 8e congrès de ce parti. Dans le cadre des mesures politiques devant être prises, il n'est pas non plus question de la levée de l'état d'urgence, que le président aurait été « heureux » de faire, n'était la situation sécuritaire toujours précaire. Quant à l'épineux dossier des disparus, le président a indiqué suivre personnellement les travaux de la commission ad hoc mise en place à cet effet afin d'en finir avec cette histoire dans les délais annoncés. Le PT, qui ne semble pas avoir reçu de promesses dans les cadres économique et social, alors que des sujets précis ont été soulevés, dont les cas des entreprises viables soumises à la privatisation et le calvaire de l'Onabros, a préféré juger sur pièces en attendant de voir se concrétiser sur le terrain les promesses faites par Bouteflika. Pas de réponse, non plus, concernant le rappel, par Louisa Hanoune, des promesses formulées à propos de la Kabylie afin que «la justice soit rendue et que réparation soit faite». Idem pour la confusion entre les pouvoirs, tels que «l'indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs et le contrôle des élections». Dans sa déclaration, Louisa Hanoune est également revenue sur trois points qui déchaînent les passions présentement. Elle relève ainsi que même si la collecte des signatures a commencé, ce n'est que pour parer à toute éventualité puisque la décision de participer ou non à la présidentielle sera prise par les instances dirigeantes du parti en temps opportun. Le PT, qui revient sur l'initiative des Onze, précise ne pas y avoir été conviée, avant de soutenir le droit de tous à s'organiser et à contracter les alliances qu'il veut. La déclaration de Louisa Hanoune, de par sa formulation, suggère un rejet de facto lorsqu'elle dit se «garder de tout commentaire sur la composante de ce regroupement». Cela, avant de souhaiter que le débat aille dans le sens de la restauration de la paix et «l'apaisement du climat politique et social, pour que la confrontation porte exclusivement sur les programmes politiques, loin de tout facteur d'instabilité supplémentaire et de toute exclusion». Enfin, Louisa Hanoune est revenue sur la sortie de Abassi Madani, elle indique qu'il appartient aux instances dirigeantes du PT de statuer sur son contenu, non sans rappeler que ce parti «milite inlassablement depuis le début de la crise pour l'arrêt de l'effusion de sang (...) en passant par la convocation d'un congrès national algérien regroupant les partis, les institutions, corps constitués et personnalités politiques pour, ensemble, lancer un appel à l'arrêt de la violence et dégager les solutions politiques et sociales urgentes...».