Alors que la convocation du corps électoral, par le président de la République n'est plus qu'une question de jours, voire d'heures, la scène politique est entrée dans une phase de décantation qui permet, à tout le moins, une relative lisibilité du rapport de force. Grâce notamment à la dernière sortie du général Lamari qui rappelle, face à la demande du groupe des “dix” et d'autres acteurs qui craignent le spectre de la fraude, que “la grande muette” veillera au grain. Pendant ce temps, le président Bouteflika, qui a promis à Louisa Hanoune “des mesures politiques” pour garantir la régularité de l'élection présidentielle, continue à sillonner le pays, en quête d'autres allégeances, prélude à sa candidature. Le président de la République a confié au porte-parole du PT qu'il “veillera personnellement à ce que ce prochain rendez-vous électoral se déroule dans les conditions garantissant la transparence et ce, quelle que soit l'issue du scrutin et donc l'identité du futur Président”. Devant la multiplication des appels pour la prise de mesures à même de garantir une élection présidentielle propre et crédible, le président Bouteflika serait prêt à accéder aux revendications de l'opposition. C'est du moins ce que révèle la secrétaire générale et porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, qui affirme avoir été reçue, à sa demande, par le président de la République, mercredi dernier, en marge des assises sur la PME/PMI. Mme Hanoune indique que Bouteflika lui a confié qu'il “veillera personnellement à ce que ce prochain rendez-vous électoral se déroule dans les conditions garantissant la transparence et ce, quelle que soit l'issue du scrutin et donc l'identité du futur Président”. Dans un communiqué rendu public hier, et se rapportant aux questions qu'elle a abordées, lors de cette audience avec le Président, la porte-parole du PT rapporte, également, que son interlocuteur lui a déclaré à propos des conditions du déroulement de ce scrutin, qu'“il compte prendre les mesures politiques nécessaires”. Le communiqué du PT n'a pas donné d'autres détails sur ces “assurances” du Président, ni sur le contenu des “mesures politiques” qu'il envisage de rendre publiques, afin de garantir une crédibilité pour la prochaine élection présidentielle. Toutefois, ces promesses rapportées par la représentante du PT, peuvent être interprétées comme une réponse positive aux doléances d'une bonne partie de la classe politique qui réclame du pouvoir des décisions d'ordre politique allant dans le sens d'un déroulement dans les meilleures conditions du vote. Elles s'adressent, en premier lieu, au groupe des “dix”, qui, dans un manifeste contre la fraude, a exigé la satisfaction d'un certain nombre de revendications politiques dans le but de garantir un scrutin transparent. Parmi ces “préalables”, figurent, notamment, le départ du gouvernement Ouyahia et la mise en place d'un cabinet de technocrates chargé d'organiser le prochain rendez-vous électoral. Mais Bouteflika, ira-t-il jusqu'à se séparer d'Ahmed Ouyahia, l'un de ses puissants alliés dans la phase actuelle, pour rassurer ses adversaires dans la prochaine course au palais d'El-Mouradia ? Se contentera-t-il d'un remaniement de l'Exécutif qui touchera les ministères impliqués dans l'organisation de l'élection ? Les regards restent en tout cas braqués sur Bouteflika sur qui repose la responsabilité d'offrir les meilleures conditions pour une élection sans fraude. Cela étant, Louisa Hanoune affirme avoir “pris acte des engagements du Président et de ses réponses”, tout en indiquant en avoir informé les instances de son parti qui “jugeront sur les faits”. Dans le communiqué publié hier, Louisa Hanoune est revenue sur la position du PT quant à l'initiative lancée par le front contre la fraude, affirmant que sa formation “n'a pas été invitée à y prendre part”. Cela ne l'empêche pas, toutefois, de se prononcer sur “le contenu politique de la déclaration des dix”, le PT note que “s'il partage l'aspiration à un scrutin transparent et que les citoyens désireux de voter puissent le faire en dehors de toute pression d'où qu'elle émane, il privilégie pour cela la recherche de mesures nécessaires à l'assainissement et à l'apaisement du climat politique et social, pour que la confrontation porte exclusivement sur les programmes politiques, loin de tout facteur d'instabilité supplémentaire, de toute exclusion”. H. S.