Le Premier ministre tunisien Ali Larayedh, nommé fin février dans un contexte de grave crise politique, s'est dit déterminé à «redonner confiance aux Tunisiens» et a promis «la fermeté» de son gouvernement face aux violences, notamment de la mouvance salafiste. «Nous voulons être bien plus fermes et déterminés que jamais. Nous ne ferons aucune concession sur la sécurité des Tunisiens. Un Etat démocratique, c'est un Etat fort», a déclaré au journal Le Monde, l'islamiste Ali Larayedh, promettant «un changement de ton». M.Larayedh, ancien ministre de l'Intérieur, a été nommé le 22 février après la démission d'Hamadi Jebali, également membre du parti islamiste Ennahda, dans un contexte de grave crise politique exacerbé par l'assassinat le 6 février à Tunis de l'opposant Chokri Belaïd. «Je veux redonner confiance aux Tunisiens, en eux-mêmes et dans leur futur», a déclaré M. Larayedh. «Le plus grand objectif que nous avons réalisé jusqu'ici c'est la liberté, mais encore faut-il qu'il n'y ait pas d'atteinte aux droits des femmes, aux artistes, à la culture». «Il n'y a pas de dialogue avec ceux qui sont en guerre contre la société», a-t-il ajouté. La Tunisie est confrontée à l'essor de groupuscules islamistes, notamment responsables, selon les autorités, de l'attaque de l'ambassade américaine en septembre 2012 et de l'assassinat de Chokri Belaïd. Artistes et intellectuels sont également la cible de groupes salafistes qui ont multiplié les attaques depuis la chute de Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011. «Nous ne sommes pas à l'abri des attaques terroristes, vu nos frontières difficiles à garder, et ce qui se passe en Libye», a en outre déclaré M. Larayedh, assurant toutefois qu'il n'y a pas de camp d'entraînement (jihadiste) en Tunisie» et que «pour l'instant, il y a plus de saisies d'armes que d'actions armées». Concernant la situation politique, M.Larayedh a estimé que la Constitution tunisienne devrait «être achevée d'ici à mai, juin au maximum, afin de préparer les élections législatives et présidentielles en novembre». La vie politique tunisienne est paralysée depuis des mois par l'incapacité du parti islamiste au pouvoir Ennahda, ses partenaires et l'opposition à se mettre d'accord sur une nouvelle loi fondamentale, plus de deux ans après la révolution.