Khartoum a libéré hier sept détenus politiques, les premiers au lendemain d'une amnistie annoncée par le président soudanais Omar El Bechir qui a solennellement invité ses rivaux au dialogue. Les six hommes et une femme sont tous membres de l'Alliance de l'opposition, qui rassemble une vingtaine de partis, a déclaré son chef Farouk Abou Issa. La plupart d'entre eux étaient en détention depuis près de trois mois. «C'est un pas en avant, mais nous en attendons d'autres», a commenté M. Abou Issa, ajoutant qu'il y'avait encore des «centaines» de prisonniers dans le pays, y compris ceux du Kordofan-Sud et du Nil Bleu, deux régions frontalières où l'armée s'affronte depuis deux ans avec des rebelles. Six détenus ont quitté mardi matin la prison de Kober à Khartoum et ils ont retrouvé leurs proches en larmes. Parmi eux figuraient Hisham Mufti et Abdel Aziz Khalid, deux opposants en détention depuis trois mois. Selon Amnesty International, ils faisaient partie, avec quatre autres personnes, d'un groupe de figures de l'opposition arrêtées pour avoir rencontré en janvier à Kampala en Ouganda des rebelles et ratifié une charte prévoyant un renversement du régime de M. Bechir au pouvoir depuis 24 ans. En février, Human Rights Watch avait appelé le Soudan à inculper ou à libérer ces six opposants, arrêtés après la rencontre de Kampala au cours de laquelle une coalition de partis politiques soudanais et de personnalités de la société civile avait ratifié la charte de la Nouvelle aube avec des représentants rebelles venus des régions soudanaises du Darfour, du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu. Ce pacte fixe comme objectif un changement de régime du président Bechir, à la fois par les armes et par des moyens pacifiques. Intervenant lundi à l'ouverture d'une session parlementaire, M. Bechir a annoncé la libération de tous les prisonniers politiques et a relancé une invitation au dialogue. «Nous annonçons aujourd'hui une décision de libérer tous les prisonniers politiques et renouvelons notre engagement, auprès de toutes les forces politiques, en faveur du dialogue», a déclaré M. Bechir sans donner d'indications sur le nombre de prisonniers concernés, ni sur le calendrier. «Nous confirmons que nous allons continuer à communiquer avec toutes les forces politiques et sociales, sans exclure personne, y compris ceux qui sont armés, en vue d'un dialogue national qui apportera une solution à toutes les questions», a-t-il ajouté. Des opposants ont indiqué hier qu'ils attendaient de voir si des prisonniers appartenant aux rebelles de la branche Nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (Splm-N), dans le Kordofan-Sud et dans le Nil bleu ont été libérés.