La grève a été frôlée dans plusieurs autres secteurs pour le motif de mauvaises conditions socioprofessionnelles. L'été sera chaud. Le thermomètre risque d'exploser. Messieurs les responsables à vos bouées de sauvetage. Multiples débrayages sont annoncés dans plusieurs secteurs. Revendications salariales, libertés syndicales, intégration des cadres, statut particulier sont autant d'éléments motivant la mobilisation des syndicalistes. Une situation présageant un été particulièrement chaud. En effet, l'Union nationale des barreaux d'Algérie (Unba) vient d'appeler à une grève à l'échelle nationale le 10 juin prochain pour dénoncer les violations aux «droits de la défense en Algérie». Les avocats d'Alger ont décidé aussi de boycotter la session criminelle, dont l'ouverture est prévue au nouveau Palais de justice du Ruisseau. Abdelmadjid Silini, bâtonnier et président de l'Union, a dénoncé ce qu'il qualifie de «déformation et de massacre de la Justice». Les robes noires saisissent le premier magistrat du pays pour un arbitrage qu'ils espèrent «urgent». Les blouses blanches montent aussi au créneau. Le Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp) est revenu à la charge pour réclamer la prise en charge «concrète» de sa plate-forme de revendications. Les médecins avaient opté pour un débrayage de trois jours, les 6, 7 et 8 mai dernier. Une action annulée sur décision de justice. Le même syndicat est revenu encore à la charge pour décréter une grève illimitée, le 29 mai. «Aucune avancée n'est constatée sur notre dossier», constataient les syndicalistes. Les revendications exprimées par ce syndicat, qui compte une corporation représentant un taux de 40% de praticiens adhérents, n'ont, selon eux, pas eu d'écho auprès de la tutelle. «Aucune réponse concrète à tous les points figurant sur la plate-forme de revendications n'est apportée par le ministère de la Santé», déploraient-ils. Toutefois, ce mouvement n'a pas eu lieu. La justice, saisie par le ministère de la Santé, a ordonné l'arrêt immédiat de cette grève ouverte. Même si cette décision a été respectée par les contestataires, ces derniers ne lâchent pas prise. «Le Snpsp s'organisera pour revenir à la charge en usant de tous les arguments légaux, et le mot d'ordre sera à chaque fois plus sévère et plus agressif», avaient-t-ils prévenu. Le secteur de l'enseignement supérieur veut aussi faire l'école buissonnière. Des contestations sont soulevées par les étudiants dans plusieurs wilayas du pays pour protester contre le nouveau système d'enseignement, le LMD. Il faut souligner que la grogne touche particulièrement des secteurs où sont engagées les grandes réformes. Auparavant, la grève a été frôlée dans plusieurs autres secteurs pour le motif de mauvaises conditions socioprofessionnelles. Les exploitants libres des stations-service, les vétérinaires-fonctionnaires de l'administration publique, les officiers de la marine marchande, les professeurs d'universités ainsi que les pharmaciens avaient opté pour la protestation. Des perturbations qui intervenaient, faut-il le dire, au moment où la doléance sur la revalorisation salariale a été satisfaite et réglée dans le cadre de la tripartite. Or, ces mêmes augmentations ne sont, jusqu'à présent, pas perçues par les travailleurs. Chose qui soulève davantage leur courroux. D'autres voix contestataires s'élèvent aussi, comme celles des travailleurs de l'entreprise Michelin implantée à Alger. Le personnel est en grève depuis dimanche. Un débrayage qui risque de durer. Selon l'un des responsables du service commercial, la contestation au sein de l'entreprise a trait à l'augmentation des salaires. Cependant, le personnel de Michelin dénonce «l'abus» d'autorité pratiqué par certains responsables. Finalement, la situation est plus que jamais explosive. Seul le dialogue social permettra d'éviter cette grogne des travailleurs qui ne sont pas, semble-t-il, prêts à abandonner facilement leur requête.