Chaque crime dépasse en horreur les précédents «Notre armée est pure (...), elle ne tue pas d'enfants. Nous avons une conscience et des valeurs et, à cause de notre morale, il y a peu de victimes [palestiniennes].» Des généraux israéliens dans Tsahal, le film réalisé par Claude Lanzmann Il y a 65 ans, était inauguré un massacre de masses, le premier d'une longue série: Deir Yassine, un nom devenu mythique, rejoint par d'autres lieux de supplice: Keblya, Jenine et naturellement Ghaza. Younès Arar nous rappelle les faits: «A l'aube du 9 avril 1948, les commandos de l'Irgun et le Gang Stern ont attaqué Deir Yassine, un village d'environ 750 habitants palestiniens, pour les expulser ou les assassiner.(...) C'est le bruit des balles qui a réveillé les habitants de ce village palestinien, et aussi l'horrible odeur du sang humain. A midi, les milices Stern et Irgoun avaient tué cent Palestiniens, hommes, femmes et enfants, mettant en place le Plan Dalet, conçu et dirigé par Menahem Begin, futur Premier ministre d'Israël. Aujourd'hui, le village de Deir Yassin n'existe plus tel qu'il était mais il vit dans la mémoire de chaque Palestinien. Le monastère pluri- centenaire se dresse au coeur de Deir Yassin comme un témoignage, adressé à Israël et au monde entier, que, il n'y a pas si longtemps, ce lieu était un village palestinien. (...) Aujourd'hui, ironie de l'histoire, se trouve à Deir Yassin le mémorial juif qui commémore d'autres victimes d'un autre mal fait par les hommes, l'holocauste commis par l'Allemagne nazie, en ce lieu où des terroristes juifs ont commis un autre grave crime contre l'humanité.» (1) Younès Arar poursuit son récit macabre: «Le village était entouré de six colonies sionistes, la plus proche étant Giv'at Sha'ul. Les colons sionistes avaient coupé la route principale qui reliait Deir Yassin à al-Quds, plaçant Deir Yassin sous un blocus presque total. (...) Les Palestiniens se sont réveillés aux appels des hauts parleurs leur ordonnant de quitter le village. Les villageois confiants sortirent de leurs maisons pour voir ce qui se passait, et c'est là que le massacre a commencé. Les sionistes ouvrirent le feu sur tous ceux qui essayaient de s'échapper, puis entrèrent dans le village et commencèrent leur «nettoyage»: Des familles entières furent alignées contre le mur et exécutées. Des femmes enceintes furent transpercées à la baïonnette et le corps de leur enfant fût mutilé. L'argent et les bijoux furent arrachés du corps des victimes et les autres effets personnels furent volés avant que les maisons soient incendiées. Sur les 144 maisons de Deir Yassin, au moins 15 furent détruites à l'explosif sur le corps de leurs habitants par les milices sionistes. (...) Un agent enquêteur britannique, l'Inspecteur général Richard Catling, confirma qu'il ne fait aucun doute que de nombreuses atrocités sexuelles furent commises au cours des attaques juives. Beaucoup de jeunes écolières furent violées, puis abattues. De vieilles femmes furent aussi battues. Une histoire revient souvent au sujet d'une jeune fille qui fût littéralement coupée en deux. (...)». (1) Aujourd'hui, l'hôpital de Kfar Shaul est construit sur le site de cet ancien village palestinien proche de Jérusalem. Lors de ce ratissage, les hommes de l'Irgoun et du Lehi prennent les habitations une par une, les nettoyant souvent à la grenade. Après le massacre, la presse relaie le chiffre de 254 victimes civiles. Jacques de Reynier, observateur à l'époque, parle quant à lui d'environ 350 morts. (...) D'après le commandant adjoint de l'Irgoun à Jérusalem, Yeouda Lapidot, c'est le Lehi qui aurait proposé de «liquider les résidents du village après sa conquête [afin de] briser le moral des Arabes, et relever celui des juifs, affectés par la tournure des événements». (2) Ce massacre suscite l'indignation de la communauté internationale. Einstein y exprime par lettre son refus d'être associé à ceux qu'il qualifie de criminels. Le grand physicien Albert Einstein, juif de confession, s'était toujours élevé contre la politique des organisations sionistes et terroristes. Suite au massacre de Deir Yassin, il écrit le 10 avril 1948, à M. Shepard Rifkin, directeur exécutif des amis américains des combattants pour l'indépendance d'Israël «Cher monsieur, quand une véritable catastrophe finale s'abattra sur la Palestine, le premier responsable en sera le gouvernement britannique et les seconds responsables seront les organisations terroristes qui émanent de nos rangs. Je ne veux voir personne associé avec ces gens égarés et criminels». Sincèrement, Albert Einstein.» (3) «Selon Benny Morris, néanmoins, l'épisode a un «effet plus durable que n'importe quel autre événement de la guerre dans la précipitation de l'exode palestinien». «Deir Yassin fut un des deux événements pivots dans l'exode des Arabes palestiniens» (...) IIan Pappé, avec certaines nuances, considère que les responsables du massacre de Deir Yassin pouvaient justifier leurs actes en se référant au Plan Daleth puisque ce dernier acceptait le principe de destruction de toutes les «bases ennemies» jugées stratégiques, que tous les villages aux alentours étaient considérés comme des bases ennemies et que la destruction d'un village implique bien d'en chasser les habitants» (2) Le massacre de Kibya Après Der Yassine, il y eut Kibya, il y eut Jenine. Il y eut Gaza. Sandrine Mansour nous décrit les faits d'arme de Sharon celui qui deviendra un jour premier ministre. Elle écrit: «Détruire et terroriser. En octobre 1953, un commando spécialisé de l'armée d'Israël, l'Unité 101 dirigée par Sharon, mène une opération meurtrière contre le village arabe palestinien de Kibya. Le village de Kibya se trouve à environ 30 kilomètres au nord-ouest de Jérusalem du côté jordanien, et à environ quatre kilomètres de la ligne de démarcation frontalière. (4) Jénine: un massacre à huis clos Bien plus tard, d'autres crimes furent commis. Chaque crime dépasse en horreur les précédents. Jénine nom mythique eut son calvaire. Jénine est une ville de Cisjordanie et un important centre agricole palestinien. L'assaut contre le camp de réfugiés de Jénine, considéré alors par les Israéliens comme une pépinière de kamikazes, dura du 3 au 11 avril 2002, dans le cadre de l'opération «Rempart»:«Le paysage, écrit Amnon Kapeliouk, défie toute description. Une incarnation de l'horreur, une vision d'après ouragan. Des maisons détruites, totalement ou partiellement, des débris de béton et de fer, des fils électriques entremêlés. Au milieu du camp, un terrain vague rectangulaire. Des femmes, des vieux, des enfants, des hommes errent dans les décombres, à la recherche de leurs proches ensevelis. (...)» (...) Quelques dizaines de mètres plus loin, trois hommes arrachent le cadavre de leur père, défiguré, des restes de ce qui fut leur maison dans l'un des quartiers les plus pauvres de la Cisjordanie.» (5) «Jénine poursuit Amnon Kapeliouk a été envahi le 3 avril, cinquième jour de l'assaut contre les villes palestiniennes de Cisjordanie. Un tir nourri, des obus de chars et des missiles d'hélicoptères ont signalé le commencement de l'attaque contre le camp. Plusieurs milliers de personnes sont parties à pied vers sept petits villages de la région; 4000 autres sont restées terrées dans leur maison dans des conditions désastreuses: sans eau, ni nourriture, ni électricité, sans pouvoir aller à l'hôpital et dans une atmosphère infernale de tirs, de bombardements et d'explosions, jour et nuit. Les hélicoptères ont «arrosé» le camp sans pitié. Ici, seuls les Cobra, les redoutables «monstres» qui opéraient durant la guerre du Vietnam, étaient en service.» (5) Amnon Kapeliouk fait parler un militaire participant au carnage, il décrit sans état d'âme son rôle dans l'armée la plus morale au monde: «Un pilote de l'escadrille, le lieutenant-colonel Sh., raconte: «Notre escadrille a lancé pendant tous les jours des combats une quantité énorme de missiles à l'intérieur du camp des réfugiés. Des centaines de missiles. Toute l'escadrille fut mobilisée pour ces opérations, y compris des réservistes. (...) Pendant les combats, il y avait toujours au-dessus de Jénine deux Cobra prêts à lancer un missile vers la maison indiquée par le QG en bas (...). Les ́ ́combattants volants ́ ́ ne jureront pas que leurs missiles n'ont pas touché des civils. (...) Ce n'est pas difficile d'imaginer ce qui se passe à l'intérieur des maisons après tout ce qu'on a tiré dessus, dit un réserviste qui requiert l'anonymat. (...) Pendant le couvre-feu, il y avait des ́ ́patrouilles violentes ́ ́. Un char ́ ́galopait ́ ́ dans les rues désertes, écrasait tout ce qu'il trouvait sur son chemin et ouvrait le feu sur ceux qui violaient le couvre-feu. (...) Une nuit, j'ai monté la garde (dans un appartement dans lequel nous nous étions installés). Toute la nuit j'ai entendu une petite fille qui pleurait. Là-bas, il s'est produit une déshumanisation. Certes, nous avons subi un feu nourri, mais, en revanche, nous avons effacé une ville.» (5) Comme rapporté par le journal Yediot Aharonot, le grand nombre de victimes palestiniennes a choqué, en Israël, tous ceux que révulse la politique de force du gouvernement, mais aussi tous ceux qui redoutent que l'image de l'Etat juif en sorte ternie.(...) Lors de conversations à huis- clos, Pérès a qualifié l'opération de ́ ́massacre ́ ́.» (5) Le calvaire de Ghaza:l'opération «Plomb durci» On se souvient que le gouvernement de Sharon s'est retiré unilatéralement de la bande de Ghaza en 2005. Depuis, l'armée israélienne n'a cessé de bombarder Ghaza pour répondre aux tirs de roquettes Azzedine El Quassam contre la ville voisine de Sderot. Le point d'orgue de ces opérations meurtrières est l'opération «Plomb durci». Robert Bibeau décrit d'une façon saisissante comment l'enfer s'est abattu sur Ghaza, notamment en terrorisant les enfants. Nous lui donnons la parole: «Le soleil s'était levé tôt ce matin là, vers 11 h 30 il frappait dru dans un ciel sans nuage au-dessus de Ghaza l'indomptable. Ce samedi 27 décembre 2008, une «panzer division» blindée se mit en marche suivie par une division d'infanterie, une escadrille d'avions de chasse F-16 rugit dans le ciel et des détachements d'hélicoptères de combat Apache frappaient l'air de leurs palmes effrayantes, des escadrons aéroportés des Forces de «défense» d'Israël (FDI) se lancèrent elles aussi, courageusement, à l'assaut des misérables faubourgs de Ghaza» (6) «Le calvaire des Palestiniens»: le coeur du problème c'est l'humanité C'est par ces mots que Ramzy Baroud nous relate la lecture d'un ouvrage sur la Palestine: Il écrit: «Quand j'ai trouvé un exemplaire du dernier livre de William A. Cook, The Plight of the Palestinians (Le calvaire des Palestiniens) dans ma boîte à lettres, j'ai ressenti un peu d'inquiétude. Rassemblant le travail de plus de 30 grands écrivains, ce manuel est celui qui aborde à mon sens le calvaire des Palestiniens de la façon la plus claire à ce jour. De l'introduction de la plume même de Cook The Untold Story of the Zionist Intent to Turn Palestine into a Jewish State (L'Histoire cachée du projet sioniste de transformer la Palestine en un état juif), jusqu'au résumé des crimes d'Israël de Francis Boyles Israel's Crimes against the Palestinians, le lecteur est convié à un voyage extensif qui le conduit tout au long de l'histoire de la Palestine d'avant et après la Nakba, la Catastrophe de 1947-48. La photo de couverture était significative: un vieil homme à la barbe blanche et à l'air doux qui aurait pu être n'importe quel grand-père palestinien ou du Moyen-Orient caresse avec affection les cheveux d'un petit enfant. Les deux personnages sont accroupis devant une petite tente. Al-Nakba venait de les frapper, et les deux Palestiniens séparés par deux générations mais qui vivent le même drame ont l'air épuisé et hagard. Cependant, d'une certaine manière le grand-père fait valoir avec détermination son droit d'aimer son petit-fils. Le refus de renoncer à son humanité a été le fer de lance de la lutte et de la résistance du peuple palestinien contre le cruel système d'occupation et d'oppression, pendant presque 63 ans. (...) La tragédie humaine est décrite dans toute sa réalité dans la première partie du livre. A chaque paragraphe, le lecteur se trouve confronté a des épisodes sanglants.(...) ́ ́Le Calvaire des Palestiniens ́ ́ est un livre qui relate une longue histoire de destruction en semant les graines de compréhension si nécessaires à l'avènement d'un changement significatif et durable.» Epuration ethnique et Nakba: génocide au ralenti La Nekba n'est pas tombée du ciel, elle a été minutieusement préparée. L'idée de nettoyage ethnique en Palestine n'est pas née subitement en mars 1948. Elle est l'aboutissement d'une longue évolution devenue évidente dans les années 1930. Nous lisons sur le site membres multimania.fr: «Sous prétexte de réaliser un inventaire de toutes les terres susceptibles d'être acquises par le Fonds national juif, les sionistes ont constitué des dossiers très complets sur tous les villages palestiniens. Dans son ouvrage publié sur le site de Global Research, Stephen Lendman écrit: «Il y eut des destructions de maisons, de villages et de récoltes, des viols et d'autres atrocités. On massacra des civils sans défense, femmes et enfants; on ne fit pas de quartier. Ces crimes ne sont jamais mentionnés dans l'historiographie officielle expurgée. On n'y trouve que le mythe des Palestiniens quittant volontairement le pays et craignant les représailles des armées arabes venues envahir Israël. Ces mensonges ont pour but de couvrir les crimes israéliens que les Palestiniens appellent Nekba' (catastrophe ou désastre).» (7) 200 villageois furent assassinés par la Haganah, l'armée régulière, huit jours après la proclamation de l'Etat juif. Ce massacre, plus tabou encore que celui de Deir-Yassine, a été ́ ́révélé ́ ́ en 2000 par Teddy Katz, de l'Université de Haïfa. A Dawaimeh, le pire de tous les massacres israéliens, plus de 450 civils palestiniens ont perdu la vie en octobre 1948. Ilan Pappé écrit à ce propos: ́ ́Les soldats juifs qui ont pris part au massacre ont rapporté les horreurs: bébés au crâne fracassé, femmes violées ou brûlées vives dans les maisons, hommes poignardés... ́ ́ Quant aux Britanniques, ils ont laissé faire. Ilan Pappé parle de ́ ́passivité complice ́ ́». (7) L'avenir des Palestiniens est plus que jamais sombre. Le fait accompli commence à être reconnu comme irréversible. Les Palestiniens continueront à vivre dans la peur et le déni de dignité. Les arbalètes du Hamas sont plus des sursauts de dignité qu'une réelle puissance. Les Etats-Unis se sont retirés. Les Arabes s'étripent et Israël tourne le dos au droit international et à la dignité humaine. 1.Younès Ararhttp://www.mondialisation.ca/ commemoration-du-massacre-de-deir-yassin-hommage-aux-martyrs-documentaire-the-agony/5330836 11 avril 2013 2. Le massacre de Deir Yassine. Encyclopédie Wikipédia 3.http://www.alterinfo.net/Einstein-et-Bricmont-sur-l-imposture-sioniste_a50176.html 26 09 2010 4. Sandrine Mansour: Le massacre de Kibya: octobre 1953 http://www.france-palestine.org/article237.html 13 mars 2004 5.http://www.mondediplomatique.fr/2002/05/KAPELIOUK/16488 Yediot Aharonot, 19 avril 2002 6.http://www.robertbibeau.ca/palestine/edito9102010.html 10.10.2010 7. http://membres.multimania.fr/wotraceafg/ conflit_pal_isr.htm.