Pourquoi n'a-t-on pas diligenté des enquêtes sur les comptes en banque de quelques juges ou procureurs connus pour la pratique de la corruption sous toutes ses formes ? Lors de sa récente tournée à l'est du pays, le Chef du gouvernement avait déclaré que son ministre de la Justice est «décidé à appliquer la réforme du système judiciaire et ce, en impliquant tous les protagonistes». De son côté, le Président Bouteflika n'a cessé, en plusieurs occasions, de rappeler sa volonté d'en finir avec la corruption et les passe-droits dans le domaine de la justice. En fait, Bouteflika s'est montré «belliqueux» en déclarant ouvertement la guerre aux ripoux des palais de justice. Mais force est de constater que la machine des reformes tarde à se mettre en branle. La Commission de réforme de la justice avait remis son rapport au département ministériel sans que des mesures concordantes soient mises en application. En un mot, ça traîne. Et ce, au grand dam des Algériens, qui attendent, espèrent même, que leur justice puisse enfin devenir ce qu'elle doit être, c'est-à-dire, une institution républicaine dont la seule ligne de conduite est inspirée de l'esprit des lois. On est loin, trop loin de cette vision. Des décisions de justice sont bradées, marchandées à coups de milliards et de liens de «b'ni ammisme.» De puissants hommes d'affaires, dont le scrupule est la moindre des qualités, construisent des réseaux de complaisance à travers toutes les cours et tous les tribunaux du pays. Des procès sont politiquement instrumentalisés, comme ce fut le cas de l'affaire des cadres de Sider, de Messerghine, de Sonatrach, de l'Encg, entre autres. Les magistrats véreux devenus milliardaires comme par enchantement, etc. Manifestement, il y a quelque chose de pourri au palais de la justice. Et pourtant, combien de magistrats ont été jugés pour leurs dépassements et reconnus comme des instruments entre les mains d'intérêts occultes? Pas un seul. Pourquoi n'a-t-on pas jugé les magistrats suspendus ou mutés pour corruption ou incompétence? Pourquoi n'a-t-on pas diligenté des enquêtes sur les comptes en banque de quelques juges ou procureurs connus pour la pratique de la corruption sous toutes ses formes? Les Algériens attendent des mesures concrètes et de voir, enfin, des juges et des procureurs présentés à la justice un tribunal pour répondre de leurs délits. Jusqu'à quand les juges qui ont envoyé les cadres de Sider en prison resteront-ils impunis? L'Algérie est malade de sa justice. Sentence trop répétée, trop évidente et qui ne peut, aujourd'hui, s'offrir le luxe de rester confinée dans les tiroirs des bonnes volontés. Bougez M.Ouyahia !