Rimes d'amour et de solitude «Je suis sûr que l'artiste naît avec le don d'être sensible à la douleur d'autrui. Je pense que c'est une faculté innée, qui vous est donnée, avec l'instinct, avec l'âme, mais si ce sentiment n'est pas utilisé ou n'est pas exercé, il faiblit et s'estompe», ainsi s'exprimaient ces artistes. «Les pigeons» c'est l'appellation qu'a choisie ce nouveau groupe de chanteurs kabyles, qui vient de naître avec la création du premier album qui annonce un potentiel intéressant que l'écoute des textes et de la musique confirme largement. Créé à Sidi Aich l'année passée le trio composé de Youcef, Idir et Djafar a fait un pas en avant en éditant aux éditions Les étoiles d'Akfadou leurs six chansons traitant des sujets variés sur de belles mélodies comme on les aime et on les apprécie. La première chanson «Taqqur tagra usiram» (l'arbre de l'espoir est mort) de ce groupe s'adresse à une belle fille ensorcelante par sa beauté et son charme mais que le destin a voulu qu'elle s'éloigne du coeur du prétendant à cause d'un mariage arrangé. Il lui dédie cette chanson symbole de son amour tout en exprimant sa fidélité à vie. Le poète chanteur exprime aussi les moments de solitude que personne hormis elle n'a su combler. La deuxième chanson intitulée «Tafs ut» le printemps sur une des plus belles musiques d'Enrico Macias est l'expression d'une nouvelle vie qui s'offre à chacun de nous. Ce choix de la musique traduit la reconnaissance de ce groupe à cet enfant de Constantine qui a toujours exprimé son amour au malouf constantinois. Le texte décrit la beauté d'une femme cueillant des fleurs. Son bien-aimé entend la voix de sa dulcinée. Il la rejoint afin de cueillir le bouquet de l'amour composé de toutes les couleurs. Le troisième texte «yirdunit» (vie amère) exprime une mélancolie. L'auteur compositeur met en exergue toute la lassitude que rencontre l'Algérien dans sa vie quotidienne. Les paroles évoquent la déchéance marquée par des mesquineries sociales. L'artiste traduit en quelque sorte la course vers l'argent en oubliant son prochain. Les pigeons de Kabylie viennent avec une autre chanson «Agrivb» (l'immigré) sur une musique rythmée pour les amateurs de danse kabyle et des voluptueuses notes. Exécutée en duo avec une voix féminine, la chanson relate à coeur ouvert ce qu'un immigré endure dans un pays étranger où tout n'est pas sien et combien la différence semble énorme. Le manque de sa famille lui procure un sentiment d'isolement. Le souvenir de sa maison natale le chagrine et le rend triste et mélancolique. Continuant sur un même rythme tout en recherchant les repères «inid amakara kmattury» (dis-moi comment t'oublier) Youcef et son groupe se demandent comment il arrivera à oublier l'amour de sa vie et comment effacer de sa mémoire, l'image de son visage angélique avec lequel il s'est familiarisé. Cette chanson marque le désespoir par peur de finir ses jours seul. En effet, la séparation est dure à supporter. L'image idyllique revient à la surface et laisse des séquelles qu'aucun remède ne peut guérir. Youcef lance ici, un cri d'amour plein d'amertume. Une déchirure du coeur qu'il n'arrive pas à soigner. Enfin, le texte de la dernière chanson retrouve toute sa gaieté avec «Tasa kurt» (la perdrix). Cet oiseau, symbole de beauté, de souplesse et d'élégance, rappelle toute la féminité d'une femme gracieuse. L'auteur fait allusion à une , ymbole de confiance afin de vivre une vie belle et paisible encensée d'amour et de gratitude.