Organisé à l'occasion de la journée mondiale de la liberté d'expression, la rencontre du ministre de la Communication avec les professionnels de l'information au forum d'El Moudjahid a été l'occasion de débattre du nouveau code de l'information, mais également d'autres questions liées à la profession de journaliste. Concernant l'ouverture du champ médiatique, le ministre a indiqué que «cette question est tributaire d'une décision politique». Dès l'entame de la rencontre, une minute de silence a été observée à la mémoire des journalistes disparus ou assassinés dans l'exercice de leur mission. Le ministre, après avoir rendu un vibrant hommage aux doyens de la presse, a évoqué la question du code de l'information, soulignant que «la révision du code de l'information fait partie des réformes politiques importantes annoncées par le président de la République». A ce propos, il a annoncé «qu'une mouture de la nouvelle loi sur l'information sera prête d'ici le mois de juin». Tout en réitérant son invitation au débat et à la concertation avec l'ensemble des professionnels de la presse (publique et privée), il précisa que «cette mouture fera l'objet de débats avec tous les professionnels, ainsi que d'autres partenaires, partis politiques, organisations professionnelles, juristes et autres». Sur un ton confraternel, le ministre a affirmé que «le code de l'information n'est pas l'affaire d'un ministre ou d'un gouvernement, mais l'affaire de la corporation qui doit être au niveau de la responsabilité qui est la sienne». Un projet qui sera ensuite présenté au gouvernement et au Parlement dans un cadre consensuel. Usant de franc-parler et à propos de la loi sur l'information promulguée il y a 20 ans, le ministre a indiqué que «celle-ci a permis l'éclosion de la presse écrite par le biais de subventions et la mise à disposition de locaux notamment par l'Etat». Néanmoins, il affirma que «notre presse est gangrénée». Il mit en relief en ce sens «le manque flagrant de professionnalisme de certains journalistes et éditeurs et le manque de respect des règles de déontologie et de l'éthique professionnelle». Revenant sur la loi 90-07 portant code de l'information, le ministre a souligné que «celle-ci n'a pas pris en compte l'évolution induite par les nouvelles technologies de l'information et de la communication qui a permis l'émergence de la presse électronique et la télévision par internet (web-TV)» insistant, dans cette optique, sur le fait que «la nouvelle loi sur l'information doit intégrer ces nouveautés, mais aussi améliorer les critères de création de journaux». La dépénalisation du délit de presse devant le conseil des ministres le 2 mai «Le dossier sur la dépénalisation du délit de presse sera débattu en conseil des ministres le 2 mai», a affirmé le ministre, indiquant que «l'article 144 bis et 146 du code de l'information n'ont jamais été appliqués». Il a appelé les journalistes à faire preuve de respect des règles de déontologie et de l'étique professionnelle, soulignant «que ce principe appartient à la profession au même titre que toutes les autres professions». Il a reconnu, toutefois, les conditions de précarité dans lesquelles exercent les journalistes et les dangers auxquels ils sont exposés quotidiennement, avant de rassurer que «la profession doit être immunisée». Evoquant le Conseil supérieur de l'information (CSI), prévu dans le code de l'information de 1990, M. Mehal a rappelé que cette structure a été dissoute par décret en 1993. Il a toutefois affirmé qu'il est disposé à réactiver le CSI au même titre que le Conseil supérieur de l'audiovisuel. «Il faut aboutir à un consensus pour mettre en place ces structures de régulation», a encore précisé le ministre. Au sujet de la création d'une carte de presse au niveau national, M. Mehal a rappelé «l'engagement qu'il avait fait d'établir cette carte vers le mois de juin ou juillet de cette année», indiquant qu'elle fera l'objet «d'un texte (arrêté et décret exécutif) pour aller vers une commission paritaire». Plus explicite dans son intervention, le ministre devait faire le distinguo entre carte de presse et carte professionnelle. «La création de chaînes de télévision privées relève d'une décision politique», a indiqué le ministre qui laissa entendre la possibilité d'un accord du gouvernement. «La décision ne revient pas au ministre de la Communication car elle relève d'une décision politique», a-t-il affirmé. A propos de l'ouverture du statut de la TV et de la radio nationale et faisant référence au discours du chef de l'Etat, le 15 avril dernier, le ministre a annoncé que «la finalisation des statuts de ces derniers sera effectuée lundi prochain». A ce propos, il parlera «d'indépendance», en révélant que «l'objectif consiste à créer de l'émulation au sein de la radio et de la télévision car, jusque-là, «nous avons un clonage de chaînes». Le ministre a aussi annoncé «qu'en plus de l'agence nationale d'information, Algérie Presse Service, qui bénéficiera de nouveaux bureaux à l'étranger, la télévision nationale sera dotée de trois bureaux permanents et structurés au Caire, à Paris et Washington». Comme pour signifier le manque de professionnalisme qui prévaut au sein de la TV et de la radio, le ministre a fait part de son intention d'être exigeant sur la qualité. «Nous devons professionnaliser davantage la TV, sans faire de procès à quiconque». Et avec insistance, il a mis l'accent sur «la libération de l'imagination et de la créativité afin d'atteindre le niveau qualitatif». Concernant la formation des journalistes, le ministre révélera qu'«un fonds d'aide à la presse, de l'ordre de 400 millions DA, est resté gelé et non exploité au niveau du ministère. J'ai proposé de l'utiliser pour la formation des journalistes», a-t-il annoncé, tout en soulignant que «les journalistes de la presse publique et privée sont concernés par la formation à tous les segments. Des conventions seront signées dans ce sens avec l'université algérienne et des institutions étrangères», annoncera-t-il. «Notre presse est gangrenée» Le ministre a dressé un état des lieux peu reluisant de la presse. Sans ambages, il affirma «notre presse est gangrénée», déplorant dans le sillage «l'existence de trabendistes dans le journalisme qui n'honorent pas la profession», faisant allusion aux conditions et aux critères de recrutement des journalistes par les éditeurs et dont certains exploitent les jeunes recrues. A ce propos, le ministre s'est dit scandalisé par les salaires perçus par une catégorie de journalistes. «Je suis offusqué de savoir que des journalistes perçoivent un salaire de 6000 DA», soulignant que «la nouvelle loi sur l'information va, entre autres, dans le sens de l'amélioration de la situation globale des professionnels de la presse». Plus explicite, le ministre a annoncé «qu'une grille nationale des salaires est indispensable pour qu'il y ait un seuil minimum pour les journalistes. Nous travaillons en collaboration avec le ministère du Travail et les syndicats de façon à assurer un plan de carrière aux journalistes», a-t-il annoncé dans ce contexte, ajoutant explicitement «qu'il s'agit de donner à travers cette action un modèle pour la presse privée». Le ministre a «jugé inadmissible que des journalistes soient exploités en Algérie en 2011», ajoutant que «le gouvernement œuvre à remédier à cette situation».