La santé publique est en proie à un conflit qui est loin de connaître son épilogue. Il s'agit bien sûr, du débrayage illimité du syndicat national des médecins spécialistes (Snpssp) qui illustre, de façon manifeste, que nos dirigeants ne sont pas uniquement des adeptes du mutisme mais également des partisans de la surdité. En dépit du fait que le département de M.Redjimi s'engouffre dans une totale indifférence face au ton durci des membres du Snpssp, les responsables du ministère de la Santé «s'entêtent à faire valoir leur déraison», pour reprendre une expression du Dr.Yousfi, président du syndicat gréviste. Interpellés pour intervenir dans le règlement de ce conflit qui ébranle le secteur des blouses blanches, le président de la République comme son chef du gouvernement n'ont accordé aucun intérêt aux cris d'orfraie lancés par le Snpssp au sujet de ses revendications... Ces mêmes revendications ont, pour rappel, fait l'objet d'une grève de 67 jours initiée par le Snpssp au courant de l'année 2002 et qui a débouché sur la signature d'un accord portant engagement du gouvernement à leur concrétisation. Depuis, l'application sur le terrain du contenu de l'accord paraphé le 13 novembre 2002 tarde à venir et les membres du Snpssp ont été contraints de reprendre la grève pour rappeler leurs engagements aux pouvoirs publics. Premier concerné, le ministère de la Santé a tout simplement renié les termes de l'accord de 2002. Ainsi, le Syndicat des médecins spécialistes s'est retrouvé à la case départ. «Nous sommes trahis par le ministère de la Santé», n'a cessé de répéter le Dr.Yousfi, président du Snpssp. Demain, un rassemblement national des médecins spécialistes aura lieu devant le siège de la chefferie du gouvernement en signe de protestation contre «l'attitude scandaleuse de la tutelle», indique un membre du Snpssp. L'action de demain survient après l'échec des négociations lors de plusieurs rencontres de conciliation ayant regroupé les membres du syndicat gréviste et les responsables du ministère de la Santé. Le principal point du conflit entre les deux parties protagonistes, ce sont les dispositions transitoires d'intégration qui permettent aux médecins spécialistes de la santé publique l'accès à un grade supérieur. De son côté, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (Msprh) a rendu public, hier, un communiqué intitulé «Le Msprh dénonce le mensonge et les dérapages verbaux» où ses rédacteurs ont mentionné que «si la revendication du Snpssp pour des mesures d'intégration n'a pas pu aboutir, c'est tout simplement parce que le président du Snpssp demande une faveur et non pas un droit». Les modifications statutaires intervenues lors de l'accord du 13 novembre 2002 n'ont pour finalité, selon les responsables du ministère, que de permettre à tous les anciens de passer aux nouveaux grades supérieurs. Sur le même ton, le ministère de la Santé s'insurge, dans son communiqué, contre les déclarations «outrageantes et mensongères» du président du Snpssp concernant «un prétendu acquis en matière de dispositions transitoires». Aux yeux du ministère de la Santé, le président du Snpssp «demande un égalitarisme qui est contre la notion du mérite».