Le secteur de la santé publique est en ébullition. La grogne prend de l'ampleur et la protestation implique maintenant d'autres catégories des blouses blanches. Au débrayage du corps des médecins spécialistes dont le suivi est aux alentours de 80%, s'ajoute, à partir d'aujourd'hui, une autre grève cyclique dans le corps des paramédicaux, également suivie sur l'ensemble du territoire national. Quoique la paternité de ce nouveau débrayage revienne au Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap), la grève du personnel paramédical est l'oeuvre de trois représentants du secteur sanitaire. Il s'agit de l'Union nationale de la santé et de la population (Unsp), du syndicat autonome du CHU de Tizi Ouzou et de l'Association nationale des paramédicaux. Ces derniers ont coordonné leurs efforts pour faire aboutir leurs revendications à travers une action de grève de deux jours (aujourd'hui et demain), sous l'égide du Snapap. Les membres de ce syndicat ont déposé un préavis de grève auprès de leur tutelle en date du 29 décembre 2003. Ensuite, le ministre de la Santé, M.Mourad Redjimi, les a reçus le 7 janvier 2004 et les a convaincus de reporter d'une semaine, la date de la grève prévue initialement pour le 12 janvier dernier. «Pour notre part, nous avons fait preuve de sagesse, tandis que la tutelle demeure indifférente à l'égard de nos revendications et s'engouffre dans un profond mutisme», a déclaré, hier, M.Lounès Ghechi, président de l'Association des paramédicaux, lors d'une conférence de presse animée conjointement avec M.Brahim Lechkeb, président de l'Unsp, et M.Malek Kirèche, président du syndicat autonome des travailleurs du CHU de Tizi Ouzou. La rencontre a eu lieu au siège du Cnes à Alger et, pour sa part, M.Lechkeb a ajouté: «Après une attente de 10 jours, il s'est avéré que la tutelle persiste à ignorer les revendications socioprofessionnelles des travailleurs de la santé publique où les paramédicaux sont majoritaires.» M.Kirèche a, quant à lui, considéré que «l'attitude de la tutelle est inacceptable (...) les paramédicaux sont la cheville ouvrière de la santé publique». Par ailleurs, le syndicat national des médecins spécialistes, en grève depuis plusieurs jours, prévoit l'organisation, le 28 janvier 2004, d'un rassemblement national devant le siège de la chefferie du gouvernement. Le Dr.Yousfi, président du Snpssp, a déclaré, hier, lors d'un point de presse, que ce rassemblement se veut «une manière d'interpeller le chef du gouvernement sur nos revendications». De son côté, M.Redjimi a lancé jeudi dernier un appel sur les ondes de la Chaîne III à l'adresse des membres du Snpssp les invitant à une seconde «réunion de réconciliation», prévue pour hier. Le Dr.Yousfi a été «contraint» de reporter cette réunion pour aujourd'hui. «J'ai été le dernier informé et je n'ai reçu l'invitation de la tutelle que samedi dernier en rentrant du sit-in organisé au CHU Mustapha», explique le Dr.Yousfi. Toujours, est-il que «les revendications du Snpssp ne seront pas négociables au cours de la réunion d'aujourd'hui», affirme le Dr.Yousfi, avant d'ajouter qu'il ne peut y avoir de débat que sur la concrétisation de l'accord du 13 novembre 2002. Par ailleurs, le président du Snpssp a réagi à l'encontre d'une déclaration rendue publique par le syndicat national des professeurs docents en sciences médicales. Ce syndicat a remis en cause les revendications du Snpssp qu'il dit basées sur une «contre-vérité flagrante», et relèvent de «la plus criante mauvaise foi». Pour le Dr.Yousfi, la déclaration des professeurs docents est l'oeuvre d'un «lobby minoritaire d'hospitalo-universitaires algérois qui utilise le syndicat pour accréditer l'attitude scandaleuse de la tutelle». Le ministère de la Santé voudrait-il être, à la fois juge et partie dans le conflit qui l'oppose au Snpssp? Aux yeux du Dr.Yousfi, c'est exactement le cas. Le ministère de la Santé est géré, selon lui, par des hospitalo-universitaires qui ont établi un ordre de gestion «basé sur les intérêts et les privilèges».