Les derniers rapports du département US et de l'ONU sur le trafic de drogue classent le Royaume chérifien en seconde position, juste derrière... l'Afghanistan. La drogue marocaine inonde et gangrène la planète. Cela n'est un secret pour personne. Dit par les Américains sur un ton qui ne laisse de place à aucune concession, l'information prend une autre dimension. Le Royaume chérifien est tombé dans les mailles du filet de l'Oncle Sam qui semble-t-il ne lâchera pas le morceau. Le département d'Etat américain a rendu la sentence. «Le Maroc reste une principale source du cannabis, devancé seulement par l'Afghanistan dans la production du haschich ou résine de cannabis», souligne son rapport sur «la stratégie de contrôle international des narcotiques» publié le 12 mars 2013 qui a été communiqué au Congrès. Une triste performance. Le document du département US, égrené au fur et à mesure, noircit le tableau. Le fléau a déployé ses tentacules. Ses ramifications logent au sein des institutions du Royaume. Que font les autorités marocaines pour l'endiguer? «La corruption de la police et le laxisme tacite dans l'application des lois contre ce fléau demeurent un problème au Maroc», dénonce le document du département d'Etat. Au mois de janvier 2009, 96 personnes, dont bon nombre d'entre elles appartenant aux Forces armées royales marocaines, ont été mises en examen suite au démantèlement d'un important réseau de trafic de drogue entre le Maroc, la Belgique et les Pays-Bas via l'Espagne. 26 civils, 29 éléments de la marine royale, 17 gendarmes, 23 éléments des forces auxiliaires et un soldat», figuraient parmi les prévenus. Une prise qui révèle l'ampleur du phénomène au sein duquel le Maroc se taille la part du lion. C'est quoi la drogue chez notre voisin de l'Ouest? «Une culture de rente importante» souligne l'enquête du département américain. Le Maroc s'est forgé un statut de plaque tournante du trafic mondial de drogue. C'est incontestable. Principal fournisseur de cannabis, il sert de surcroît de «zone de transbordement» pour la cocaïne en provenance d'Amérique latine et destinée au continent européen. «La plupart des grandes expéditions de haschich marocain à destination de l'Europe sont transportées par bateaux à moteur et par d'autres petites embarcations...compte tenu de sa situation géographique et de ses infrastructures de transport, le Maroc sert de zone de transbordement pour la cocaïne en provenance d'Amérique latine qui est introduite clandestinement par l'Afrique de l'Ouest pour l'acheminer vers l'Europe», indiquent les rédacteurs du document. Le commerce de la drogue est un secteur-clé de l'économie marocaine. «La culture du cannabis procure des revenus à 800 000 personnes, et représente 3,1% du PIB agricole du Maroc» poursuit le rapport du département de John Kerry. Ce qui confirme, par ailleurs, que le trafic de drogue est bien au coeur de la question de la réouverture de la frontière terrestre entre l'Algérie et le Maroc. L'Algérie n'est pas contre, mais veut avant tout «garantir la sécurité à ses frontières...mettre un terme au flux de stupéfiants provenant du Maroc vers l'Algérie... et maîtriser la question de la circulation des personnes et des marchandises», avait expliqué le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, dans une interview accordée au début du mois de décembre 2012 à la chaîne de télévision saoudienne al-Arabiya. En 2012, plus de 51 tonnes de kif traité ont été saisies par les services de la Sûreté nationale à travers une douzaine de wilayas de l'ouest du pays (OranMostaganem, Saïda, Aïn Témouchent, Tiaret, Naâma, El Bayadh...) devenues des étapes privilégiées du trafic de drogue de par leur proximité avec le Maroc...