La seconde session de l'APW s'est ouverte lundi dans un climat empreint de suspicion et d'un double conflit latent qui ne voulait pas dire son nom. Bien avant l'ouverture, des dizaines de transporteurs sont venus rencontrer les élus pour dénoncer les décisions arbitraires prises par la direction des transports à leur égard. Le problème date de l'époque du wali précédent qui avait demandé à la directrice de surseoir àl'application d'une décision centrale interdisant les petits véhicules à sept places. Depuis, rien n'a été fait pour dénouer le conflit. La seconde session APW s'est ouverte lundi dans un climat empreint de suspicion et d'un double conflit latent qui ne voulait pas dire son nom. Depuis l'installation des vice-présidents et la scission qui a caractérisé le RND, parti allié du FLN au sein de cette APW aux côtés du MPA, le problème des détachements et des avantages pécuniaires a scindé l'auguste assemblée en plusieurs clans distincts. Le second conflit a vu le jour avec la sortie du nouveau wali à Sour El Ghozlane quand il reprochera à un élu de cette APW d'obédience MHS de faire de la politique en utilisant les difficultés des citoyens comme argument populiste. Dès la fin des procédures protocolaires qui caractérisent chaque début de session, l'écoute de l'hymne national, la lecture d'un verset coranique et la vérification du quorum, cet élu prendra la parole pour faire une mise au point où il reprochera au nouveau responsable de l'exécutif son refus de regarder la réalité et de ne pas accepter la critique. L'argument et l'accusation restent trop légers et ressemblent plus à un procès d'intention quand on sait que le wali n'est qu'à la phase de prospection et d'évaluation de la situation de la wilaya. L'intervenant ira jusqu'à décider de ne plus sortir avec le wali comme si cet accompagnement pouvait être indispensable. Les deux grands dossiers retenus pour la session sont ceux de l'éducation nationale et celui tant attendu de la santé. Le président, le docteur Ziane expliquera que le choix est motivé par l'importance de ces secteurs et leur impact direct sur les citoyens. Si pour l'éducation il n'était plus question de l'évaluation et des propositions en vue de la rentrée scolaire, pour la santé il est primordial de diagnostiquer une situation où rien ne va. «Le chef-lieu de Bouira ne dispose d'aucune structure sanitaire en mesure de prendre en charge un cas bénin» le constat est celui d'un élu. Le président et le wali mettront cette défaillance sur le compte d'un problème national, le manque de spécialistes et de paramédicaux et inviteront tout le monde à se mobiliser pour mettre un terme à une situation qui met en danger toute une population. Le directeur du secteur, M.Mekhaldi Liamine axera son intervention sur cinq points: les infrastructures, la scolarité, l'encadrement, la formation et les activités parascolaires. A coup de chiffres, le directeur montrera les nettes avancées enregistrées par le secteur dans les diverses activités de son département. Le taux d'occupation des classes, la couverture sanitaire, la prise en charge en matière de restauration, de dotation en manuels, de transport scolaire, de structure pour la pratique sportive, de chauffage... ont enregistré des taux souvent supérieurs ou égaux aux taux nationaux. Même si les données exposées restent satisfaisantes, tout ne baigne pas dans l'huile. L' enseignement de tamazight reste un point noir. Son caractère facultatif écoeure plus d'un quand on sait que seuls quelques établissements de la région Est continuent à dispenser cet enseignement. Ainsi sur 517 écoles du primaire, 104 offrent la possibilité aux enfants d' être en contact avec la seconde langue nationale. Pour le CEM, sur 118 collèges de la wilaya, 40 seulement dispensent cet enseignement. Pour le secondaire, 12 lycées sur 46 assurent cet enseignement. L'autre point considéré par les élus comme une priorité absolue reste le classement de la wilaya aux examens nationaux de fin d'année. Bouira a occupé la 38e place nationale au Bac. «Il faut tout faire pour avancer dans ce classement surtout que tous les moyens sont mis pour atteindre cet objectif» exigera un intervenant. La commission APW pour sa part présentera son rapport en axant sur les quelques points noirs constatés ça et là à travers la wilaya. Il faudra l'intervention d'un élu pour mettre le point sur trois cas où il y a un réel danger qui menace les apprenants. Le lycée d'Ath Laâziz, daïra de Bouira, inauguré il y a trois ans, subit de grosses fissures causées par les glissements de terrain qui touchent cette région collée au versant sud du Djurdjura. La même situation prévaut à Maâla, daira de Lakhdaria où même le mur de soutènement menace de tomber. Le troisième cas concerne le CEM de Krarib commune d'Aomar au nord, où les affaissements de terrains autour ont déstabilisé l' établissement. Au lieu d'aller vers ces cas graves, les membres de la commission et la majorité des intervenants ont axé leurs interventions sur les dégradations sans préciser qu'il s'agit plus de la responsabilité des élus communaux que celle de la direction de l'éducation en mettant en évidence le manque de robinets, en accusant les enseignants d' être des va-en-grève, en continuant à reprocher à l'école son échec et en l'accusant d'être à l'origine de tous les maux du pays... Lors des débats, le conflit latent cité plus haut était plus qu'évident quand des élus commentent les avis de leurs collègues au lieu de poser des questions ou de relever des insuffisances. La seconde journée sera consacrée au secteur de la santé. Nous y reviendrons.