Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Bouguerra Soltani a appelé, hier, au report de la révision de la Constitution car affirme-t-il, «certains cercles du sérail manoeuvrent pour faire passer en force une Constitution à leur mesure». S'exprimant lors de l'ouverture de la session extraordinaire de son conseil consultatif (madjlis echoura), M.Soltani souligne que «seul l'après-Bouteflika intéresse certains cercles opportunistes de l'entourage du chef de l'Etat». D'ailleurs, indique-t-il «ce qu'a voulu mettre en oeuvre Abdelaziz Bouteflika au terme de ses 15 ans de règne à l'image des réformes annoncées en 2011, a été totalement dévoyé, dénaturé et dilué». Pour «barrer la route et couper l'herbe sous les pieds de ses mécènes et étant donné que le délai qui nous sépare de l'échéance présidentielle est très court», le responsable du MSP plaide pour le renvoi du projet de la révision de la Constitution pour après la présidentielle d'avril 2014. Aucun projet de loi consacré aux réformes politiques n'a été approuvé dans sa version initiale, c'est-à-dire telle que conçue et voulue par le président de la République. Toutes les réformes ont été déviées de leur trajectoire, dit-il. Considérant que l'homme, le président, au bout de 15 ans à la tête de l'Etat n'aurait souhaité que marquer à jamais l'histoire de son pays, M.Soltani, indique que «la logique aurait voulu que ce dernier opte pour une Constitution démocratique et immuable. Mais cela sans compter que ceux qui poussent le chef de l'Etat au quatrième mandat veulent préserver leurs intérêts au détriment de l'intérêt général». Au yeux de Soltani, il n'y a aucune garantie à propos de cette révision entourée de zones d'ombre et de flou. De ce fait, il exige des «garanties, notamment concernant le contenu de la feuille de route» car selon lui, le «document de synthèse des propositions faites par plus de 278 sensibilités politiques, aussi bien à la commission du président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, qu'à celle présidée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, «n'est pas rendu public». Soltani est presque certain que cette synthèse a été «escamotée» parce que «les propositions des partis et des associations et autres entités n'ont pas été prises en compte». Outre le contenu «dissimulé» du brouillon de la Constitution, il note également le délai «indéterminé ou non fixé» concernant les réformes et la révision de la Constitution. S'agissant des réformes initiées par le président de la République, il soulignera qu'elles sont toutes avortées et chavirées suite au renversement du processus global pour leur mise en oeuvre. Ceci dit, selon le président du MSP, «on a mis la charrue avant les boeufs». Pour étayer ses dires, il dira que si la majorité des propositions a été pour l'instauration du régime parlementaire, gageons, que c'est le régime présidentiel qui sera maintenu». Evoquant la corruption, il réitère que «la corruption en devises, qui est avant tout politique a atteint des dimensions intercontinentales». Pour rappel, Bouguerra Soltani a appelé récemment à une révision globale de la Constitution pour garantir une transition «claire» vers un régime parlementaire. Dans une allocution prononcée lors de la conférence nationale sur la prospective organisée par le MSP, M.Soltani a souligné qu' il est de l'intérêt national, dans un contexte marqué par des mutations accélérées dans le Monde arabe, de procéder à une révision globale de la Constitution qui prenne en compte quatre revendications essentielles». «S'il n'y a pas de révision de la Constitution avant 2014, c'est que l'actuel chef de l'Etat restera à son poste. Il n'y a pas d'autre explication», a-t-il soutenu dans l'une de ses conférences de presse. La principale modification à faire, soutient-il, doit être «une limitation du nombre de mandats et le remplacement du système présidentiel par un régime parlementaire».