«Pour des intérêts stratégiques, les terroristes et les trafiquants de drogue se sont alliés» Le conseiller à la Présidence, Kamel Rezag Bara, a également regretté que cette crise ne se soit pas réglée par le dialogue. Pour le Dr Kamel Rezag Bara, la guerre au Mali a été mijotée grâce à quatre ingrédients. Le terrorisme, la drogue, la crise libyenne et une crise humanitaire. C'est du moins ce qu'a affirmé ce conseiller à la Présidence lors d'une conférence-débat sur le thème «Les mouvements de crise dans le Sahel», animée, hier, à l'Ecole nationale supérieure des sciences politiques. Il explique: «Le fait que le Sahel soit devenu un espace où s'est fortement développé le terrorisme transnational a été l'élément déclencheur de cette crise.» Ce n'est pas tout, cette zone n'a pas vu seulement «le développement du terrorisme, mais aussi du trafic de drogue et du crime organisé», a t-il soutenu. «Pour des intérêts stratégiques, les terroristes et les trafiquants de drogue se sont alliés, ce qui a fait que ce terrorisme s'est transformé en narco- terrorisme», a-t-il révélé avant d'expliquer le rôle de la crise libyenne. «L'intervention de l'Otan en Libye a fait que des tonnes d'armes se sont retrouvées en libre circulation ce qui a permis le développement du trafic d'armes dans la région.» Dernier «ingrédient» expliqué par Kamel Rezag Bara: la crise humanitaire. «Les violations des droits de l'homme en tous genres, les violences faites aux femmes, aux enfants...en plus du nombre élevé de déplacés, n'a fait que précipiter cette guerre», a-t-il assuré non sans préciser l'existence de certaines parties étrangères à cette crise qui ont tout fait pour l'internationaliser. «Il y a trop d'intervenants au Mali. Il faut diminuer leur nombre et le limiter seulement aux Nations unies», a-t-il souligné. Voilà donc la recette de la guerre malienne qu' a développée, M. Rezag Bara devant un parterre d'étudiants, ne manquant pas de réitérer la proximité de cette guerre qui, dit-il, aura des retombées néfastes sir le pays. Il a également regretté que cette crise ne se soit pas réglée par le dialogue. «Il reste la seule solution pour sortir de la crise», a conclu Kamel Rezag Bara qui, néanmoins, n'était pas le seul intervenant lors de cette conférence. Le colonel Amrani, ex-aviateur algérien, lui a posé une série d'interrogations qui se suffisent à elles-mêmes: «Le conflit au Mali n'est-il pas un prolongement de la guerre en Libye? Qui mieux que la France connaissait les conséquences de cette guerre sur la région? Pourquoi a-t-elle attendu six mois avant d'intervenir au Mali? Et surtout pourquoi n'a-t-elle pas prôné le dialogue?» Le colonel Amrani n'a pas omis de souligner les dissensions qui existent dans l'armée malienne entre les Bérets rouges proches du président renversé, Amadou Toumani Touré, et les Bérets verts menés par l'auteur du coup d'Etat du 22 mars 2012, le capitaine Amadou Aya Sanogo. «Quelle légitimité aura une armée qui se déchire? Qui assurera la sécurité après le départ de la France?», s'est-il interrogé. Le Pr Karim Kelfane, enseignant universitaire, qui a aussi fait partie des intervenants n'a pas mâché ses mots à l'encontre de la France. Pour lui, tout a été programmé. Il prédit même le déploiement d'une force de l'ONU pour justifier la présence de la France au Mali. M.Ben Amar Bendjemaa, lui, c'est aux Etats-Unis qu'il s'en est pris. «Les USA ont utilisé leur nouvelle méthode de guerre qui est le ledearship par derrière. Ils entrent en conflit par procuration, ce qui leur permet de le gérer à distance. Cela coûte moins cher que le conflit direct», a-t-il attesté. Les raisons de cette guerre sont pour lui purement économiques. «Ils créent une zone de tension maniable afin daccaparer des richesses énergétiques dont regorge la région», assure-t-il. M.Ben Amar a aussi certifié que certains voulaient impliquer l'Armée nationale populaire dans le conflit malien «cela afin que l'Algérie ne puisse pas s'imposer comme une puissance régionale». En parlant de l'ANP, le Dr Mekki, un autre intervenant a tenu à la féliciter pour son intervention héroïque lors de la prise d'otages de Tiguentourine. «Elle a montré sa puissance devant un ennemi inconnu qui a utilisé une nouvelle méthode de terrorisme», a-t-il insisté.