La situation générale en Palestine à la veille du massacre L'affreux massacre des paisibles habitants palestiniens de cette petite agglomération de Deir Yassin a eu lieu au moment où la Grande-Bretagne gouvernait encore le pays quoique son mandat arrive bientôt à sa fin, puisqu'il devait se terminer le 15 mai 1948. En effet, les autorités anglaises estimaient, sans le reconnaître, bien sûr, qu'il était temps de quitter le pays après avoir facilité l'implantation des juifs et encouragé leur immigration depuis la fin de la Première Guerre mondiale (1914-1918) et la fameuse «déclaration Balfour» en faveur du mouvement sioniste mondial. On se rappelle que ce ministre anglais (1848-1930) avait informé les leaders juifs de l'intention du gouvernement britannique de permettre aux juifs de constituer un foyer national dans cette terre arabe et de leur fournir toute l'aide nécessaire pour la concrétisation de ce vœux depuis le congrès de Bâle (1897). D'ailleurs, le premier gouverneur anglais chargé du mandat était un Anglais d'origine juive, Herbert Samuel. Au fil des années, les juifs affluaient en Palestine de toutes les parties du monde, mais surtout des pays de l'Europe centrale et orientale et de la Russie devenue l'URSS après la Révolution bolchevique et l'instauration du régime communiste. De quelques milliers de résidents dans le premier quart du XXe siècle, le nombre des juifs augmentait de façon sensible pour atteindre quelque 700 000 individus avant la fin du mandat britannique. Entre-temps, ils avaient acquis des terres par l'achat ou par la contrainte, fondé des fermes et des centres agricoles (kibboutz), érigé des établissements scolaires pour leurs enfants, des quartiers d'habitation etc. Toute cette politique se pratiquait sous l'œil bienveillant des autorités anglaises et avec leur complaisance, sinon leur aide directe. Parallèlement à cela, les juifs sionistes s'évertuaient à constituer des milices armées – soit-disant pour se défendre contre les Arabes — et des groupes comprenant des éléments puissamment outillés et formés spécialement dans l'optique de perpétuer des actions «ponctuelles» contre des populations innocentes et qui ne demandaient qu'à vivre en paix. Ces troupes terroristes avaient intégré les organisations clandestines comme la Haganah, l'Irgoun et le groupe Stern. De nombreux dirigeants de l'Etat d'Israël, qui fut constitué après le départ des Britanniques à la fin de leur mandat, étaient des terroristes et des chefs de ces associations criminelles. Citons : Menahem Bégin, Moshe Dayan, Yitzhak Shamir, Sharon et tant d'autres encore). Ces individus et leurs consorts de triste mémoire et sans foi ni loi avaient commis des crimes innommables contre les villageois palestiniens auxquels ils s'attaquaient librement, sûrs de l'impunité et de la protection de l'administration anglaise amie leur complice. La liste des attaques terroristes des hommes armés sionistes est très longue pour être évoquée dans ce modeste article mais leurs victimes se comptent par milliers. Il suffit de se rappeler qu'en très peu d'années, les immigrants juifs avaient mis la main sur la plupart des terres agricoles arrachées aux Palestiniens qui étaient chassés manu militari et contraints à un exode massif vers les territoires voisins. Déjà, l'institution mondiale, qui avait vu le jour à l'issue de la Grande guerre, avait essayé d'étouffer le conflit latent qui couvait en mettant au point des projets de partage de la Palestine. Chaque fois, la part qui devait revenir aux sionistes voyait son pourcentage augmenter aux dépens des autochtones jusqu'au plan de partage d'octobre 1947 qui fut définitivement adopté. Les autorités anglaises usant de l'hypocrisie décrétèrent que la situation était devenue ingérable pour eux devant la grave détérioration du climat politique et social qui caractérisait le pays. Affirmant qu'elles ne contrôlaient plus le cours des événements, elles annonçaient leur retrait de la Palestine et leurs intentions de remettre leur mandat à l'Organisation des Nations unies (ONU) – qui avait remplacé la Société des nations (SDN) – le 15 mai 1948. Le village de Deir Yassine Deir Yassin était un modeste village habité en totalité par des Palestiniens. Il était situé dans la partie octroyée par le plan de partage de 1947 à une petite distance de la ville sainte d'El Qods (à l'ouest) et qui n'excède pas cinq kilomètres. Il était construit sur le flanc d'une petite montagne qui s'élevait d'une hauteur de 800 mètres environ. Ses maisons, au nombre de 144 au moment du terrible massacre, s'étendaient sur les côtés, entourées par des jardins d'arbres fruitiers et de pins. Tous ces terrains s'étendaient sur une superficie à peu près de 285 hectares que les habitants essayaient tant bien que mal d'exploiter pour subvenir à leurs besoins immédiats. Au moment des faits, ce village comptait entre 700 et 1 200 âmes, tous des musulmans, selon les sources, et leurs relations avec les habitants juifs du village voisin étaient tout à fait ordinaires. La petite agglomération était reliée à la ville trois fois sainte par une route goudronnée et entourée de nombreux autres villages arabes ainsi que par des colonies sionistes dans toutes les directions. La place n'avait aucune valeur stratégique ou importance particulière qui aurait pu expliquer l'acharnement des éléments armés juifs à massacrer les habitants. Selon certains analystes, les motivations des organisations sionistes pour l'attaque de ce village étaient stratégiquement insignifiantes mais, dans leur haine, les terroristes voulaient surtout montrer qu'ils sont eux aussi capables de rivaliser dans l'occupation d'un village arabe comme le faisait la Haganah rivale dans des opérations du même genre ailleurs (opération Nahshon dans la nuit du 2 au 3 du même mois). C'est pour cela que le massacre de Deir Yassin peut être considéré comme un exemple vivant de l'application du plan de nettoyage ethnique (plan secret Deleth) dans une tentative de vider la terre palestinienne de ses habitants authentiques et permettre aux juifs de les remplacer et d'en faire leur «foyer national». Le principe de ce plan était «la destruction de toutes les ‘bases ennemies' jugées stratégiques, que tous les villages aux alentours étaient considérés comme des bases ennemies (des sionistes ) et que la destruction d'un village implique bien d'en chasser les habitants». Mais comme cela a été révélé plus tard, la destruction de ce village martyr et l'évacuation de ses habitants avaient aussi pour but immédiat la construction d'un terrain d'aviation qui desservirait les habitants juifs cernés de Jérusalem et les réunirait aux juifs de Tel-Aviv. Les agresseurs avaient également justifié la tuerie innommable, en affirmant effrontément que Deir Yassin était devenu un point de concentration pour les Palestiniens, les Syriens et les Irakiens, qui voulaient attaquer les banlieues juives se trouvant à l'ouest de la sainte ville ( ! ). La terrible tuerie du 9 avril 1948 C'est ainsi que les deux organisations (Irgoun et Lehi) réunissent un contingent de 120 éléments criminels pour lancer une attaque surprise brutale contre le village et l'investir très tôt à l'aube. Ils étaient aussi épaulés par de leurs amis de la Haganah, du groupe Stern et d'un groupuscule appelé Palmach qui prendront également part aux opérations, après la vive résistance opposée par les défenseurs du village équipés de vieilles armes. Mais leur résistance leur a permis quand même de faire cinq morts et plusieurs blessés parmi les assaillants juifs. Ces derniers avaient utilisé plusieurs types d'armes (mortiers, fusils d'assaut, entre autres) dans l'espoir de faire cesser la riposte palestinienne. Mais ces tirs étaient sans effet et la lutte continua même après que le reste du village a été pris ou que les villageois se soient rendus. Lors du ratissage de l'après-midi, les terroristes de l'Irgoun et du Lehi entraient dans les maisons une par une, les nettoyant souvent à la grenade et massacrant tous ceux qui s'y trouvaient sans distinction. Ils avaient fait également sauter plusieurs maisons à l'explosif. Les forces des bandes sionistes dynamitèrent les maisons de Deir Yassine. Elles mirent la main sur le village, après avoir fait exploser toutes ses maisons, l'une après l'autre. Les sanguinaires portaient même des vêtements arabes pour piéger les habitants et annihilier toute résistance. Ils volèrent les vêtements et toutes les affaires de leurs victimes. Pour ceux qui ne purent s'échapper, même des blessés, au nombre de deux cents, les criminels les emmenèrent dans des camions après les avoir déshabillés et malmenés, à travers les quartiers juifs sous toutes sortes d'humiliations. La presse et différents commentateurs rapportèrent, alors, le nombre de 254 victimes palestiniennes en quelques heures ! Ce massacre avait eu des répercussions importantes sur l'exode des habitants pris de panique et désespérés devant l'absence de protection de la part des Anglais et l'attentisme des dirigeants arabes des pays voisins pour intervenir rapidement et efficacement afin de leur apporter aide et soutien effectif. Mais aucune aide n'arriva au village et ce n'est qu'à la fin de l'après-midi, quand les premiers réfugiés -- des femmes et des enfants -- arrivaient à El Qods que l'armée britannique fit mine d'intervenir. C'était bien trop tard car le terrible massacre d'une brutalité inouïe avait fait 254 victimes civiles, bien que certaines sources pro-israéliennes minimisent ce chiffre pour l'évaluer aux alentours de 100 à 120 personnes en majorité des femmes et des enfants. En septembre de la même année, des immigrés juifs orthodoxes de Pologne, de Roumanie, et de Slovaquie ont y été installés dans le site du village arabe complètement rasé (comme de centaines d'autres villages palestiniens). Lors de l'expansion d'El Qods, Deir Yassine est devenue une partie de la ville et est maintenant connue tout simplement comme le secteur entre Givat Shaul et la colonie d'Har Nof sur les pentes ouest de la montagne. Témoignages sur le massacre de Deir Yassin Témoin du massacre, un consul d'une grande puissance avait écrit ceci: «Ils (les sionistes armés) coupaient les membres des enfants et cassaient leurs côtes. Sharon (plus tard Premier ministre !) pratiquait des massacres plus affreux que ceux d'Hitler, et que ceux de tous les dictateurs de l'Histoire que l'humanité n'ait jamais connus. Il rassemblait les membres masculins des enfants pour les montrer avec fierté aux chefs de Haganah.» Un colonel sioniste, Meir Païl, témoin du massacre, l'avait relaté dans les termes suivants : «Il était midi quand la bataille se termina. Le calme régnait mais le village ne s'était pas rendu. Les irréguliers de l'Irgoun et du Stern sortirent de leurs caches et commencèrent les opérations de nettoyage. Faisant feu de toutes leurs armes, ils balançaient également des explosifs dans les maisons. Ils abattirent, ainsi, toutes les personnes qu'ils y trouvèrent, y compris les femmes et les enfants. Par ailleurs, près de vingt-cinq hommes qui avaient été sortis de chez eux furent chargés dans un camion et exposés, à la romaine, à travers les quartiers de Mahahneh Yehuda et Zakron Josef. Après quoi, ils furent emmenés dans une carrière de pierre et abattus de sang-froid.» Les réactions internationales Ce terrible massacre accompli de sang-froid avait suscité l'indignation de la communauté internationale qui le condamna unanimement mais aucune action concrète ne fut entreprise contre les organisations sionistes criminelles. Cette sauvage tuerie eut un effet durable dans la précipitation de l'exode palestinien et cette atrocité déclencha la fuite panique des villages et des villes chez les Arabes de Palestine et elle un facteur décisif d'accélération dans l'évacuation générale de plusieurs régions. En tout 700 000 habitants au moins quittèrent le pays les années suivantes pour se réfugier ailleurs, dans le dénuement total et dans des conditions de vie précaires. Mais cela malgré tout poussa les États voisins à s'engager dans la future bataille et venir à l'aide des Palestiniens après la proclamation l'entité sioniste le 15 mai 1948. Cette proclamation a été suivie de plusieurs guerres entre cet Etat terroriste au sens propre du mot et les Etats arabes voisins (1956, 1967 et 1973, pour ne citer que quelques-unes), conflits qui tournèrent toujours en faveur des sionistes pour des raisons diverses. Les agressions israéliennes contre eux ne cessèrent pas, d'ailleurs, ainsi que les massacres terribles, comme celui auquel le monde a assisté en direct au début de ce mois de janvier 2009.