Le vice-Premier ministre turc Bülent Arinç a annoncé hier la création d'un comité de «sages» chargé de promouvoir le processus de paix en cours avec les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). «Une délégation de sages a été formée (...) Elle est composée de gens connus et appréciés en Turquie, ouverts au dialogue, qu'ils soient artistes, avec une identité politique, hommes d'affaires, dirigeants ou spécialistes d'ONG ou de centres de réflexion», a-t-il déclaré à des journalistes en marge d'une conférence à Ankara. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui a constitué la liste des 63 «sages», rencontrera le comité ce soir à Istanbul pour évoquer ses missions. «Après ça, ils se mettront au travail pendant un mois dans toutes les régions de Turquie, avec pour but de présenter, d'informer et d'éclairer la population sur le processus de résolution» de la question kurde, a indiqué M. Arinç. «Ils ont été répartis dans des groupes de travail constitués pour chacune des sept régions de Turquie. Un président, un vice-président et un porte-parole ont été désignés», a-t-il précisé. Parmi les personnalités choisies pour faire passer le message de la paix, figurent des artistes populaires comme le chanteur, Orhan Gencebay, ou l'actrice, Hülya Koçyigit, et de puissants entrepreneurs comme l'ancienne représentante du patronat Arzuhan Dogan Yalçindag, selon la liste publiée par les services du Premier ministre. Le groupe comprend de nombreux universitaires et journalistes, avec une forte représentation des courants islamo-conservateurs, proches du gouvernement, et libéraux. Les autorités turques sont en discussion depuis plusieurs mois avec le chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, pour mettre fin au conflit kurde, qui a fait quelque 45 000 morts en 29 ans. M. Öcalan a accompli un geste important en appelant, le 21 mars, ses troupes au cessez-le-feu et à se retirer de Turquie, vraisemblablement vers les bases arrières du PKK dans les montagnes du nord de l'Irak. La direction militaire du PKK a officiellement décrété la trêve deux jours plus tard mais a prévenu qu'elle n'entamerait le retrait que si les autorités turques créent «les commissions et les institutions nécessaires» pour encadrer le processus. M. Erdogan avait indiqué quelques jours plus tard qu'il envisageait la création d'un «groupe de sages» à la fonction strictement «consultative» et de promotion du processus de paix.