En éliminant le groupe des onze, les chances de Bouteflika semblent se préciser. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) fait durer le suspense. Le parti qui a réuni son conseil consultatif en session extraordinaire ce week-end, une rencontre consacrée exclusivement à la question de la présidentielle n'a pas encore tranché. Prévu en deux jours, il a été décidé de laisser la session extraordinaire du madjeliss echoura ouverte et de charger le bureau national du «suivi des mesures de mûrissement des choix soumis au conseil notamment au sujet du prochain scrutin». Selon Ahmed Dane, le secrétaire national chargé de l'information et des affaires politiques, «le conseil consultatif se réunira prochainement pour trancher définitivement le choix du parti au sujet de la prochaine présidentielle». Sans pour autant fixer de date. Mais, selon des sources proches du parti, le conseil rendra théoriquement son verdict mardi prochain. «Théoriquement», parce que «le bureau politique pourrait demander un nouveau report». Cette décision nous rappelle étrangement le scénario de 1999. L'époque où le MSP avait fini par soutenir le candidat Bouteflika vient néanmoins consacrer les divergences ressurgies au sein du MSP, en rapport avec la présidentielle. C'est le président du parti M.Bouguerra Soltani qui en a fait part dans son discours prononcé le 8 janvier devant les cadres du parti. En résumé M.Bouguerra Soltani est loin de faire l'unanimité parmi ses militants qui optent, pour une partie d'entre eux, pour une alliance avec un courant ou un parti politique. Une thèse rejetée par une deuxième tendance plaidant pour la désignation d'un candidat issu du parti. «C'est l'option la plus probable» déclarait M.Bouguerra devant ces cadres. Apparemment très confiant de son poids sur l'échiquier politique, le MSP estime que dans ce cas de figure la course serait très serrée, «ce qui nous conduira inéluctablement vers un deuxième tour». Mais la tâche ne semble pas être des plus faciles, pour le successeur de cheikh Nahnah. Selon certaines indiscrétions, la candidature de Bouguerra Soltani a été sévèrement conditionnée par les partisans de la première thèse. Ces derniers ont exigé de lui d'amener le parti au deuxième tour, dans le cas contraire c'est son poste comme président du MSP qui serait sérieusement compromis. «C'est la crédibilité et le poids du parti qui seront remis en considération si nous encaissons un échec dès le premier tour», nous a déclaré un opposant à la candidature de Bouguerra Soltani. Pour notre interlocuteur, «orphelin du charisme du cheikh Nahnah, le MSP prendrait un grand risque dans le cas où il déciderait de prendre part à la présidentielle avec son propre candidat». Bouguerra Soltani a appelé jeudi les membres du conseil consultatif du mouvement à faire preuve de pondération dans la prise des décisions, en affirmant que le conseil est souverain et libre. Pour ce dernier le MSP est devenu «une réelle force» sur la scène politique nationale. Une place qui sera confirmée sur le terrain à l'occasion de la prochaine élection, à en croire l'orateur. Pour le MSP, le monde «a tourné la page des idéologies», cédant la place à «la force de la pensée qui contribue à améliorer l'alternance au pouvoir». Une déclaration qui laisse grandes ouvertes les portes à l'alliance. La question étant de savoir avec quel courant? «Nous avons été approchés par plusieurs partis et personnalités politiques, mais nous n'avons pas encore tranché» nous a déclaré M.Hadada, membre du bureau national. Mais en barrant la route au MRN de Djaballah, surtout après les mésaventures des sénatoriales, en éliminant le groupe des onze, les chances de Bouteflika semblent se préciser de plus en plus. Notant que les travaux du conseil consultatif ont été sanctionnés par «l'appel à la libération de la scène politique et à la préservation de l'acquis de la démocratie». Le conseil consultatif a également appelé à oeuvrer à ce que «la prochaine élection présidentielle soit crédible de manière à redonner confiance au citoyen». Une transparence qui passe par la neutralité de l'armée selon le président du mouvement.