Une rencontre qui a permis au penseur algérien de présenter au pape François le vrai visage de l'Islam Le professeur Mustapha Chérif, qui se trouvait à Rome pour recevoir le Prix de la culture de la paix, a été reçu au Vatican en audience par le nouveau souverain pontife, parmi les personnalités représentatives des autres grandes religions et cultures du monde. Un privilège qui a permis au penseur algérien, qui avait rencontré le précédent pape, de présenter au pape François le vrai visage de l'Islam qui a donné une lumineuse civilisation respectueuse du pluralisme. Mustapha Chérif a exprimé ses voeux pour le renforcement du dialogue interculturel et interreligieux, en précisant que l'Algérie, terre d'hospitalité a toujours été à l'avant-garde de la défense de la dignité humaine et de l'amitié entre les peuples. Le souverain pontife a affirmé qu'il était important de promouvoir l'amitié et le respect entre les différentes traditions religieuses pour réaliser la coexistence pacifique entre les peuples. L'Expression: Professeur, quelles furent vos sentiments à l'occasion de cette audience exceptionnelle que vous a accordée le nouveau pape François 1er, parmi les personnalités représentatives des autres grandes religions et cultures du monde, vous qui aviez déjà rencontré son prédécesseur? Mustapha Chérif: C'est avec un sens profond de la responsabilité que j'ai eu l'honneur de rencontrer le nouveau pape ce mercredi 20 mars 2013, après avoir été reçu en 2006 par son prédécesseur. Conscient, qu'à travers ma personne, en me recevant, en me serrant la main et en échangeant avec moi, c'est comme si ce nouveau pape saluait toute la Umma et toute l'Algérie. Dans un respect et une estime réciproques. En tant qu'intellectuel algérien, je ressentais que c'est une fierté qui concerne mon pays. Le sentiment réside aussi dans le fait que cette rencontre d'une grande intensité avec le souverain pontife François 1er signifie que la détermination, la patience et le travail finissent toujours par être récompensés. D'autant que ce même jour, j'ai reçu à Rome le Prix de la culture de la paix. L'image de marque de l'Algérie est ma passion. Que lui avez-vous exprimé à cette occasion privilégiée? Il s'agit toujours, à mes yeux, de présenter le vrai visage de notre civilisation méconnue. Le message se veut positif. Tout d'abord je lui ai exprimé nos meilleurs voeux, que les musulmans, en particulier ceux de mon pays, lui souhaitent de réussir dans sa haute mission morale, notamment pour contribuer à faire reculer les injustices dans le monde. En précisant que l'Islam, troisième rameau monothéiste, est une civilisation qui respecte le droit à la différence et appelle à la coexistence pacifique et au vivre-ensemble juste. De la relation islamo-chrétienne dépend l'avenir. J'ai souligné que nous ne devons pas cesser d'oeuvrer par le dialogue et des engagements concrets pour bâtir des passerelles entre nos mondes. De ce fait, contrairement à la propagande du choc des civilisations, il n'y a pas d'hostilité entre les civilisations. Aujourd'hui, toutes les religions célestes et toutes les cultures, font face à des défis communs sans précédent. Nous avons besoin les uns des autres pour créer une nouvelle civilisation qui fait défaut. Dans ce sens, quels conseils donnerez-vous aux nouvelles générations au regard du dialogue, du rapport aux autres cultures, aux autres sociétés et à la diversité du monde? Chaque Algérien est ambassadeur de son pays. Il faut veiller à être exemplaire et garder toujours l'espérance. La diversité est une richesse. Reste à articuler spécificité et universalité. Je leur dirais que l'ouverture au monde dans la fidélité à nos racines est le chemin porteur d'avenir. Je leur rappellerai que depuis la nuit des temps, de Massinissa à Jugurtha, jusqu'à l'ère contemporaine, de l'Emir Abdelkader au Message de Novembre, l'Algérie est attachée à la culture de la paix et à la culture de la dignité. Deux dimensions indissociables. Par le dialogue, l'échange et le partage, s'établit un enrichissement mutuel. En tout état de cause, les défis de la mondialisation et du désordre mondial obligent à dialoguer pour éviter des confrontations nuisibles pour tous. Les voies et moyens pour réussir sont avant tout ceux du savoir, de la connaissance et de l'interconnaissance, se connaître soi-même et connaître le monde pour faire reculer les préjugés et l'ignorance, tout en contribuant au bien commun, de son pays et de l'humanité toute entière.