Nessma a officiellement lancé hier son bouquet vers le Maghreb, mais au-delà du coup de marketing, le groupe Karoui, qui dirige seul cette entreprise est en train de tirer ses dernières cartes dans un paysage audiovisuel algérien de plus en plus serré. Comment le groupe a-t-il envisagé son retour sur scène? En réalité, les choix stratégiques de cette chaîne sont faits à l'aveuglette, au gré de l'air du temps et sont livrés aux caprices et changements d'humeur de son patron: Nebil Karoui. Il ne s'agit pas de décisions mûrement réfléchies et étudiées. Nessma verte sera la copie exacte de Nessma rouge. Les programmes «jak el marsoul», «grand sbitar»... seront diffusés sur les mêmes chaînes, à des heures et jours différents. Il s'agit seulement d'un changement d'emplacement sur la grille. Un peu comme l'Entv terrestre et A3. La chaîne algérienne sera agrémentée de quelques petites capsules, de 26 minutes maximum, confectionnées par les soins de la maigre rédaction du bureau d'Alger, composée de trois journalistes, et qui occupent toujours un chalet exigu dans le jardin de la villa qui abrite l'agence K&K. La grille de lancement sera principalement une grille de rediffusion avec «Memnour Lerdjal» et «Ness Nessma» depuis les numéros de 2009, Nebil Karoui l'a affirmé lors d'une conférence de presse à Tunis, les comptes-rendus sont disponibles sur le Net. Ce qui est sûr, c'est que la situation financière de la chaîne ne s'est pas améliorée et que la crise commence à gagner Alger, alors que ce bureau était connu pour engranger les plus grosses recettes publicitaires pour combler les déficits de la maison mère. Comment vendre une grille publicitaire de rediffusion et à des prix exorbitants alors qu'Echourouk TV et Ennahar TV affichent des prix défiants toute concurrence. Ces chaînes offrent un package à des prix dérisoires aux clients qui achètent des pages de pub sur leur journal avec de multiples rediffusions. Pas de pub, signifie pas d'argent. Cette situation financière étouffante a poussé le patron de la chaîne à se séparer de ses nombreuses icônes, à cause de leurs salaires élevés, et donc à se séparer de nombreuses personnes compétentes, parfois sur des coups de tête. Quant aux programmes marocains, ils sont inexistants, pour la simple raison que le bureau de Casablanca n'existe pratiquement plus, après la démission de tous ses journalistes et chargés de production, l'année dernière, pour cause de chômage technique. Tous les programmes marocains (reportage, revue de presse, émission, retransmission de match) ont été suspendus à la fin de l'année dernière à cause des problèmes financiers. Il ne reste plus qu'une directrice au bureau de Nessma à Casablanca. Il ne sera donc pas facile de prendre sa part du gâteau de la publicité. L'entreprise est risquée, d'autant plus qu'une rumeur circule, depuis quelques jours à Alger, sur une rupture de contrat entre un important opérateur et K&K. Si cela se confirme, c'est un énorme coup porté aux frères Karoui, l'opérateur étant leur plus gros client, celui grâce auquel les deux frères ont bâti une partie de leur fortune. Nebil Karoui donnera une conférence de presse à Alger mercredi et contrairement à ses habitudes, il conviera seulement quelques journalistes triés sur le volet par la nouvelle équipe de communication dans une salle de l'agence K&K- à Hydra. Fini l'opulence et l'époque des conférences dans les grands hôtels d'Alger, retour sur terre et surtout discrétion totale sur le chantier algérien de K and K. [email protected]