Peut-on se permettre le luxe de pareille décision ou encore de violations des droits de l'homme et d'atteinte au droit de mobilité des personnes? Le porte-parole de l'association SOS Disparus, Hacene Ferhati, semble faire l'objet d'une mesure d'interdiction de sortir du territoire national. Le 26 mars dernier, alors qu'il s'apprêtait à se rendre en Tunisie pour participer au Forum social mondial (FSM) de Tunis, ce membre actif de SOS Disparus a été bloqué, en compagnie de 96 autres militants, au niveau de la frontière algéro-tunisienne. Le 27 mars, il a été refoulé de l'aéroport d'Alger par la police des frontières. Le lendemain, il est encore une fois refoulé du même aéroport sans aucun motif. «Apparemment, les services de sécurité ne veulent pas me laisser sortir. A l'aéroport, on m'a rien expliqué et on m'a dit qu'il faut voir avec la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn)», a déclaré, hier à L'Expression, Hacene Ferhati, précisant que son passeport n'a pas été confisqué. «C'est une atteinte à la dignité des militants des droits de l'homme et je crains que la mesure est enclenchée contre tous les militants», a-t-il ajouté. M. Ferhati va-t-il déposer plainte ou contactera-t-il la Dgsn pour savoir pour quoi cette interdiction de sortir du territoire national? «Je vais voir avec mes avocats pour savoir ce qu'il faut faire», a-t-il répondu. De son côté, le Collectif des familles de disparus en Algérie (Cfda) a saisi les rapporteurs spéciaux des Nations unies et de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples sur cette affaire. «Confronté à cette violation manifeste de la liberté de circulation, de réunion et d'association de son membre actif et frère de disparu, Hacène Ferhati, le Cfda a saisi ce jeudi 28 mars le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, le Rapporteur spécial sur le droit de réunion et d'association pacifiques et la présidente de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples», souligne le texte signé par la porte-parole Nassera Dutour. Le Cfda demande aux destinataires d'intervenir auprès des autorités algériennes pour lever l'interdiction de quitter le territoire imposée à Hacene Ferhati. Ce dernier demande aussi de le laisser tranquille dans ses mouvements et de respecter son droit de militer pour sa cause dans le cadre de ce que la loi lui permet.