«Argo est un film anti-Iran qui manque de valeur artistique, il a reçu la principale récompense grâce à une campagne massive de financement et de publicité (...) destinée à attirer l'attention du monde entier. Un film politique gonflant la réalité.» Mohammad Hosseini, ministre iranien de la Culture Les conséquences du film Argo risquent d'aboutir à une nouvelle détérioration des relations américano-iraniennes. Les autorités de Téhéran envisagent de poursuivre en justice le film de Ben Affleck et la Warner, accusés de véhiculer une «fausse image» du pays. Téhéran ne partage pas beaucoup la vision politique du film Argo. Le pays est au coeur du scénario d'Argo, basé sur une histoire vraie, qui porte sur la crise des otages américains, en 1979. C'est l'avocate française, Isabelle Coutant-Peyre (qui compte parmi ses clients Ilich Ramirez Sanchez alias Carlos), qui aurait été appelée par les autorités iraniennes pour discuter des conditions du procès. Les critiques négatives de la part de la presse locale et de certaines personnalités officielles, à la suite de la victoire d'Argo aux Oscars, auraient motivé la plainte du pays. La presse iranienne évoque également le choix politique fait par Hollywood lors de la 85e cérémonie des Oscars. La télévision publique reproche à Ben Affleck, réalisateur et principal interprète du film, de s'être spécialisé dans «l'exagération», lui reprochant de «gonfler la réalité hors de toute proportion et de créer des scènes fausses». «Produire des films politiques anti-iraniens et récompenser ces films anti-iraniens est un signe clair que politique et art sont mélangés aux Etats-Unis», a précisé le guide suprême, l'Ayatollah Ali Khamenei dans une allusion à Argo. Tout en prenant quelques libertés avec la réalité, le long métrage retrace les coulisses de la rocambolesque exfiltration par la CIA de six diplomates américains réfugiés chez l'ambassadeur du Canada à Téhéran, en les faisant passer pour les membres d'une équipe de film de science-fiction. De plus, Hollywood oubliera sûrement de citer un épisode important de la crise des otages américains en Iran, c'est le fiasco de l'opération Eagle Claw. Une opération militaire qui avait été lancée pour essayer de libérer les otages par un commando. Une planification trop complexe, des problèmes techniques ainsi que des tempêtes de sable imprévues conduisirent à la déroute et l'annulation de l'opération. Trois hélicoptères RH-53D sur huit tombent en panne, et un quatrième entre en collision avec un avion de transport C-130 Hercules au sol et s'écrase, faisant huit morts. Le film Argo a été réalisé grâce à la déqualification d'un dossier classé «secret-défense» pendant de longues années. La publication récemment de ce dossier a montré notamment comment grâce à la production d'un Argo de série Z, des diplomates ont réussi à sortir de l'ambassade américaine par une porte dérobée, le 4 novembre 1979, alors que 52 personnes étaient retenues en otage. [email protected]