«La France est le premier investisseur en Algérie» Le diplomate, très serein, a estimé que les relations entre Paris et Alger sont objectivement meilleures, après une période de refroidissement. L'ambassadeur de France en Algérie, André Parant, en visite à Constantine depuis hier, a animé une conférence de presse à l'Institut français lors de laquelle il a abordé, avec beaucoup de franchise et sans réserve, toutes les questions de l'actualité, aussi bien sur le plan politique et sécuritaire, qu'économique et culturel. Le diplomate, très serein, a estimé que les relations entre Paris et Alger sont objectivement meilleures, après une période de refroidissement. Des relations qui, selon lui, s'inscrivent dans une nouvelle dynamique avec une vision neuve. Accompagné par le consul de France à Annaba, Sameh Safty, l'ambassadeur n'a pas manqué d'exprimer toute sa compassion avec les familles de Brahim et Haroun, les enfants assassinés la semaine dernière à Constantine dans des circonstances dramatiques, exprimant sa solidarité à l'égard de la population constantinoise. Qualifiant Constantine de ville impressionnante, l'ambassadeur bien imprégné, a jugé nécessaire d'étaler sa feuille de route devant les journalistes, tout en expliquant l'objectif de sa visite. «Je suis à Constantine pour mieux connaitre l'Algérie, dans sa richesse et sa diversité, découvrir la population, prendre contact avec les personnalités et responsables locaux, et notamment pour faire le point sur le développement de la coopération algéro-française.» Dans ce contexte, il a relevé qu'il y a davantage d'efforts à consentir pour donner un élan plus actif et plus dynamique à la coopération culturelle. A ce titre, dira-t-il «des pistes concrètes ont été évoquées dans le domaine muséal, puisque Constantine prévoit la construction de trois nouveaux musées». Pour l'ambassadeur, il est question aussi de relancer le jumelage entre Constantine et Grenoble qui a connu un recul ces dernières années, en soulignant que «la perspective de participer au projet d'aménagement des berges du Rhummel et la rénovation du patrimoine historique ont été deux points soulevés lors des entretiens auxquels j'avais pris part avec les responsables». D'autres secteurs ont été identifiés comme prioritaires dans la coopération entre les deux pays. Outre le domaine de la culture, l'enseignement supérieur, la recherche et le partenariat économique semblent des opportunités autour desquelles s'articule la coopération entre les deux parties. Abordant ces sujets, le conférencier a admis, néanmoins, qu'il y a eu des occasions manquées, tout en rappelant qu' «il y a une volonté nouvelle pour développer la coopération d'intérêt commun entre les deux pays». «C'est ce que j'ai ressenti lors de la visite du président François Hollande», a-t-il précisé avant d'ajouter qu' «il y a réellement une volonté et des efforts perceptibles pour surpasser les différends du passé». Pour le diplomate, le contexte actuel est favorable pour engager et encourager l'investissement sur le marché algérien; un investissement créateur de richesses et initiateur d'un véritable transfert de compétences dans un contexte global d'échange d'expériences. A ce propos, il a tenu à insister sur le fait qu'«hors hydrocarbures, la France est le premier investisseur en Algérie». Pour lui, le climat d'affaires est globalement satisfaisant, ajoutant que «les deux pays sont conscients de l'importance et l'urgence de balayer toutes les difficultés et d'améliorer le climat pour l'investissement étranger». Au sujet de la question sécuritaire, Son Excellence l'ambassadeur de France a noté, tout en reconnaissant le rôle de l'Algérie dans la lutte antiterroriste, qualifiant l'expérience des services de sécurité algériens d'incontestable, que la coopération entre les deux pays est très étroite et n'a jamais été aussi meilleure, «elle l'a toujours été d'ailleurs, elle ne date pas des dernières semaines, elle-même très active et tout se passe bien» a-t-il assuré. Toujours dans ce même contexte, le diplomate a relevé en réponse à une question d'un journaliste qu'aucun ressortissant français n'a été rapatrié, précisant que «les ressortissants français ont séjourné quelques jours à Alger avant de reprendre leurs postes». Le conférencier est ensuite revenu sur l'intervention militaire de la France au Mali, qui n'a été, selon lui, qu'une réponse à l'appel du gouvernement de transition malien en s'interrogeant sur les conséquences tragiques qu'aurait pu subir ce pays, si une intervention n'avait pas eu lieu. Pour lui, Bamako était sur le point de tomber entre les mains des terroristes et il fallait réagir au plus vite. L'action française a, selon lui, été saluée par de nombreux pays, même si entre la France et l'Algérie, des divergences ont apparu. L'urgence d'une intervention était inévitable, a-t-il estimé. Selon le diplomate, cette action militaire doit être conjuguée avec un effort politique et «c'est ce qui se fera dans les prochains mois», a-t-il affirmé. En soulevant la question de la Syrie et sur la volonté de la France d'armer les insurgés, l'ambassadeur a noté que pour l'instant, il s'agit juste d'une réflexion et aucune décision n'a été prise dans ce sens. Mais, à ce niveau, a-t-il ajouté, «la France ne souhaite agir qu'en partenariat». Concernant le dossier des visas, le diplomate a tenu à révéler quelques chiffres comparatifs en affirmant que 210.000 visas ont été accordés en 2012, rappelant qu'un service pour les prises d'empreintes des candidats postulant à un visa sera actif à Alger, et dont l'objectif est de réduire le taux de refus. «Alger a été l'une des capitales pilotes, pour cette approche», a-t-il dit; une expérience qui devrait s'étendre à Annaba et Oran.