S'il y avait une personne extrêmement déçue, jeudi dernier, à l'issue de l'assemblée générale élective de la CAF, c'était bien Abedi Pelé. L'ex-star du football africain et du Ghana avait postulé pour une place au sein du comité exécutif de l'instance du football continentale et avait été battue par le Nigérian Amos Adamu, qui obtenait, ainsi, un autre mandat comme représentant de la zone ouest. Interrogé par des journalistes à l'issue du scrutin, Pelé n'avait pas mâché ses mots pour critiquer le président de la CAF, Issa Hayatou qui venait d'être reconduit pour un autre mandat. «La CAF est un cercle fermé, avait-il dit. On ne veut pas en son sein des anciens joueurs. J'aurais applaudi des deux mains la réélection de Hayatou si j‘avais su qu'il servait le football africain. Malheureusement, il est loin de le faire. L'argent que la CAF brasse ne sert pas le football de notre continent. Aujourd'hui, j'ai été battu. J'ai encore le temps et je suis patient. Je suis sûr que viendra le jour où j'entrerai à la CAF et là, croyez- moi beaucoup de choses changeront». Cette sortie médiatique de l'ex-star ghanéenne aurait pu être prise comme une mauvaise réaction suite à la déception née de sa non- élection. En fait Pelé ne faisait qu'exprimer un sentiment partagé par beaucoup de membres présents ce jour-là à cette assemblée générale. On a pu découvrir à cette occasion que les opposants à Hayatou prennent de l'importance, même si le Camerounais a été aisément réélu. Plus les années passent et plus son aura décline. Au sein du comité exécutif, il a perdu quelques-uns de ses principaux soutiens sous la pression du patron de la FIFA, Joseph Sepp Blatter, qui cherche ainsi à l'affaiblir et se venger des coups bas qu'il avait mijotés contre lui à l'occasion du dernier congrès électif de l'instance du football international. On se souvient qu'un front anti-Blatter s'était formé sous la houlette de Hayatou, qui s'était porté candidat à la présidence de la FIFA ce qui avait amené le secrétaire général de l'instance de l'époque, Michel Zen Rufinen, à monter un dossier contre son propre patron où il était question de corruption. Blatter, réélu, avait vite fait de se débarrasser de son SG puis pousser à la porte quelques membres qui s'étaient ligués contre lui. Le Suisse a, depuis un certain temps, effectué une opération de charme envers les Africains qui voient en lui quelqu'un qui défend mieux les intérêts du football continental. N'est-ce pas Blatter qui est intervenu en faveur des joueurs africains qui ont été empêchés de rejoindre leurs sélections nationales par leurs clubs européens au moment où Hayatou vaquait à des opérations de prestige visant à lui assurer des voix pour sa réélection à la tête de la CAF? Jeudi dernier, lors de son allocution devant les membres de l'AG de la CAF, il a enfoncé le clou et malmené Hayatou en tendant une perche aux représentants du football africain. «L'Afrique aura l'organisation de la coupe du monde en 2010, avait-il dit. Mais ses chances de la gagner sont infimes parce qu'elle va au combat en état d'infériorité. La coalition Europe-Amérique du Sud avec ses 18 représentants part avec un énorme avantage sur l'Afrique qui ne compte que 5 représentants. Ses chances de remporter le trophée sont nettement plus grandes par rapport à celles des Africains». Tout le monde avait compris ce jour-là que Blatter faisait un appel aux Africains pour qu'ils se battent pour augmenter le nombre de leurs représentants à la Coupe du monde. Une démarche audacieuse car l'on sait que le patron de la FIFA risque de s'attirer les foudres des Européens qui ne voudront, certainement, pas céder sur le nombre de leurs représentants. En tout cas, Blatter a marqué de nombreux points, ce jour-là, et Hayatou pourrait vivre en ce moment son dernier mandat à la tête de la CAF.