Lors de la conférence de presse qu'il a animée, hier, le président du MSP, Bouguerra Soltani, a marqué de nettes distances entre son parti et le groupe des personnalités politiques, auteurs d'une déclaration portant des exigences à satisfaire avant le déroulement du scrutin présidentiel. Il a clairement affirmé que le MSP rejette toute initiative tendant à former un front contre un candidat précis à la prochaine présidentielle ou du moins à dresser des obstacles sur son parcours. Il faisait évidemment allusion à l'opposition à la candidature du président de la République pour un second mandat, exprimée par quelques-uns de ses adversaires politiques. Il a soutenu aussi que son parti n'adhère pas à l'appel lancé, par les dix, à l'armée pour intervenir dans le jeu politique sous le prétexte de “sauvegarde de la démocratie”. Bouguerra Soltani a annoncé que le mouvement qu'il préside est contre le départ de l'actuel gouvernement. Ce point constitue, pourtant, la revendication nodale du groupe des “dix”. Certainement pour respecter les procédures réglementaires, il a ajouté que le conseil consultatif, qui se réunit ce week-end en session extraordinaire consacrée exclusivement à la consultation électorale de ce printemps, tranchera définitivement cette question. Pour clore le chapitre, le président du MSP a affirmé que sa formation ne saurait faire siennes “des idées qui se mettent en porte-à-faux avec l'esprit démocratique et les droits constitutionnels de chaque citoyen”. C'est donc tout naturel qu'il devait expliquer la participation du mouvement aux rencontres des “dix”. “Nous avons appelé (en septembre 2003) nos partenaires politiques à l'organisation d'une conférence nationale sur la crise de l'Algérie. (…) Il n'est pas juste de demander à nos partenaires de répondre à notre invitation et ne pas donner suite à la leur (…). L'adhésion à la décision finale relèvent d'autres considérations”. Il a indiqué, en outre, que le MSP se soucie constamment de la promotion de la concertation au sein de la classe politique. “Notre présence parmi les “dix” ne signifie pas une caution que nous donnons à une partie contre une autre. Nous ne fonctionnons pas avec les méthodes d'exclusion ni ne croyons à l'adage qui dit : celui qui n'est pas avec moi et contre moi.” Les déclarations tranchantes du président du MSP s'apparentent, par de nombreux biais, à un positionnement dans le camp du chef de l'état Abdelaziz Bouteflika. Le conférencier a, toutefois, pris le soin d'entourer ses propos d'une certaine ambiguïté afin de préserver un semblant de suspense pour quarante-huit heures encore. Il a indiqué que la consultation de la base sur la question de la présidentielle a révélé que 75% des militants sont favorables à une candidature interne au mouvement, 25% souhaitent que le parti soutienne un candidat extra-partisan et 2% sont pour le boycott. “Je présente le dossier de la présidentielle, que j'ai supervisé sous l'angle des calculs arithmétiques. Mais je ne suis pas contre un éventuel soutien à un autre candidat”, a déclaré Bouguerra Soltani avant de conclure : “Le madjliss echoura prendra sa décision, dans deux jours, en toute souveraineté.” Des cadres du parti, dont le ministre des transports Amar Ghoul, ont soutenu que le MSP optera pour “le choix pragmatique”. S. H.