Trois journées en hommage à un chanteur d'expression kabyle, Zerrouki Allaoua, ont été organisées à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou du 15 au 17 avril. Pathé Marconi, célèbre éditeur parisien, l'a surnommé le rossignol. Doté d'une voix envoûtante, Zerrouki Allaoua (1915-1968) est considéré parmi les pionniers de la chanson kabyle. Les jeunes mélomanes d'aujourd'hui savent peu de choses sur lui. Pour faire connaître son parcours artistique, un hommage lui a été rendu à la maison de la culture Mouloud Mammeri du 15 au 17 avril. L'initiative est de MAS-Production, une boîte privée spécialisée dans l'organisation de spectacles, sous l'égide de la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou. Le coup d'envoi de ces journées évocatrices a été donné, mardi dernier, en présence de Akila, la fille de Zerrouki Allaoua, et de nombreux invités et d'admirateurs de cet artiste racé, décédé à l'âge de 53 ans. S'en est suivie l'ouverture d'une exposition d'objets, de photographies et d'articles de presse relatifs à la biographie et à la discographie du chanteur. Dans l'après-midi, une conférence sur la vie et l'œuvre de Zerrouki Allaoua a été animée par le journaliste écrivain, Rachid Mokhtari, suivie d'une vente dédicace de son livre intitulé Slimane Azem, Allaoua Zerrouki chantent Si Muhand u Mhand paru aux éditions APIC. Le conférencier s'est longuement étalé sur la biographie et l'œuvre de l'artiste disparu. « À l'écouter, on n'a pas besoin de le comprendre. On le délecte. Zerrouki était l'un des meilleurs représentants de la chanson kabyle par la voix et l'introduction de nouveaux instruments. Il était en avance sur son temps », a témoigné en substance ce spécialiste de la chanson kabyle. Sur un autre plan, Rachid Mokhtari a mis en relief l'engagement de ce chanteur, en faveur de la guerre de Libération nationale. « Allaoua Zerrouki a vendu ses biens pour aider la fédération FLN de France et fustigeait constamment les harkis », a-t-il révélé à ce propos. Des projections vidéos, des récitals poétiques, une chorale présentée par la troupe Anzar de la maison de la culture Mouloud Mammeri et un spectacle artistique étaient également prévus au programme de ces journées. Né le 5 juillet 1915 à Amalou dans la région de Béjaïa, Zerrouki Allaoua a flirté avec l'art dès son jeune âge. La chanson andalouse fut son premier penchant qui marquera ses débuts dans la chanson. Au milieu des années 40, il quitte le pays à destination de la France où il sort son premier disque en 1948 chez Pathé Marconi. Tilifun sonni sonni, Ya lahbab el youm kifah. C'est le début d'une grande carrière artistique. Ses compositions ont pour thématique générale les affres de l'exil, la séparation avec les siens, sa bien-aimée et cousine maternelle Nouara qu'il épousera en 1953 et la nostalgie du pays. En 1965, accompagné par l'orchestre de Cheikh Missoum, il fera une tournée dans plusieurs villes algériennes. Zerrouki a composé une vingtaine de chansons. Les plus connues sont El babur (ô bateau), Atasekurt (ô perdrix), Sidi Aïch, Tskhilek attir (je t'en prie oiseau), Daçu igerbeh ? (Qu'a-t-il gagné ?), Lewjeb nwassen (supplice de l'autre jour), Ay aâziz attas itezhidh (aimé, tu t'es trop amusé !), Zhar ulach (pas de chance), ou encore Ayakal ourthetsgheyir (terre préserve son visage), en hommage au colonel Amirouche Aït Hamouda tombé au champ d'honneur en mars 1959. Il décède en France le 17 novembre 1968 où il repose à ce jour au cimetière du Père La Chaise à Paris.