«Argo est un film remarquable, mais c'est une industrie complètement différente. C'est du divertissement... L'histoire devrait être racontée dans un contexte historique» La productrice Elena Semikina C'est aujourd'hui que seront décernés les prix du cinéma américain dans la plus prestigieuse cérémonie du cinéma au monde, les Oscars. Deux films sont au coude à coude dans les pronostics: Argo et Lincoln. Si le dernier film de Spielberg Lincoln ne pose pas problème, le film de Ben Afleck Argo continue de faire polémique dans le monde. Comme on le sait bien, le film est tiré d'une histoire vraie. C'était en 1979, quand une douzaine d'Américains avaient été pris en otage dans leur ambassade en Iran. Six d'entre eux étaient parvenus à s'échapper et à se cacher auprès de l'ambassadeur canadien Ken Taylor, à Téhéran. La CIA a alors trouvé une machination hollywoodienne pour exfiltrer les diplomates. Dans l'équipe de sauvetage se trouvait John Chambers, qui a reçu un Oscar du maquillage pour le film La Planète des singes, et qui prêtait son atelier à la CIA. Le film qui défend la supériorité politique des USA, intervient une année après qu'un film iranien La séparation de l'Iranien Asghar Farhadi remporte l'Oscar du meilleur film étranger. Le film Argo est venu détruire tout ce que le cinéma iranien a construit depuis une trentaine d'années: la grande culture, la civilisation et surtout l'humanisme d'un peuple. Dans Argo et plus précisément dans la scène finale, quand les diplomates américains sont déguisés en équipe de tournage passent la PAF, les Iraniens sont montrés comme des êtres sans culture, barbares et surtout ignorants. C'est tout le contraire de la réalité aujourd'hui. La présentation d'Argo à Toronto le 8 septembre a coïncidé avec la fermeture de l'ambassade du Canada en Iran. D'ailleurs, l'ancien ambassadeur canadien en Iran de l'époque, Ken Taylor, s'en est pris au film lors d'une conférence prononcée devant des étudiants de l'Université Ryerson, à Toronto. L'ex-ambassadeur affirme que le film ne décrit pas toute la réalité et qu'un documentaire devant être bientôt lancé, offrira un regard beaucoup plus équilibré sur son rôle et sur la situation en Iran. C'est normal, un diplomate est toujours plus équilibré et moins critique. Le documentaire, offrira plus de mise en contexte, un meilleur aperçu du rôle du Canada à l'étranger et des détails sur la véritable nature d'une ambassade. La productrice Elena Semikina a confié que le documentaire englobera des entrevues avec l'ancien premier ministre Joe Clark et l'ancien président américain Jimmy Carter, qui étaient en fonction au moment de la crise. Les scènes censées se dérouler en Iran ont en fait été tournées en Turquie. Comme il était impossible de tourner en Iran, la production s'est repliée sur Istanbul, qui possède également beaucoup d'expérience en matière de cinéma, ce qui a contribué à réussir la scène la plus importante du film: l'attaque de l'Ambassade américaine. [email protected]