Salle Burkina, mardi soir, deux réalisatrices confirmées s'approchent de nous et nous tendent cette pétition non signée certes, mais à laquelle on y croit dur comme fer. Pourquoi? Parce qu'au Fespaco, le plus grand festival au monde dédié au cinéma africain tout peut arriver, du meilleur comme du pire. Et le pire pour un cinéaste est déjà arrivé ici. Non! nous n'allons pas évoquer ici les sempiternelles jérémiades d'un Mamet Salah Haroun, auteur tchadien du fameux long métrage Un Homme qui crie! Non, nous n'allons pas évoquer non plus les problèmes d' organisation qui émaillent souvent cette manifestation monumentale, inhérents au festival, encore moins le fait que le documentaire soit étrangement marginalisé, presque écarté et retranché dans des salles reculées et présenté dans des supports de projection hors normes (salle de conférences). Comme ce fut le cas pour le film documentaire Marcel Manville, d'homme à homme, de Véronique Kanor. Ce qui pourrait être le coup de grâce pour n'importe quel cinéaste qui participe dans un festival est de se voir retirer d'une compétition pour la simple raison que sa copie n'est pas en 35 mm. Mais alors pourquoi accepté de le diffuser? C'est ce qui est arrivé, il y a deux ans, avec deux longs métrages dont l'excellent film égyptien Femmes du Caire de Yousry Nasrallah. Ce triste épisode risque d'être réédité cette année, à en croire, en effet, les propos de la cinéaste Claude Hafner qui nous a remis ce document. Sur ce dernier, nous pouvions lire: «Nous cinéastes africains participants au Fespaco 2013, demandons aux organisateurs du festival de maintenir dans la compétition les films tels que La République des enfants de Flora Gomez, Virgem margarida de Licinio Azevedo, Por Aqui Tudo bem de Pocas Pascoal et Le Repenti de Merzak Allouache qui sont menacés d'exclusion parce que leur budget ne leur a pas permis d'établir une copie 35 mm.» Est-ce réellement le cas pour Le Repenti de Merzak Allouache? Le document ajoute: «L'économie de la production du cinéma africain s'est orienté très tôt vers le numérique, et nous considérons aujourd'hui qu'il est temps que le Fespaco s'aligne sur les critères des autres festivals internationaux et accepte, sans distinction, les films en numérique ou pellicule.» La pétition s'achève ainsi: «Nous sommes conscients des difficultés d'équipement des salles de cinéma de Ouagadougou, néanmoins, les films sont projetés sous différents formats tous les jours. Ne peut-on pas laisser le jury décider de leurs qualités intrinsèques?»