Des armes chimiques ont-elles été utilisées en Syrie et par qui? Les Etats-Unis ont estimé, jeudi, que le régime syrien avait probablement utilisé des armes chimiques, tout en soulignant que leurs renseignements n'étaient pas suffisants pour avoir la certitude de franchissement de la «ligne rouge». L'opposition syrienne a réclamé hier une intervention urgente des Nations-unies après que Washington ait annoncé pour la première fois que le régime de Bachar al-Assad avait probablement utilisé des armes chimiques contre les rebelles. Cependant les Etats-Unis ne semblent pas sur le point de lancer une action militaire en Syrie, après leur mésaventure en Irak, où leur soldats n'ont jamais trouvé les prétendues armes de destruction massive, et leur difficulté à sortir du bourbier afghan. «La France et la Grande-Bretagne assurent posséder des informations sur l'usage d'armes chimiques et maintenant les Etats-Unis disent la même chose. Il est temps que le Conseil de sécurité de l'Onu agisse», a affirmé un responsable de la Coalition de l'opposition. «L'ONU doit enquêter immédiatement sur ce sujet et si elle trouve des preuves d'un tel usage elle doit agir immédiatement en imposant au moins une zone d'exclusion aérienne» pour l'aviation syrienne, a souligné ce responsable. «La paralysie du Conseil de sécurité sur le dossier syrien ne peut pas servir d'excuse à l'Onu pour ne pas agir», a-t-il ajouté. Le Conseil de Sécurité est incapable d'agir depuis le début de la révolte en Syrie en mars 2011 en raison de ses divisions internes, car si les Occidentaux soutiennent la rébellion, la Chine et surtout la Russie veulent que le Conseil agissent dans la légalité du droit international. «Si le Conseil de sécurité ne peut pas surmonter sa paralysie, alors il faut demander à d'autres organisations comme l'Otan d'intervenir», estime cet opposant. Israël a appelé les Etats-Unis à intervenir militairement pour «prendre le contrôle des arsenaux d'armes chimiques syriens». Les Etats-Unis ont estimé pour la première fois jeudi que le régime syrien avait probablement utilisé des armes chimiques, tout en soulignant que leurs renseignements n'étaient pas suffisants pour avoir la certitude que Damas avait franchi la «ligne rouge» tracée en août par Washington. «La communauté américaine du renseignement conclut, avec différents degrés de certitude, que le régime syrien a utilisé des armes chimiques à petite échelle en Syrie, en particulier du sarin», a déclaré le secrétaire à la Défense Chuck Hagel à Abou Dhabi. Cela ne signifie pas qu'une intervention militaire est en préparation. «Les analyses des services de renseignements n'entraînent pas automatiquement des décisions politiques. C'est important de le noter dans ce cas», a indiqué un haut responsable accompagnant M.Hagel. La Maison Blanche a ensuite confirmé avoir communiqué cette évaluation à des élus du Congrès, mais que les indices ne constituaient pas encore une preuve formelle à ses yeux. A Londres, le Premier ministre britannique David Cameron a jugé hier qu'il s'agissait d'une escalade «extrêmement grave et d'un crime de guerre» de nature à encourager la communauté internationale à «faire davantage», tout en excluant une intervention militaire. «Nous pouvons augmenter la pression sur le régime, travailler avec nos partenaires, travailler avec l'opposition afin de trouver la bonne solution», a-t-il dit. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a «renouvelé son appel urgent» au gouvernement syrien pour qu'il autorise une équipe de l'ONU à enquêter sur ces accusations, a indiqué jeudi son porte-parole, précisant que «la mission d'enquête est prête à se déployer dans les 24 à 48 heures», dès qu'elle aura le feu vert de Damas. L'ONU a nommé le 26 mars le professeur Ake Sellström, un scientifique suédois, pour diriger l'équipe. Damas et l'opposition armée s'accusent mutuellement d'avoir employé ce type d'armes.