Et si le futur président se révélait être un terroriste? Voilà le thème audacieux qu'aborde le romancier Sofiane Zedadka. C'est ainsi que ce dernier a tissé la trame de son nouveau roman Les Maître du destin. L'auteur l'a présenté à la bibliothèque nationale El-Hamma, mercredi dernier, en présence du public et de journalistes. Après Juba II et Les Coulisses sacrées, «les Maîtres du destin» est son troisième roman. Celui-ci suscite déjà de l'intérêt par le thème qu'il aborde. Des admirateurs mais aussi des détracteurs. L'auteur retrace la vie d'un jeune égaré, qui, à force de vouloir devenir Président de la République, finit par réaliser son rêve. Celui-ci se révèle être un terroriste, un bourreau, qui, faute d'assouvir sa soif de pouvoir, s'abreuve du sang des innocents. Amar Ben Messaoud, c'est le nom du personnage central du roman, s'est retrouvé pris au piège. Ainsi, le rêve se transforme en cauchemar. Au maquis, le héros des Maîtres du destin réalise son rêve, du moins ce qu'il pense être un rêve. Il devint «président» de son groupe de tueurs. Amar, l'émir, essaye tant bien que mal, de vivre le cauchemar au quotidien. Des tombes se transforment en lit «douillet». Des scènes violentes «cinématographiques» se transformant en réalité. Une vie colorée de rouge sang. «Au maquis, la vie n'était pas aussi paisible que la vie quotidienne. (...) Les nouvelles recrues qui se sont jointes à Amar prenaient les tombes comme lit pour dormir. Ils se réveillaient à l'aube pour prier Dieu et demander pardon». Il arrivait aux égarés du «Maître du destin», malgré leur amour pour Dieu et leur combat, de repenser quand même au passé où la vie était normale. Ils se plaignaient secrètement des conditions misérables, du manque de leur famille et amis, des rencontres dans les cafés, des balades jeudi soir. Amar écoutait leurs propos et se rappelait de sa mère, sa , a vie d'avant mais aussitôt il revenait à la dure réalité et pour se remonter le moral, il leur disait, pour justifier leurs conditions qu'ils n'étaient pas des assassins mais des «exécuteurs». «Ils tuaient des gens qui méritaient de mourir», leur rappellait-il. Les premières victimes sont les intellectuels et les journalistes (un détail que tous les écrits de l'urgence n'ont pas oublié de souligner) On leur reprochait de penser, de s'exprimer librement. Ces intellectuels qui résistaient malgré l'horreur dans leur pays qui s'enfonçait un peu plus chaque jour. La barbarie les a fauchés alors que tous ceux qui refusaient de se soumettre sont victimes de ce terrorisme alors que la liste ne cesse de s'allonger. Des hommes, des et même des enfants sont tués. L'horreur n'a plus de limite. L'auteur revient sur les ratissages qu'opéraient les forces de l'ordre. Sofiane Zedadka voulait à travers cette oeuvre donner un aperçu de ce qu'était selon lui, la vie au maquis. De ces horreurs dont personne ne voulait réellement parler. Il relatait l'amère vérité que les populations vivaient tous les jours. Le livre a été écrit avec force. Une force traduite par des mots, parfois doux parfois poignants et choquants. L'auteur a fait dans la «violence» littéraire. Il a raconté les exécutions, l'épouvante, la rancune... Les Maîtres du destin veut restituer ce qu'était la terreur. Si on doit le classer, ce serait dans de la littérature dite de l'angoisse.