Le Chef du gouvernement israélien est mis en cause dans une affaire de corruption. La «feuille de route» en panne. L'actualité proche-orientale a été marquée ces dernières quarante-huit heures par l'énorme scandale qui éclabousse le Premier ministre israélien Ariel Sharon mis en cause dans une affaire de corruption. Les choses se sont accélérées et ont pris une tournure grave pour le chef du gouvernement d'Israël après l'inculpation mercredi de l'homme d'affaires israélien, David Appel, soupçonné d'avoir offert des pots-de-vin à M. Sharon. Dans le collimateur de la justice israélienne depuis une année, Sharon semble aujourd'hui au pied du mur et devra s'expliquer sur son implication, - de même d'ailleurs que l'un de ses fils, Gilad Sharon, concerné au même titre que son père - dans une affaire qui prend les proportions d'un énorme scandale politique. Aussi, malgré le fait que l'intéressé exclut de démissionner, il ne fait pas de doute pour les observateurs que chef du Likoud sera contraint de quitter le gouvernement. De fait, selon la presse israélienne, le procureur d'Etat, Edna Arbel, considère qu'il existe «assez de preuves pour justifier l'inculpation de M.Sharon pour corruption». Cependant, précise-t-elle, «une décision finale ne sera pas prise avant que le Premier ministre ne soit de nouveau interrogé par la police». Eclaboussé par les retombées de cette affaire de corruption, qui est au centre d'une enquête de justice depuis une année, Ariel Sharon avait, en 2003, après un interrogatoire de la police, qualifié «de calomnies méprisables», les accusations à son encontre. Mais aujourd'hui, le chef de la droite israélienne semble bel et bien avoir été rattrapé par son passé, et plus singulièrement par l'affaire du financement de la campagne de 1999 qui lui a permis d'être élu à la tête du Likoud. Acculé par les faits réunis contre lui, Sharon a réitéré exclure de démissionner indiquant: «Je suis venu ici en tant que Premier ministre et chef du Likoud, fonction que je compte remplir pour de nombreuses années encore, au moins jusqu'en 2007» (terme de son mandat). Mais il semble bien que le Premier ministre israélien se trouve piégé dans les rets de la justice de son pays, et devra, d'une manière ou d'une autre, quitter, vraisemblablement, son poste actuel de chef du gouvernement et également celui de chef du Likoud. Alors qu'en Israël, Ariel Sharon se trouve pris dans la nasse de la justice, le président américain, George W.Bush - qui a reçu à huit reprises l'année dernière le chef du gouvernement israélien - lui tend à nouveau une perche par l'invitation ouverte faite au Premier ministre israélien de venir à Washington, sans doute dans le courant du mois de février prochain estiment les observateurs. Cette invitation a été faite après une rencontre, hier, entre la conseillère présidentielle américaine pour la sécurité nationale, Condoleezza Rice, et le chef de cabinet de Sharon, Dov Weisglass. La partie israélienne s'est empressée de rendre publique, hier, cette visite de Sharon, qui devrait, indique, le chef du cabinet israélien, «(...) permettre de coordonner notamment la position des deux pays concernant la clôture de sécurité». Comme quoi il existe bien une connivence entre Israël et les Etats-Unis, théoriquement «impartiaux» parrains du processus de la «feuille de route» actuellement dans l'impasse. La Cour internationale de Justice de La Haye (CIJ) ouvrira ses audiences sur l'affaire du «mur de l'apartheid» le 23 février prochain, rappelle-t-on. Cette barrière que construit Israël s'enfonce profondément en Cisjordanie, dans les territoires palestiniens occupés. Ces empiétements sont unanimement condamnés par la communauté internationale, mais se révèlent sans effet sur la détermination d'Israël, - soutenu il est vrai par l'ambiguïté des Etats-Unis -, à poursuivre la construction du «mur de l'apartheid» comme le qualifient les Palestiniens. De fait, comme l'indiquait un diplomate, sous le couvert de l'anonymat, «seul Washington a les moyens de faire pression sur Israël», pour le faire revenir à plus de pondération. Mais Washington est-il prêt à le faire, même seulement d'envisager des pressions sur Israël en pleine année électorale? Aussi, alors qu'il est en course pour un second mandat, le président américain est-il prêt à faire le geste salvateur? On en doute fortement, d'autant plus que lors de son discours, d'une heure, mardi dernier sur l'état de l'Union, George W.Bush, n'a fait aucune allusion au dossier proche-oriental, ni réitéré sa «vision» exprimée l'an dernier de deux Etats au Proche-Orient, Israël et la Palestine. Rien, le silence total, sur le conflit le plus récurrent du siècle dernier et de celui qui commence. En revanche, M.Bush, invite M.Sharon, sous le coup de graves accusations de corruption dans son pays, à lui rendre visite. De fait, George W. Bush a déjà commencé sa campagne pour la présidentielle du 2 novembre 2004, et entend caresser dans le sens du poil son électorat juif. Aussi, il est de plus en plus évident que le processus de la «feuille de route», déjà mal en point, demeurera en hibernation, au moins jusqu'aux élections américaines de novembre prochain, et que l'horizon 2005 d'un Etat palestinien indépendant que l'on a fait miroiter aux Palestiniens, tout au long de l'année écoulée, restera une utopie.