Les choses se corsent. Nos infirmières et infirmiers sont malades. Ils souffriraient de stress. L'APS, qui donne l'information, précise que c'est l'étude d'une équipe de psychiatres du CHU de Tizi Ouzou qui vient de le révéler. Ne nous affolons pas, ils ne sont pas tous malades. Seulement 41,1% d'entre eux. Même pas la moitié. Maigre consolation car l'étude relève qu'une bonne partie de ces malades fait une addiction aux drogues prescrites pour les soigner. Les plus atteints seraient ceux qui travaillent dans les services chirurgicaux, viennent ensuite ceux des urgences et enfin ceux des services de soins intensifs. Que des services à l'accès, normalement, non autorisé au public. Sur ce plan, l'étude est précise. «64,2% des sujets stressés affirment avoir été exposés à la violence, dont 75,7% sont agressés par les familles des patients et les visiteurs et 37, 5% par les malades.» Cette étude a été réalisée, selon le Pr Ziri Abbès, psychiatre et directeur général du CHU de Tizi Ouzou, qui l'a présentée durant les mois de février dernier et mars en cours. Sur un échantillon de 436 paramédicaux dont l'âge moyen est de 37 ans et exerçant dans cet hôpital. Cette étude appelle plusieurs remarques. Plutôt des interrogations. Il est vrai que des cas de parents qui s'en prennent au personnel hospitalier, ont été signalés, un peu partout, par la presse. Moins pour les «visiteurs». Par contre, c'est plus surprenant que des malades puissent agresser qui que ce soit vu leur état de faiblesse. Admettons qu'il s'agisse de malades ayant bon pied bon oeil, il reste que les lieux signalés par l'étude et où se seraient passées les agressions, il y a les blocs opératoires et la réanimation. Des lieux où le personnel soignant est seul face à des malades en sommeil artificiel. Donc totalement inoffensifs. Et loin de leurs proches. L'étude ne dit pas si ces agressions ont lieu après la sortie des malades de ces lieux. Ce qui expliquerait les éventuels contestations de leurs parents pour telle ou telle raison. Ce qui expliquerait aussi les possibles réactions vigoureuses de malades eux-mêmes, une fois remis sur pied. On reste, cependant, sur notre faim sur cette catégorie «des visiteurs». Qui sont-ils? De quoi se mêlent-ils? L'autre grande question que n'aborde pas l'étude est le sort réservé aux médecins par ces «agresseurs». Pourquoi les parents, les visiteurs et les malades ne s'en prendraient-ils qu'au seul personnel paramédical? C'est le médecin qui soigne. Le personnel paramédical n'agit que sur ses instructions. Le médecin échappe-t-il à leur vue contrairement aux infirmiers? Tout cela manque de clarté. L'étude aurait été plus facile à comprendre si elle n'avait concerné que les services d'urgences où chacun le sait, tout le monde est sous pression. Les médecins comme les parents. Les infirmiers comme les accompagnateurs. Le malade est lui, en général, «out». S'il peut devenir agressif sur la table d'opération ou dans une salle de réanimation, là, franchement, c'est trop fort pour notre «citrouille». Plus prévisibles sont les effets collatéraux d'une telle étude. Qui oserait, en effet, accepter de se faire soigner par des soignants, eux-mêmes malades et drogués? La suggestion retenue est la nécessité de soigner les soignants. L'aboutissement étant de disqualifier complètement notre système de santé. Personne ne croirait que c'est le but poursuivi par l'équipe qui a mené l'étude. Ils se mettraient de fait au chômage. Surtout qu'il n'y a que le CHU de Tizi Ouzou qui est concerné par l'étude. Ces auteurs ont-ils pensé que les malades et leurs parents risquent d'éviter cet hôpital et aller se faire soigner dans les autres CHU du pays? Difficile de croire que c'est le but recherché. Il y a comme une erreur quelque part. Le Pr Ziri n'a peut-être pas tout dit!