Dans l'attente d'un verdict qui a fait monter les tensions, l'armée a pris position dans la ville Le ministère de l'Intérieur a ordonné à la police de quitter son QG à Port-Saïd pour «apaiser les tensions», et a confié à l'armée la tâche de sécuriser le bâtiment, pris pour cible à plusieurs reprises récemment Un manifestant a été tué dans la nuit de jeudi à vendredi lors d'affrontements avec la police à Port-Saïd, à la veille d'un verdict à haut risque dans un procès pour des violences après un match de football l'an dernier dans cette ville du nord-est de l'Egypte. Le ministère de l'Intérieur a ordonné à la police de quitter son QG à Port-Saïd pour «apaiser les tensions» et confié à l'armée la tâche de sécuriser le bâtiment, pris pour cible à plusieurs reprises récemment. La tension est très vive à Port-Saïd depuis la condamnation à la peine capitale en janvier de 21 personnes, principalement des supporteurs du club de football de la ville, pour ces violences qui avaient fait 74 morts, notamment parmi les supporteurs du club adverse Al-Ahly, du Caire. Cinquante-deux autres accusés, jugés pour les mêmes évènements, doivent être fixés sur leur sort aujourd'hui. Ce verdict coïncide avec une grève sans précédent de la police à travers le pays, y compris dans la ville voisine d'Ismaïliya, où des policiers de la force anti-émeute ont indiqué qu'ils refuseraient de se déployer à Port-Saïd. Les policiers estiment ne pas être suffisamment équipés pour faire face à des protestataires violents, et devoir subir les conséquences des erreurs du gouvernement. La police est particulièrement détestée des habitants de Port-Saïd qui sont nombreux à accuser des policiers liés à l'ancien régime ou des partisans du président renversé, d'avoir orchestré les violences de janvier 2012 afin d'alimenter l'instabilité. Jeudi soir, des manifestants ont de nouveau défilé jusqu'au siège de la police à Port-Saïd, et des heurts les ont opposés à des policiers. Karim Sayyid Abdel Aziz, 33 ans, est mort après avoir été touché à trois reprises par balle, selon un médecin qui a fait état de 73 manifestants blessés. Le président Mohamed Morsi a déployé l'armée pour soutenir la police dans la ville depuis le verdict de janvier qui avait déclenché des affrontements au cours desquels une quarantaine de personnes avaient péri. La tension est remontée d'un cran dimanche après l'annonce du transfert hors de Port-Saïd de 39 autres accusés dans ce même procès dont le verdict sera rendu au Caire pour des raisons de sécurité. Parmi les accusés figurent neuf policiers et trois cadres du club de football de Port-Saïd, Al-Masry. Six personnes, dont trois policiers, ont été tuées ensuite dans la nuit dans des affrontements. «Je pense qu'il vaudrait mieux reporter le verdict, sinon l'Egypte risque de s'embraser», a estimé Al-Badry al-Farghali, ancien député de Port-Saïd. La police s'est largement retirée, et l'armée a repris en main une bonne partie de ses tâches dans la ville. «Je suis terrifié à l'idée de ce qui pourrait arriver samedi (aujourd'hui)» a déclaré un soldat devant le QG de la police. Si le verdict était favorable aux accusés, le gouvernement de M.Morsi, très contesté, devrait de toute façon faire face à des protestations, cette fois-ci au Caire, où des supporteurs du club Al-Ahly ont menacé de protester. Les Ultras, les plus extrêmes des fans d'Al-Ahly, ont récemment attaqué le domicile d'un ancien ministre de l'Intérieur, qui dirigeait la police au moment des violences de janvier 2011. Selon l'agence de presse officielle Mena, le ministère de l'Intérieur a prévu de déployer 2000 policiers devant l'académie de police du Caire, où les juges doivent rendre leur verdict.