La droite annonce l'ouverture d'une classe d'enseignement du berbère pour les candidats à l'épreuve du baccalauréat dès septembre 2004. C'est désormais une habitude. À l'approche des échéances électorales, la question de l'enseignement de tamazight (berbère) revient sur le tapis, avec son lot de promesses. Après la gauche, c'est au tour de la droite de promettre l'ouverture d'une classe préparatoire à l'épreuve de tamazight au baccalauréat. L'annonce a été faite, il y a quelques jours, par le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé, par ailleurs chef de file de l'UMP pour les régionales en Ile-de-France. Participant à une rencontre organisée par la Coordination des Berbères de France (CBF), à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), à l'occasion de Yennayer (nouvel an berbère), Jean-François Copé a assuré que «Luc Ferry (ministre de l'Education nationale) et Xavier Darcos (ministre délégué à l'Enseignement scolaire) ont pour la première fois accepté que soient organisés dans un lycée de Paris les premiers cours de préparation pour le baccalauréat pour la langue berbère». Une classe préparatoire devrait ainsi être ouverte dans le lycée Lavoisier, dans le 5e arrondissement de Paris (quartier Latin) dès septembre 2004. Cet engagement intervient (précision non négligeable) à la suite d'une recommandation de la commission Stasi sur la laïcité. Le porte-parole de l'UMP a été encore plus loin en déclarant qu'en cas de victoire aux régionales, il créerait un espace culturel franco-berbère. La revendication de l'enseignement de tamazight est ancienne. Chaque année, quelque 2000 élèves participent aux cours (facultatifs) de tamazight à travers la France, répartis entre le kabyle algérien et le tachelhit et le tarifit marocains. On estime la population berbérophone de France à environ un million de personnes. «Le berbère mérite de figurer parmi les langues enseignées vu l'importance et l'ancienneté de la population berbère de France, à majorité algérienne», estime Salem Chaker enseignant à L'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), à Paris. «On pourrait instituer tamazight comme deuxième ou troisième langue là où il y a une demande». Le linguiste trouve naturel d'ailleurs que «tamazight figure parmi les langues régionales de France». Pour autant, l'Inalco, qui propose les sujets de bac, n'a pas laissé dans la nature les élèves de tamazigh. Son fascicule distribué à travers le réseau associatif est un précieux support. Mais il faut dépasser le stade du «bricolage». Y a-t-il justement les moyens humains et matériels suffisants pour réussir l'intégration de tamazight? Salim Chaker, désigné pour mettre en place cet enseignement, est formel : le département des «langues O» forme des dizaines de diplômés par an (maîtrise, DEA et doctorat), en mesure de répondre à la demande, dans les grandes villes dans un premier temps. «Il faut préparer sérieusement les élèves, donc leur dispenser des cours de qualité», souligne-t-il. Il est possible de faire face à la demande à Paris, Marseille, Lyon, Lille...Soit une quinzaine de classes, dont une dizaine pour Paris, pour prendre en charge 20 % des candidats. «Il est déraisonnable de demander plus tout de suite». Quant aux financements, c'est au ministère de se donner les moyens de sa politique. Mais en homme averti, Salem Chaker reste prudent. Les périodes électorales sont souvent propices aux effets d'annonce.