Khartoum a libéré, hier, six détenus politiques, les premiers au lendemain d'une amnistie annoncée par le président soudanais Omar el-Béchir. Ce dernier a solennellement invité ses rivaux au dialogue. Selon Amnesty International, parmi les libérés faisaient partie certaines figures de l'opposition arrêtées pour avoir rencontré des rebelles et ratifié une charte prévoyant un renversement du régime. En février, Human Rights Watch avait appelé le Soudan à inculper ou à libérer six opposants, arrêtés après la rencontre de Kampala. Une rencontre au cours de laquelle une coalition de partis politiques et de personnalités de la société civile avait ratifié «la charte de la Nouvelle aube» avec des représentants rebelles venus des régions soudanaises du Darfour, du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu. Ce pacte parle du changement de régime à la fois par les armes et par des moyens pacifiques. Intervenant à l'ouverture d'une session parlementaire, le président Béchir a surpris en annonçant la libération de tous les prisonniers politiques et a relancé une invitation au dialogue. «Nous annonçons aujourd'hui une décision de libérer tous les prisonniers politiques et renouvelons notre engagement, auprès de toutes les forces politiques, en faveur du dialogue», a déclaré Omar el-Béchir. «Nous confirmons que nous allons continuer à communiquer avec toutes les forces politiques et sociales, sans exclure personne, y compris ceux qui sont armés, en vue d'un dialogue national qui apportera une solution à toutes les questions», dira le Président soudanais. L'annonce a été accueillie favorablement par l'opposition. Farouk Abou Issa, chef de l'Alliance de l'opposition, qui rassemble une vingtaine de partis, a évoqué «un pas en direction d'un véritable dialogue». Elle a été saluée comme une «très bonne nouvelle» et «un pas en avant», par Farouk Mohamed Ibrahim, membre de l'Organisation soudanaise de la défense des droits et des libertés. Le chef des rebelles de la branche Nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (Splm-N), Malik Agar a été plus nuancé. L'armée soudanaise et le Splm-N s'affrontent depuis l'été 2011 dans ces deux régions frontalières avec le Soudan du Sud où Khartoum cherche à affirmer son autorité. Les combats meurtriers ont touché un million de personnes, dont 200 000 ont dû se réfugier en Ethiopie ou au Soudan du Sud. Le Soudan devrait voter une nouvelle Constitution pour remplacer celle de 2005 basée sur l'accord de paix qui avait mis fin à 23 ans de guerre civile entre le Nord et le Sud. Un conflit qui s'est soldé par la partition du pays en juillet 2011. Signe de l'ouverture de Khartoum, le vice-président soudanais Ali Othmane Taha, potentiel successeur de Omar el-Béchir, s'était déclaré favorable à une participation des rebelles, jusqu'à présent exclus de tout dialogue, à l'élaboration de la nouvelle Constitution. M. B./Agences