A la tribune, Abdelmadjid Azzi, Djoudi Attoumi, Gilbert Meynier et Albert Nallet A l'occasion de la commémoration du 51e anniversaire de la fin de la Guerre d'Algérie, plusieurs conférences furent prévues en France, auxquelles nous sommes conviés pour apporter nos témoignages réciproques sur l'enfer de cette guerre qui aura duré plus de sept ans et qui a coûté des milliers de morts, que ce soit du côté algérien ou français. La première est organisée par le Forum méditerranéen à la Bourse du travail de Lyon sur le thème précis de «la guerre de décolonisation». Animée par quatre conférenciers, tous auteurs d'ouvrages sur la Guerre d'Algérie, l'historien Gilbert Meynier, désigné en qualité de modérateur qui, après un bref aperçu sur le thème de la rencontre, donna la parole à Djoudi Attoumi, lequel, en sa qualité d'ancien officier de l'ALN et ancien membre de la commission locale de cessez-le-feu, relata le rôle et le fonctionnement de cette commission dans la vallée de la Soummam au lendemain du cessez-le-feu du 19 mars 1962. Il fit part de son parcours, ainsi que de celui du colonel Amirouche, à qui il ne manqua pas de rendre hommage, à son génie dans l'organisation de la Wilaya III historique et à ses qualités hors du commun de chef de guerre, de meneur d'hommes et de sa vision lointaine de la guerre. Puis ce fut au tour de Madjid Azzi, ancien moudjahid, de traiter des origines de la guerre de libération, en insistant sur l'échec des revendications du Mouvement national et surtout sur les massacres du 8 Mai 1945 qui constituèrent un déclic pour le déclenchement du conflit armé. Albert Nallet, le troisième intervenant fit part de son expérience en sa qualité d'ancien appelé de la Guerre d'Algérie, de son service militaire dans la région de Larba N'Ait Iraten, son refus de faire la guerre et les menaces et représailles qu'il subissait de la part de ses chefs, des hommes insensibles à la souffrance humaine, des corvées de bois dont il était témoin etc... Il témoigna de tous ces actes dans un livre intitulé On n'efface pas la vérité en expliquant le choix de ce titre par des inscriptions murales du FLN dans les villages et que les soldats français étaient sommés d'effacer dès le lendemain. Cela se passait dans les villages Ait Frah, Ait Attelli, Taourirt Mokrane et autres. Le quatrième intervenant fut M. Quemeneur, un jeune historien spécialisé dans la Guerre d'Algérie, tout autant que Gilbert Meynier. Il donna chiffres à l'appui, le processus de la colonisation, ses méfaits, l'antagonisme entre le FLN et le MNA, les événements du 17 Octobre 1961. Il dira quelques mots sur sa thèse consacrée à la Guerre d'Algérie, un long travail de recherche de 1350 pages dont il a puisé les informations auprès des archives françaises. La parole fut alors donnée à la nombreuse assistance composée des générations de la guerre et des plus jeunes, tous venus s'informer des témoignages de deux acteurs de la guerre du côté de l'ALN et d'un autre du côté de l'armée française, en présence de deux historiens. Ce sera «des regards croisés» sur la guerre d'Algérie. Les débats très animés se prolongeront jusqu'aux environs de 22h30. La rencontre de Marseille du 25 mars 2013 au lycée Le Chatelier Les trois premiers conférenciers, à savoir Djoudi Attoumi, Abdelmadjid Azzi et Albert Nallet se sont retrouvés une semaine plus tard au lycée Le Chatelier à Marseille devant 120 élèves de 4 classes terminales. Chacun des intervenants, après avoir présenté ses ouvrages, apportera un témoignage émouvant sur son parcours, sur des faits vécus et qui ont suscité un intérêt particulier chez les élèves. Notre ami Jacques Pradel, président de l'association des anciens pieds-noirs progressistes clôturera la rencontre; après avoir fait part de son parcours d'ancien pied-noir de la région de Tiaret et de son attachement à ce pays qu'il aime tant, il insistera sur le rôle odieux de l'OAS qui a pratiqué la politique de destruction des organes vitaux de l'Algérie et de son élite en assassinant des milliers de victimes innocentes qui viendront s'ajouter aux centaines de milliers d'autres de cette guerre injuste et infernale. Il aurait souhaité que l'on ait suivi l'exemple de l'Afrique du Sud: tous les Algériens sans distinction de leur origine ou de leur religion auraient pu oeuvrer la main dans la main pour la prospérité du pays et ce dans le cadre de la Charte de la Soummam du 20 aout 1956; il déplora la folie meurtrière qui s'était emparée de ceux qui ont voulu mettre l'Algérie à feu et à sang au lendemain du cessez-le-feu. D'autres rencontres se dérouleront prochainement jusqu'à la mi-avril. D'abord, pour le 2 avril dans le lycée-St Just et celui de Vaulx-en-Velain devant les classes de terminale. Ensuite, ce sera à l'Institut d'histoire de Rennes pour le 11 avril où la rencontre est organisée par l'association Rennes-Sétif, deux villes jumelées en vue d'échanges fructueux dans le domaine social et économique. De telles rencontres ont permis à chaque fois de réunir un public nombreux, ce qui augure d'un rapprochement entre Algériens et Français au moment où les deux pays allaient connaître une nouvelle ère depuis la visite du Président François Hollande.