Le leader islamiste, désormais réfugié à l'étranger, prévoit en outre un regain de violence sans précédent. Loin de se laisser démonter par les protestations algériennes concernant sa présence à la table du souverain saoudien en dépit des interdictions dont il fait l'objet, Abassi Madani, est au contraire revenu à la charge dans une sortie d'une extrême virulence à nos confrères de l'Agence de presse française. Il a ainsi prévu sans coup férir que l'élection présidentielle d'avril allait attiser la violence en Algérie. «Celui qui sera élu en avril aura la caution de l'armée», influente dans la vie politique en Algérie, «et sa mission sera d'enfoncer davantage le pays dans la violence», a-t-il, en effet, déclaré à partir de l'Arabie Saoudite, où il continue de séjourner en dépit des protestations officielles de la diplomatie algérienne auprès des autorités de Riyad. Renouant avec la virulence de langage qui avait fait jadis les «beaux jours» du parti-dissous, son ancien président a poursuivi son «analyse» pour dire que «l'actuel régime a perdu les raisons de son maintien. Il touche à sa fin car (...) il n'a plus de légitimité et il fonde son autorité sur la force». Abassi, au passage, tente de dédouaner les groupes islamistes armés, tentant sans trop y croire lui-même que c'est le pouvoir qui serait responsable d'une bonne partie de ce qui s'est passé durant cette sombre décennie. Le sujet de la présidentielle, qui n'a pas manqué d'être soulevé, lui a permis, présume-t-on, de se placer en faux des analyses de ses pairs, basés à l'étranger et à Alger qui avaient annoncé, vouloir se prononcer sur cette question en temps opportun sans donner l'air de vouloir s'en démarquer de façon aussi virulente que vient de le faire Abassi. Ce dernier rejette catégoriquement toute idée d'aller vers un scrutin «sous l'état d'urgence.» Menaces à peine voilées ou simple analyse politique, Abassi madani estime que les personnalités algériennes qui présenteraient leurs candidatures à la présidence «vont le regretter.» Il s'en explique en remettant sur le tapis son initiative de sortie de crise qui avait eu pour seul effet de passer absolument inaperçue. C'est ce qui explique, peut-être, le fait que l'ancien leader du Fis-dissous adopte désormais un ton si peu conciliant avec les pouvoirs publics, auxquels il prétend avoir transmis son document. Ce dernier, qui tient sur trois pages, propose un report de l'élection présidentielle d'avril, un cessez-le-feu, une nouvelle assemblée constituante et un référendum sur une Constitution pour contenir la crise algérienne. L'ancien responsable islamiste algérien a également profité de cette sortie médiatique pour s'expliquer par rapport au grand tapage médiatique qui avait accompagné son apparition à la télévision parmi les convives du souverain saoudien. Il a ainsi rejeté les protestations de diplomatie algérienne. «La rencontre avec le roi Fahd est légitime, car nous entretenons depuis longtemps des relations avec l'Arabie Saoudite.» Il ajoute que «L'Arabie Saoudite a été le premier pays à avoir porté la cause algérienne devant l'Assemblée générale de l'ONU dans les années 50.» Il rappelle en outre, qu'il avait mené en 1990, «à la demande de Riyad», une médiation auprès de l'ancien président irakien, Saddam Hussein, après son invasion du Koweït en 1990 pour éviter la guerre, cheikh Madani a accusé les dirigeants algériens de «vouloir nous isoler de la nation islamique.» «Leurs agissements sont contraire à l'unité des musulmans», a-t-il dit, défendant, par ailleurs, son «droit, en tant que musulman, à effectuer le pèlerinage à la Mecque». «Leurs protestations sont une violation des droits de l'Homme». Ce genre d'explications, pas loin d'être assimilable à de simples lieux communs, ne dit pas comment il s'est retrouvé à la table du roi Fahd, ni pourquoi les autorités saoudiennes gardent un silence, soit gêné, soit orgueilleux, par rapport aux véhémentes protestations algériennes.