Rompus et aguérris dans le domaine de l'arnaque, les Libanais ne sont pas à leur premier «coup» en Algérie. Incroyable, mais vrai! Un projet d'environ 100 millions de dollars naît avec un permis de construire caduc. Mort. Délivré le 29 janvier 2008, le permis de construire attribué par l'APC de Bab Ezzouar, dont nous détenons une copie, est bel et bien caduc! La durée de vie d'un permis de construire est de trois ans. C'est la loi algérienne qui le stipule. Caduc depuis janvier 2011, soit il y a plus de deux ans maintenant; le permis de construire n'a subi ni actualisation, ni modification. Pourtant, en 2008 déjà, les services de la Protection civile, avaient émis leur avis avec la prescription de transmettre pour approbation de l'ensemble des dossiers techniques (plans et notes de calculs), à savoir le dossier de désenfumage, réseaux incendie et le système de sécurité incendie. Le lot le plus important, c'est-à-dire qui touche à la structure de taille, le désenfumage (installations de moteurs, passages de gaines...), nécessite l'approbation en amont, afin d'éviter des transformations et des retombées architecturales néfastes sur le bâtiment en question. Tous ces détails techniques vont ouvrir la trappe pour tuer le projet du futur siège de la compagnie Air Algérie. Le maître de l'ouvrage (Air Algérie) et le maître de l'oeuvre (le bureau d'études libanais Khatib et Allami), sont dans l'obligation d'installer ces systèmes et notamment celui du désenfumage conformément à la législation et la réglementation en vigueur (ordonnance 76-04 du 2 février 1976 et le décret 76-35 portant règlement de sécurité contre les risques d'incendie et de panique dans les immeubles de grandes hauteurs). Or, les services de la Protection civile sont catégoriques: aucun dossier n'a été déposé dans ce sens. La question qui se pose est: pourquoi le dossier des équipements de sécurité n'est pas transmis à la Protection civile jusqu'à ce jour pour approbation malgré le fait que l'avis de cette dernière est donné depuis 2007 lors de l'attribution du permis de construire? La démarche permettra d'éviter des travaux supplémentaires, gros oeuvres et aménagements qui gonfleraient la facture du coût de ce nouveau siège. Du coup, les retards dans la réalisation sont immenses. En temps normal, comme ce fut le cas des différents dossiers du même type, un responsable de la Protection civile, qui a tenu à garder l'anonymat, souligne: «Après l'approbation du permis de construire, le maître de l'ouvrage, par le biais d'un bureau d'études spécialisé, élabore des études de sécurité des différents systèmes conformément à la notice de sécurité de l'ouvrage validé par les services de la Protection civile lors de l'examen du dossier du permis de construire.» Une fois ces dossiers reçus par la Protection civile, cette dernière donne son avis et son approbation. Ensuite, il revient à l'entreprise d'appliquer les mesures et les orientations dictées par l'étude. «De préférence, l'envoi de ces dossiers doit se faire avant l'installation de ces équipements afin d'éviter des avis contradictoires avec la réalité de l'exécution», nous explique la même source de la Protection civile. «Cette démarche n'a pas été respectée jusque-là par le maître de l'ouvrage, à savoir Air Algérie, pour le futur siège de sa direction, sachant que la Protection civile traite dans ce genre de cas avec le maître de l'ouvrage et non avec le maître de l'oeuvre, à savoir le bureau d'études Khatib et Allami», ajoute la même source. A la question portant sur les modifications qu'ont subies les plans du bâtiment, notre source reste perplexe. «Il se peut que la première étude soit mal faite (non prise en considération de l'ensemble des préoccupations du maître de l'ouvrage), d'où le nouvel ordonnateur du maître de l'ouvrage a procédé selon sa propre politique», explique la source, ajoutant que «normalement, l'architecte doit rendre compte des réserves techniques. En principe, juste après la finalisation de l'avant-projet détaillé (APD), le dossier technique doit être attribué à un bureau technique pour sa réalisation... chose qui ne s'est jamais faite!» Comment qualifier le fait qu'une entreprise de réalisation ait entamé les travaux à base de plans incomplets et inadaptés, voire ne comportant même pas les réservations en termes de système de désenfumage à titre d'exemple? Une chose est sûre, «il n'y a pas eu de consultation en amont dans ce projet de la part du maître de l'ouvrage, et c'est tout l'indice qui démontre la marge du hasard qui caractérise ce projet!», regrette notre source.