Un texte de loi et un décret sont en étude dans la prochaine mouture de la loi sur l'information. Après avoir fait un premier geste vers les télévisions algériennes privées clandestines, le ministre de la Communication, Mohamed Saïd, se penche sérieusement sur le cas de la presse électronique algérienne qui diffuse parfois de l'étranger. Un texte de loi et un décret sont en étude dans la prochaine mouture de la loi sur l'information, pour justement réguler ce secteur médiatique parfois incontrôlable et surtout inattaquable juridiquement. Devant cet état de fait, le ministre de la Communication a décidé de réagir et de se pencher sérieusement sur le cas de la presse électronique. Il faut dire qu'avec les réseaux sociaux, les journaux électroniques ont trouvé la bonne parade pour se faire connaître. L'audience des articles des sites tel que Algérie focus, Algeriepatriotique, Algerie360, Algerie1 ou encore Nessnews est en hausse constante. Mais le manque de crédibilité de certains articles et l'absence d'authentification pour certaines informations, ne donnent pas de crédit à certains sites qui n'hésitent pas à reprendre textuellement les articles les plus lus de certains quotidiens nationaux et parfois même des dépêches complètes de l'APS. De plus, la ligne éditoriale de certains journaux électroniques n'est pas claire et les personnes qui écrivent ne viennent pas systématiquement de la presse écrite. L'absence d'expérience dans le domaine médiatique nuit considérablement à la déontologie de certains sites, car ils n'apportent parfois rien au contenu et à l'analyse de l'information. Seul TSA de Lounas Guemache et Maghrebemergent (l'héritier d'Algeria Interface) de Kadi Ihsène et le défunt DNA, qui était dirigé par Farid Alliat, sont à la base des journaux professionnels qui apportent un plus à la scène médiatique et concurrencent sérieusement dans le contenu la presse écrite. Selon certaines sources, le ministre de la Communication devra accréditer les sites dont les responsables ont une expérience dans le domaine médiatique d'au moins 10 ans. Il faut dire que la problématique des journaux électroniques n'est pas propre à l'Algérie. En France, le site le plus connu, Mediapart, qui a joué un rôle-clé dans la révélation de l'affaire Woerth-Bettencourt en 2010 et qui a provoqué un séisme politique avec l'affaire Cahuzac, et qui risque de faire tomber le gouvernement Ayrault, n'est pas officiellement reconnu comme un média. La direction de Mediapart avait déposé une demande à la Commission paritaire (direction des médias qui dépend du Premier ministre) pour qu'il soit reconnu comme entreprise de presse, mais il ne l'a pas été. Il a introduit un recours gracieux dans la perspective d'un éventuel appel devant le Conseil d'Etat. Avec l'affaire Cahuzac, Mediapart a plus que jamais gagné sa place dans le paysage très fermé du monde de la presse française, concurrençant des journaux qui étaient jusque-là intouchables comme Le Canard enchaîné, Le Monde ou Le Figaro. Chez nos voisins marocains, la réglementation de la presse électronique initiée depuis le début 2012, est quasi prête. Avec 16 millions d'internautes et 500 sites d'information, il était nécessaire de réglementer ces sites d'information qui seront bientôt juridiquement reconnus. Le projet de loi sera prochainement publié sur le site du secrétariat général du gouvernement, tandis qu'un livre blanc sera mis à la disposition des journalistes du Web. Ledit livre blanc trace les défis auxquels le secteur fait face: la faiblesse des ressources financières, le respect de la déontologie professionnelle, l'amélioration de la qualité du contenu, ainsi que le renforcement de la formation. «Le livre blanc devrait être un manuel de bonne conduite pour les journalistes du Web». En outre, les journalistes du Web auront leur propre carte de presse en accord avec le projet de loi. Cependant, seuls les sites d'information s'inscrivant dans un processus de professionnalisation bénéficieront de l'aide. Le ministre marocain de l'information veut lutter contre l'amateurisme dans la presse en ligne. Une étude réalisée l'année dernière par l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (Isesco) révélait que 63% des journaux électroniques au Maroc sont fictifs. Selon une étude américaine, la presse imprimée devrait disparaître aux Etats-Unis vers 2019. Avec la rapidité de la diffusion de l'information sur Internet, parfois même avec la vidéo, la presse imprimée va totalement disparaître. Seul les journaux et les magazines de prestige survivront à cette évolution électronique. D'ailleurs, certains journaux l'ont bien compris et ont déjà créé leur version Web du journal.