Les Funérailles, dernier roman de cet écrivain est un hommage à la femme battante comme au pays débout... La Bibliothèque nationale d'El-Hamma a abrité lundi dernier son 45e café littéraire à l'illustre écrivain Rachid Boudjedra, l'auteur notamment du fameux l'Escargot entêté ou la Répudiation. A l'occasion de la parution de son dernier ouvrage, les funérailles, sorti chez Grasset en France et bientôt en Algérie, Rachid Boudjedra y présenta son livre en compagnie de Mme la ministre de la Culture et de la Communication, Khalida Toumi, et du sociologue Ilias Boukraâ. En présence d'hommes de lettres, artistes peintres ou simples amateurs de lecture, Amine Zaoui, écrivain et directeur de la Bibliothèque nationale d'Algérie, qualifiera d'emblée l'écrivain Boudjedra d'un des poids lourds de la création romanesque algérienne et son oeuvre d'écriture de l'espoir. C'est Mme Khalida Toumi qui a eu le «redoutable» privilège de présenter le roman Les funérailles faisant rappeler à l'assistance à plusieurs reprises qu'elle n'est pas critique littéraire. Modestement et faisant de l'esprit en s'adressant à l'écrivain : «Si tu permets, tu n'es pas présentable». Mme la ministre a fait remarquer que parfois elle n'aime pas les critiques, parce que souvent ils essayent de lui imposer leurs goûts. Contrairement aux critiques, «c'est grâce à lui (Boudjedra) que j'ai appris à aimer Céline. Je le remercie de mavoir décomplexée vis-à-vis de cet écrivain en me donnant l'envie de le lire...». Faisant référence en premier lieu à son recueil de poésies illustré par Kheda, lequel recueil a été censuré en 65, Mme Khalida Toumi, indique : «Ce qui a fait l'immense réputation de Rachid c'est son grand travail de romancier». Elle cite notamment la Répudiation qui l'a marquée et se demande : «Est-ce parce que je suis femme et féministe?». Mme Khalida Toumi faisant l'éloge de la beauté littéraire et créatrice de Boudjedra, confie qu'elle a dû lire l'Escargot entêté «au moins 17 fois». A propos Les funérailles, faisant référence au temps qu'elle a passé à sa lecture, révèle émue : «J'ai passé la plus belle nuit de ma vie!», et de révéler : «J'ai un rapport «carnassier» avec la littérature. Je suis frustrée parce que je ne sais pas écrire comme Rachid». Abordant le livre qui a pour décor Alger, Khalida dira que ce livre se lit comme un journal mais c'est une fiction car il rend compte d'une vérité qu'on a vécue, avec du recul, sans jamais distiller de la fadeur ni trop de salé. C'est un roman «plein de tiroirs». Et de finir sa «plaidoirie» : «Merci infiniment, ce livre m'a permis de panser notre grande blessure. Merci d'exister». Ilias Boukraâ a, quant à lui, évoqué la place qu'occupe le roman de Boudjedra dans le champ littéraire algérien. «Rachid Boudjedra inaugure le roman national post-indépendance. Il réintroduit en fait un fait nouveau, celui du corps, de la ité, du soupçon. Il remet en cause le tabou. Il est refondateur du roman national». D'après ce sociologue, l'auteur à travers les Funérailles, dans le prolongement de l'oeuvre de Kateb Yacine a achevé la libération de la société algérienne et cette libération s'est concrétisée à travers la levée du voile sur le bourreau, c'est-à-dire le terrorisme a contrario de ce qui figure dans Timimoun où c'est la victime qui est mise en avant. Cette particularité signe la nouveauté dans l'oeuvre de Boudjedra. C'est la naissance du roman philosophique qui induit une réflexion sur le désir, le sens de la vie et son paroxysme, pas loin du soufisme. Pour celui-ci, parler de son oeuvre, donc de son «bébé», est très difficile. «Le vrai art, l'écrivain ne peut l'expliquer ou l'analyser.» Abordant son contenu, il dira que le principal personnage dans le roman, c'est Alger et le second c'est la , oulignant au passage «et tout le monde le sait», dira-t-il, tout son amour pour les qui luttent à l'image de Sarah, l'héroïne de son roman. «Une flic, femme libérée qui s'occupe de la lutte antiterroriste et qui vit de son corps, de sa ité en toute liberté». Inspiré de la réalité, ce roman, dira l'écrivain, «met en rapport l'évolution de la femme avec l'évolution de l'Algérie». Les funérailles se veut, dit-il, un hommage à toutes ces en uniforme. Malgré la mort, Sarah continue à vivre et à aimer. Son amant s'appelle Salim. Ce dernier vient demander sa main un 3 décembre 2000. «Pour la première fois, j'écris quelque chose qui finit bien», avoue Boudjedra. Traversé de sauts entre passé et présent, joie et malheur, ce roman policier est construit à partir de paraboles. La mort n'y échappe pas. Les funérailles et son atmosphère macabre font partie intégrante du vécu de la décennie noire. Boudjedra nous livre ici un pan de l'histoire de Sarah : «Son père l'a quittée quand elle avait 5 ans. A la mort de sa mère, il revient 25 ans après...». Mais le cycle de la vie est éternel... Tristesse et tendresse, mais aussi d'amour est fait ce roman. Finit d'en parler, Khalida Toumi nous en lit un extrait... Chut !